COVID-19, Adaptation et déstabilisation des relations interpersonnelles dans la musique et le sport pendant le confinement

2.1. Participants

La présente étude a porté sur douze dyades d'enseignants-élèves ou d'entraîneurs-athlètes. Au total, 18 personnes (12 hommes et 6 femmes) ont été recrutées : six musiciens et leurs trois enseignants et six athlètes et leurs trois entraîneurs se sont portés volontaires pour participer à l'étude. Leur âge variait entre 21 et 62 ans, avec une moyenne de 33,50 ans (ET = 10,45). Les musiciens, les athlètes et leurs professeurs et entraîneurs respectifs travaillent ensemble depuis 4 ans en moyenne. Les professeurs de musique et les musiciens jouaient de la trompette (1 professeur, 2 trompettistes), du violon (1 professeur, 2 violonistes) et de l'alto (1 professeur, 2 altistes). Les entraîneurs et les athlètes participaient aux trois sports individuels que sont la natation (1 entraîneur, 2 nageurs), la course à pied (1 entraîneur, 2 coureurs) et le tennis (1 entraîneur, 2 joueurs). Ces spécialités ont été choisies en fonction de leur niveau d'expertise. Les musiciens en étaient à leur dernière année de maîtrise en musique dans un conservatoire de musique et gagnaient leur vie grâce à la musique. Les athlètes étaient des étudiants universitaires en sciences du sport et détenaient des titres nationaux dans leur catégorie d'âge. Ces critères garantissaient que les participants comptaient parmi les meilleurs athlètes et musiciens de leur pays.

2.2. Procédure

Cette étude fait partie d'un projet plus vaste qui étudie les domaines de la musique et du sport pendant le confinement COVID-19 (Biasutti et al., en cours de révision ; Schiavio et al., en cours de révision). Le comité d'éthique de la recherche de l'université de Graz a donné son accord éthique pour le recrutement des participants à la présente étude. Les auteurs ont obtenu le consentement éclairé écrit de tous les participants, attestant que les données recueillies pouvaient être analysées et discutées en vue de leur publication sans restriction.

Le premier auteur a mené des entretiens semi-structurés sur une base individuelle en utilisant un logiciel de vidéoconférence (en raison du confinement continu à l'époque), et chaque entretien a été enregistré à l'aide d'une tablette informatique. Les entretiens ont duré entre 40 et 50 minutes. Chaque dyade a été interrogée séparément sur différents aspects de leur relation pendant la période de confinement. Le guide d'entretien, composé de dix questions, a été conçu pour étudier les relations interpersonnelles enseignant-étudiant et entraîneur-athlète et a été divisé en trois sections (le guide d'entretien est disponible sur demande auprès du premier auteur). La première section comprenait des questions sur la relation générale de la dyade (par exemple, "Comment décririez-vous votre relation avec votre élève ?" et "Quels sentiments spécifiques considérez-vous comme utiles dans votre relation entraîneur-athlète ?) La deuxième section comprenait des questions concernant la qualité de la relation pendant l'enfermement (par exemple, "Pouvez-vous décrire votre rôle d'athlète dans la relation entraîneur-athlète pendant l'enfermement ?" et "Êtes-vous proche de votre professeur ?) La troisième section comprenait des questions sur l'évolution de la relation (par exemple, "Comment votre relation a-t-elle évolué pendant la période d'isolement ? et "Qu'est-ce qui était différent et qu'est-ce qui était identique ?) Les enregistrements audio ont ensuite été transcrits mot pour mot. Les participants ont pris part à l'étude sur une base volontaire et pouvaient cesser de répondre aux questions à tout moment s'ils se sentaient mal à l'aise.

2.3. Fiabilité et analyse des données

Plusieurs mesures ont été prises pour assurer la fiabilité des données. Tout d'abord, les chercheurs impliqués étaient expérimentés dans la conduite de recherches qualitatives en psychologie musicale et sportive. Deuxièmement, les données ont été codées indépendamment par chacun des trois chercheurs. Lorsque les trois chercheurs étaient tous en désaccord, les données étaient ignorées ; lorsque deux des chercheurs étaient d'accord, ils réexaminaient collectivement les données jusqu'à ce qu'un accord consensuel soit atteint avec le troisième codeur (un consensus était toujours trouvé). Cela a permis d'assurer la fiabilité du codage et de minimiser les biais d'interprétation.
Aucun logiciel n'a été utilisé à aucun moment de l'analyse ; toute l'analyse et le codage ont été faits à la main.

Une approche thématique et inductive a été utilisée pour analyser les données (Braun et Clarke, 2006). Tout d'abord, les transcriptions ont été lues attentivement pour permettre aux chercheurs de se familiariser avec leur contenu. Ensuite, différentes unités de sens ont été individualisées, c'est-à-dire des parties du texte qui représentaient une seule idée commune liée à une question de recherche (Robson, 2011). Après avoir étiqueté chaque unité, les chercheurs ont passé en revue chaque transcription pour vérifier la cohérence de l'ensemble des données. Enfin, les unités de signification étiquetées ont été regroupées en catégories et thèmes avec d'autres unités de signification similaires, et les thèmes ont été regroupés en dimensions générales décrivant l'évolution des relations entre les dyades. L'équipe s'est engagée dans plusieurs discussions de réflexion pour assurer un accord dans l'analyse des données.

La fiabilité de la procédure de codage a été évaluée à l'aide du taux d'accord de Bellack (Turcotte, 1973) et a varié de 70 à 90 % entre les codeurs pour les différentes séquences représentatives et les structures communes entre elles. Le processus de réflexion et de vérification entre les chercheurs s'est poursuivi jusqu'à ce que chaque thème ait fait l'objet d'un accord et d'une vérification. Afin de garantir l'anonymat des participants, ceux-ci sont identifiés à l'aide du codage suivant : Enseignant (T1, T2, T3), Entraîneur (C1, C2, C3), Musicien (M1, M2, etc.), et Athlète (A1, A2, etc.).