Revue Médecine des arts N°86 numéro spécial musicien

Revue Médecine des arts N°86 numéro spécial musicienSanté des artistes, santé des musiciens

Numéro 86. Numéro spécial santé du musicien
Approche médicale et scientifique des pratiques artistiques

Port Gratuit

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Dans ce numéro des articles concernant la santé du musicien sur des sujets rarement traités

La pédagogie de l’enseignement du piano pour des enfants intellectuellement précoces doit être adaptée. Elle doit tenir compte de leur aptitude intellectuellement supérieure ainsi que de leur hypersensibilité. Le professeur ne doit pas perdre de vue que chaque enfant doit aussi garder le plaisir de jouer et de partager la musique.
Plus tard, la pratique professionnelle de la musique demande des habiletés sensori-motrices sophistiquées. Concerts, enregistrements se situent à des moments variables de la journée, aussi la précision sensorimotrice dépendante des fluctuations du chronotype peut représenter un véritable défi pour le musicien. Ces habiletés peuvent-elles se trouver modifiées selon le moment de la journée et le chronotype du musicien : couche-tôt ou couche-tard ?

On connaissait les troubles du comportements alimentaires chez les danseurs, mais ces troubles existent aussi chez les musiciens et sont retrouvés de manière fréquente ; le stress, le perfectionnisme, l’anxiété représentent des facteurs de risque de troubles alimentaires chez les musiciens.

L’anxiété de performance représente-t-elle chez les jeunes musiciens tout autant de difficultés vis-à-vis de la performance que chez les musiciens plus âgés ? Les effets négatifs du trac chez les jeunes musiciens sont encore mal connus et moins étudiés. Les jeunes musiciens utilisent des moyens particulièrement variés mais peu efficaces pour gérer le stress de la situation scénique. Aussi doivent être engagées des études pour valider les techniques les plus opérantes dans ce domaine, évaluer les formateurs et former les enseignants.

Edito Médecine des arts N°86

Ce silence auquel ne manque aucun mot

Enseigner le piano aux enfants précoces

pages 4-24

Les enfants intellectuellement précoces présentent dès le plus jeune âge des aptitudes intellectuelles supérieures à celles des autres enfants, associées à une hypersensibilité, un appétit de découvertes et une imagination fertile. La pratique du piano et ses satisfactions intellectuelles et émotionnelles pourront apprendre à ce genre d’enfants à aimer l’effort et la persévérance. Mais l’enseignement du piano à ces enfants précoces doit impérativement tenir compte de leurs spécificités d’apprentissage. L’auteur, professeur de piano, expose à partir de son expérience avec de jeunes élèves précoces les différentes étapes d’apprentissage. Il met l’accent sur les éléments préventifs à intégrer dès le début à la pratique musicale (posture, position des doigts et des différents segments anatomiques, ergonomie de l’assise, du repose-pieds, du rehausseur de pédale, etc.). Le professeur doit s’adapter au cas unique que représente chaque enfant précoce, sans perdre de vue pour l’élève cet objectif essentiel : garder le plaisir de jouer et de partager la musique.

Mots-clés : enfant intellectuellement précoce ; piano ; apprentissage ; enseignement ; pédagogie ; prévention.


L’influence du chronotype sur le jeu musical : fluctuations circadiennes de la motricité fine des pianistes

pages 26-38

Pratiquer la musique à un niveau professionnel requiert une précision sensorimotrice maximale. Les fluctuations chronotype-dépendantes de la précision sensorimotrice au cours de la journée peuvent représenter des défis pour les musiciens car les concerts ou les séances d’enregistrement sont généralement planifiées à heure fixe. Nous avons étudié la précision sensorimotrice de pianistes lors d’une tâche consistant à exécuter des gammes à deux moments de la journée, le matin et le soir. Le chronotype des participants a été déterminé au moyen du Munich Chrono-Type Questionnaire en utilisant l’heure de mi-sommeil (mid-sleep time) comme marqueur des chronotypes individuels. Vingt-et-un étudiants pianistes ont été inclus dans l’étude. La précision temporelle a été subdivisée en variabilité constante au sein de chaque essai (irrégularité) et variabilité résiduelle entre les essais (instabilité). Les modèles de précision temporelle des pianistes de chronotype couche-tard se sont avérés plus stables le soir que le matin, alors que les pianistes de chronotype couche-tôt ne présentaient pas de différence entre les deux horaires d’enregistrement. Les résultats montrent que même des tâches sensorimotrices hautement complexes comme jouer de la musique sont influencées par les interactions entre le chronotype et le moment de la journée. Ainsi, même une pratique intensive et de longue durée telle que celle de musiciens de haut niveau ne permet pas d’éliminer les fluctuations circadiennes de performance.
Floris T. Van Vugt, Katharina Treutler, Eckart Altenmüller, Hans-Christian Jabusch

Mots-clés : musicien ; piano ; gamme ; pratique ; performance sensorimotrice ; chronobiologie ; chronotype ; fluctuation circadienne.


Les troubles du comportement alimentaire chez les musiciens

pages 39-50

L’objet de cette étude est d’estimer la prévalence des troubles du comportement alimentaire (TCA) chez les musiciens et de mettre en évidence une éventuelle relation avec le perfectionnisme, le stress, l’anxiété et la dépression.

Ont été étudiés : 1) la prévalence des troubles du comportement alimentaire à l’aide du questionnaire EDE-Q (Eating Disorder Examination Questionnaire), de l’indice de masse corporelle (IMC) et de données autorapportées ; 2) les facteurs de risque psychologiques en utilisant l’échelle DASS-21 (Dépression, anxiété, stress) et le questionnaire sur le perfectionnisme ; 3) les données démographiques, sur le parcours musical et professionnel, sur le mode de vie, les habitudes alimentaires et la santé. Ce sont 301 musiciens anglophones âgés d’au moins 18 ans qui ont participé à cette enquête lancée à un niveau international.

Nos outils de dépistage ont fait apparaître une prévalence élevée de TCA chez les musiciens : le score global du questionnaire EDE-QGS montre des valeurs pathologiques chez 18,66 % des musiciens et à la question concernant la prévalence vie-entière des TCA, 32,3 % répondent de façon positive. L’indice de masse corporelle médian reste dans des valeurs normales. En ce qui concerne la santé mentale en général, l’échelle DASS-21 montre un taux élevé de dépression et de stress, une anxiété extrêmement sévère et le score obtenu concernant le perfectionnisme atteint 26,53. L’EDE-QGS ne montre pas de différences significatives entre les musiciens selon les styles de musique pratiqués, mais les étudiants musiciens, les professionnels, les solistes et les musiciens voyageant à l’étranger montrent un pourcentage plus élevé de résultats pathologiques au EDE-QGS. Le perfectionnisme est plus élevé chez les musiciens classiques et il existe une faible corrélation positive entre le score global EDE-QGS et les facteurs de risque : perfectionnisme, dépression, anxiété, stress, pression des pairs et isolement social.

Les troubles du comportement alimentaire sont fréquents chez les musiciens et des facteurs de risque éventuels sont : un perfectionnisme accru, la dépression, l’anxiété et le stress générés par les exigences liées à leur profession.
Marianna Evangelia Kapsetaki, Charlie Easmon

Mots-clés : troubles du comportement alimentaire ; musiciens ; perfectionnisme ; stress ; anxiété ; dépression.


Portrait de l'artiste en travailleur N°86

pages 52-54

Chronique MDA. Jeunes musiciens talentueux et anxiété de performance

pages 56-60

Jouer devant un public peut être tout à la fois un grand plaisir et une angoisse écrasante. Toutes les tonalités entre ces deux tendances émotionnelles peuvent se retrouver chez le musicien, avant et pendant la pratique instrumentale devant un public. L’anxiété de performance des jeunes musiciens est peu documentée alors qu’elle cause une détresse tout aussi importante que chez les musiciens plus âgés.
Les pratiques musicales bénéficient d’un apprentissage précoce et cela justifie que l’on connaisse mieux les composantes de l’anxiété liée à la performance des plus jeunes musiciens afin de leur apporter des réponses adaptées dans le cadre de leur enseignement.


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