Douleur et pratiques artistiques

Transfert des messages nociceptifs à partir de la moelle

 

Frida Kahlo

Après intégration par les neurones de la corne postérieure, les messages nociceptifs peuvent être orientés dans deux directions différentes : soit vers un transfert spinal où les motoneurones α sont responsables d’activités réflexes, soit vers un transfert cérébral.

Le transfert spinal et ses activités réflexes

  • le réflexe de flexion : le message afférent provenant de la peau entre en contact avec le motoneurone moteur de la corne antérieure de moelle et entraîne la contraction des muscles fléchisseurs et parallèlement un relâchement des muscles antagonistes extenseurs. • les réflexes végétatifs : déclenchés par les stimuli nociceptifs, vont activer les neurones postganglionnaires des ganglions sympathiques.

Le transfert cérébral
Après avoir été relayés par les neurones de la corne postérieure de la moelle, les messages nociceptifs croisent la ligne médiane au niveau de la commissure grise antérieure pour emprunter les voies ascendantes antéro-latérales pour se projeter vers la formation réticulée, le mésencéphale et le thalamus mais aussi vers le faisceau solitaire et le bulbe ventrolatéral pour les réactions neurovégétatives accompagnant la douleur.

  • Le faisceau spinothalamique latéral (faisceau néo-spinothalamique) provenant des lames I, IV et VI se projette directement vers les noyaux thalamiques latéraux du complexe ventrobasal (VPL). Cette voie latérale rapide est responsable de la spécificité de la sensation douloureuse et projette les informations nociceptives sur le cortex somesthésique primaire S1, tout en restant anatomiquement distinctes des voies du toucher et de la proprioception.
  • Le faisceau spinoréticulaire plus médian (faisceau paléo-spinothalamique) provenant des lames profondes VII et VIII se projette sur les noyaux médians du thalamus et certaines structures du tronc cérébral comme la SGPA et les NRM. Les projections diffuses, non somatotopiques, de ces fibres sont à l’origine, non seulement de la composante émotionnelle de la douleur, mais aussi de leur couplage avec les réactions végétatives (via l’hypothalamus).

Les fibres Aδ du système néo-spinothalamique se projettent sur le cortex somesthésique primaire où elles sont responsables de la sensation consciente de la douleur avec son intensité et sa localisation.
Les fibres C du faisceau paléo-spinothalamique se projettent sur le cortex associatif préfrontal où elles sont responsables des aspects affectifs de la stimulation douloureuse.
Les neurones réticulaires se projettent essentiellement vers le système limbique, où ils sont à l’origine de la mémorisation des sensations douloureuses, permettent un comportement adapté lors d’une stimulation potentiellement nocive.

Centres supra-segmentaires
La terminaison du faisceau spinothalamique se fait avec une somatotopie précise sur le noyau VPL du thalamus qui contient le corps cellulaire du troisième neurone de la voie nociceptive.

Les projections corticales des fibres nociceptives sont nombreuses et s’effectuent en particulier vers :

  • le cortex somesthésique primaire reçoit une somatotopie spinothalamique précise.
  • le cortex somesthésique secondaire présente une somatotopie moins précise (représentation bilatérale).
  • le cortex frontal, reçoit surtout des projections du thalamus non spécifique (f. Paléo-thalamique). -* le cortex limbique (cortex orbito-frontal, cingulaire antérieur, insulaire antérieur, noyau central de l’amygdale), reçoit les projections de la réticulée.
  • à partir de la réticulée et du thalamus non spécifique s’effectuent aussi des projections nucléaires sur l’hypothalamus et le striatum.

Les deux voies nociceptives, anatomiquement distinctes sont fonctionnellement complémentaires :

  • la voie néo-spinothalamique, latérale, avec relais dans le VPL se projette essentiellement sur le cortex somesthesique pariétal. Elle permet une conduction rapide et une perception discriminative de la douleur sur les plans qualitatif, quantitatif et topographique.
  • la voie paléo-spinothalamique, médiane, avec relais dans la réticulée du tronc cérébral puis dans les noyaux non spécifiques du thalamus se projette largement sur le cortex préfrontal, le cortex limbique, le striatum et l’hypothalamus. La conduction du message nociceptif y est plus lente, et la perception message douloureux mal systématisé fait intervenir des composantes psychoaffectives
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