Prévention des troubles musculo-squelettiques liés à l’apprentissage de la musique

Le professeur de musique et de danse est le promoteur de la prévention primaire, c’est lui qui est au plus près de la technique de l’élève et des désordres qui peuvent en découler. Sa place est donc essentielle et prioritaire à côté des parents d’élève dont le rôle est dans ce cas voisin, mais différent, et du thérapeute en cas de trouble avéré ou d’un conseil médico-technique nécessaire. La santé d’un enfant dans le cadre de sa pratique se joue désormais autour d’un triptyque, dans une distribution spécifique et complémentaire des rôles.

Analyse des stratégies gestuelles et de la posture de l’enfant musicien

Celle-ci doit s’accompagner d’une compréhension des mécanismes qui expliquent la gêne, la tension ou les douleurs qui sont en deçà des affections liées aux pratiques instrumentales et qui sont les symptômes les plus fréquemment rencontrés chez l’enfant dans le cadre de sa pratique. Cette phase symptomatique est le moment privilégié pour agir préventivement, si une information préalable sur la physiologie du geste n’a pas été entreprise.
C’est à partir de cette analyse que l’on va recueillir des informations utiles pour la prévention des TMS liés aux pratiques musicales ou du geste dansé. Analyser les raisons qui conduisent l’enfant à effectuer le geste de cette manière, à prendre telle ou telle posture. Cette étape demande une expérience précise sur le plan de la physiologie des pratiques ; elle s’apprend, c’est la raison pour laquelle Médecine des arts® a mis en place des formations spécifiques à l’intention des professeurs de musique pour analyser les gestes physiologiques et antiphysiologiques et leur permettre d’effectuer les premiers dépistages de surmenage et de malmenage et d’apporter les premières solutions à ces difficultés. Souvent le geste instrumental est organisé dans une chaîne musculo-squelettique qui a ses propres règles, dont une majeure a été définie par P. Chamagne. Le geste instrumental est porté par les structures musculo-squelettiques de la ceinture scapulaire qui joue un rôle majeur comme support stable de la mobilité et in fine de la dextérité du geste au niveau de la main et des doigts, geste qui peut être ainsi répété avec moins de contraintes.

L’analyse doit considérer d’abord le sujet dans sa globalité, sur le plan statique et dynamique en dehors de l’instrument et à l’instrument, puis s’intéresser aux gestes eux-mêmes et à leur enchaînement. Ainsi un pouce exagérément serré sur le manche du violon ou de la guitare va entraîner des tensions en chaîne à différents niveaux de la main et du membre supérieur, ou du rachis. Un écart excessif du poignet de part et d’autre de sa position de repos et de confort constituera un facteur de risque musculo-squelettique. Le déficit d’utilisation de la ceinture scapulaire, un placement du rachis cervical projeté en avant vont créer une tension à ce niveau, mais aussi au niveau de la main, en limitant ses capacités physiologiques. Le professeur, aidé le plus souvent d’un thérapeute spécialisé dans cette prévention, va dévoiler une sémiologie de la technopathie et trouver les éléments susceptibles de résoudre en grande partie la problématique. Ce travail de précision doit être mené lorsque, en amont, il a été démontré que la gêne ou ces douleurs ne sont pas liées à une cause organique. La consultation médicale pluridisciplinaire spécialisée pour le musicien reste une étape préalable indispensable afin de dépister une hyperlaxité par exemple, une particularité anatomique (anastomose de tendons au niveau des muscles fléchisseurs de la main par exemple, muscle surnuméraire, scoliose à distinguer d’une simple attitude scoliotique, etc.).

Le problème sera également placé dans le contexte général de l’apprentissage mais également de la situation familiale, scolaire, en relation avec les parents en analysant d’autres facteurs tel que le stress, la charge globale de travail, les déplacements.