Troubles musculo-squelettiques et maladie professionnelle chez une harpiste
Maladies professionnelles chez le musicien, conditions médico-légale exigées
Deux conditions sont nécessaires pour que ce trouble musculo-squelettique soit reconnu comme maladie professionnelle
Première condition
En France, la dénomination « tendinopathie aiguë et chronique non rompue, non calcifiante avec ou sans enthésopathie de la coiffe des rotateurs » est inscrite au tableau 57 des maladies professionnelles, a priori donc une des premières conditions est remplie pour permettre la prise en charge de cette affection dans le cadre d’une maladie professionnelle. (A noter que dans le cas d’une tendinopathie chronique, il est nécessaire que celle-ci soit objectivée par un arthroscanner en cas de contre-indication à l’IRM).
Deuxième condition
Le tableau de maladie professionnelle en France fixe les travaux susceptibles de provoquer ces maladies.
Concernant la tendinopathie aiguë de la coiffe des rotateurs, il est nécessaire que :
- « ces travaux comportent des mouvements ou le maintien de l’épaule sans soutien en abduction avec un angle supérieur ou égal à 60° pendant au moins 3 h 30 par jour cumulé.
Concernant la tendinopathie chronique de la coiffe des rotateurs, il est nécessaire que :
« ces travaux comportent des mouvements ou le maintien de l’épaule sans soutien en abduction avec :
- Un angle supérieur ou égal à 60° pendant au moins deux heures par jour en cumulé ou
- Avec un angle supérieur ou égal à 90° pendant au moins une heure par jour en cumulé.
Il semble que cette condition soit difficile à remplir concernant une harpiste, mais cela vaudrait la peine de bien étudier la problématique car les conditions biomécaniques du jeu du harpiste sont de fait très éprouvantes pour le musicien, et la prise en charge de cette tendinopathie mérite d'être posée de manière positive.
Pour ma part, je pense qu’une fois de plus, la spécificité du musicien, et du harpiste en l’occurrence, n’est pas prise en compte et que la législation sur les maladies professionnelles ne joue pas en faveur des métiers artistiques. Cette législation a été construite en fonction des travaux en milieu industriel notamment ; son histoire est issue du milieu du siècle dernier et s’est faite à l’écoute des grandes fédérations syndicales industrielles et du patronat de cette époque, conseillés par des médecins peu au courant des maladies des artistes, concept qui n’existait pas encore à cette période.
Lorsque la deuxième condition n’est pas remplie, mais que l’affection est bien désignée dans le tableau, le législateur a mis en place une voie annexe de reconnaissance. Un dossier doit être présenté devant le Comité Régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP). Ceci est possible dans la mesure où le musicien a été exposé au risque et que la maladie est bien notifiée dans le tableau. Dans le cas d’une harpiste, nous sommes bien dans cette situation, il s’agit d’un geste très spécialisé et répétitif avec les bras constamment en ascension et des efforts conséquents des membres supérieurs et des muscles de la ceinture scapulaire.
Un dossier construit sur ces bases et mettant en évidence d’une part la lésion tendineuse et d’autre part les différentes phases de jeu « exposantes » devrait à mon avis permettre cette reconnaissance. Dans le cas d’un refus, la voie juridique semble également possible avec un juriste spécialisé dans ce domaine, mais c’est à l’intéressé d’apporter les preuves de la relation de cause à effet et le coût à engager peut ne pas être négligeable.
Rédacteur Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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