Manager la santé des artistes : musiciens, danseurs, chanteurs, circassiens
3. Donner aux artistes les moyens de se réaliser dans le travail
Restaurer des espaces de discussion et d’autonomie dans le travail
L’image de l’artiste et du travail d’artiste est en général corrélée à la passion, au plaisir, au choix, à la liberté. Pourtant ces sentiments, ces facteurs ne sont pas toujours présents au quotidien chez les artistes. Ils subissent comme tout un chacun les contraintes des organisations, du management, et les contraintes interrelationnelles ; le plaisir, la passion, la liberté ne sont pas toujours là pour favoriser l’épanouissement et la santé de l’artiste.
La pression de modes d’organisation tayloristes que l’on trouve aussi dans des organisations artistiques peut donner aux salariés le sentiment de ne pas être maîtres de leur activité : le risque est de ne pas permettre l’implication personnelle et la mobilisation des savoir-faire, qui sont pourtant des leviers non seulement de bien-être mais aussi d’une bonne efficacité. Les conditions sur le marché du travail introduisent une pression supplémentaire, ne permettant pas aux salariés de changer d’activité ou d’employeur comme ils le souhaitent, mais plutôt au gré de la nécessité. Le burn out n’est ainsi pas si rare chez les artistes, très investis dans leur pratique, mais en prise au quotidien avec une réalité moins enthousiasmante. Cela est vrai pour les artistes, un tel va accepter un contrat de travail plus sûr, mais qui ne correspond pas à ses goûts, aux modèles qu’il s’est fixés, tel autre va se trouver dans un système où les marges de manœuvre sont très faibles, tel autre encore se retrouve avec une pression extraordinaire.
Aider aux transitions professionnelles est un levier de limitation du stress. Généraliser les espaces de discussion sur les pratiques professionnelles, les possibilités de médiation sur des bases managériales claires. Mais ces espaces n’existent pas pour les artistes et elles sont à inventer. Internet permet des discussions, mais rien ne remplacera les relations directes, des groupes de réflexion pluridisciplinaires et également thématiques devraient être mis en place pour les artistes avec un pilotage organisé.
Systématiser les marges d’autonomie dans l’organisation, y compris dans l’application des process et dans les métiers les plus répétitifs et contraints. Permettre des évolutions de carrière, des mutations d’activité, pourquoi pas, mais les artistes, notamment pour les activités qui ont nécessité de long apprentissage, au dépens parfois d’une formation générale, hésitent et malgré une perte de désir et parfois de travail également ont beaucoup de difficulté pour changer d’activité. Les fédérations syndicales, devraient avec les employeurs et les politiques, travailler sur ce thème afin de mettre en place des systèmes de reconversions souhaitées et parfois imposées par un problème de santé.
- 1. Impliquer l'ensemble des managers
- 2. La santé ne s’externalise pas
- 3. Donner aux artistes les moyens de se réaliser dans le travail
- 4. Impliquer les partenaires sociaux dans la construction des conditions de santé
- 5. La mesure induit les comportements
- 6. Préparer et former les managers au rôle de manager
- 7. Ne pas réduire le collectif de travail à une addition d’individus
- 8. Anticiper et prendre en compte l’impact humain des changements
- 9. La santé au travail ne se limite pas aux frontières de l’entreprise artistique
- 10. Ne pas laisser le sujet, l'artiste, seul à ses problèmes