Douleur et pratiques artistiques

Les différences de genre (Hommes/Femmes) dans la douleur, exemple de régulation hormonale de la douleur

Les femmes ont davantage de douleurs que les hommes

  • la prévalence des pathologies douloureuses est plus élevée chez les femmes, chez lesquelles on trouve davantage de maladies douloureuses chroniques telles que les céphalées, arthrites rhumatoïdes, fibromyalgies, douleurs abdominales et musculo-squelettiques.
  • la douleur est perçue de façon plus intense et prolongée chez la femme. Pour un même stimulus les femmes présentent davantage de douleurs que les hommes, ayant un seuil de douleur et une tolérance à la douleur expérimentale plus faibles. Mais le phénomène est complexe et varie en fonction du type de stimulus, du type de mesure, du patient et de l’expérimentateur. Ces différences se retrouvent aussi dans les réponses analgésiques.
    • les réponses analgésiques : par les opioïdes chez l’humain, se portent surtout sur les récepteurs μ et .
    • les femmes consomment 40% moins d’opiacés que les hommes pour les douleurs postopératoires.
    • les femmes présentent un meilleur soulagement par l’utilisation d’analgésiques opioïdes μ et

Ces différences peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs dont les hormones sexuelles qui peuvent moduler la densité des récepteurs opioïdes, avec une meilleure liaison des récepteurs μ dans certaines régions du cerveau des femmes.

la réactivité à la douleur est également différente suivant les sexes

  • c’est uniquement chez les hommes que la douleur va augmenter la fréquence cardiaque et diminuer la Tension Artérielle.
  • la réponse du système nerveux autonome est différente suivant le sexe : la douleur chez la femme stimule le S.N.A. Parasympathique, alors que ce sera le S.N.A. Sympathique chez l’homme.

Origine neurophysiologique des différences hommes/femmes dans la douleur
Le sexe de l’individu joue un rôle déterminant dans la gestion de la douleur. D’après le modèle psychosocial de Fillingrim, différents facteurs entrent en jeu : le psychologique, le socioculturel mais aussi le biologique. On souligne en particulier le rôle des hormones sexuelles sur les mécanismes endogènes du contrôle de la douleur (MECD).

  • hormones sexuelles et S.N.C. Il existe des récepteurs aux hormones sexuelles au sein du SNC, au niveau de la SGPA, la région bulbaire rostro-ventrale et la corne postérieure de la moelle. Il a été montré que les changements de niveaux plasmatiques d’ ?strogèness sont accompagnés de modifications de niveaux de plusieurs neurotransmetteurs comme : la sérotonine, l’acéthylcholine, la dopamine, et les endorphines. De même pour la progestérone dont le taux influencerait les niveaux de dopamine et d’acéthylcholine.
  • variation des hormones sexuelles chez la femme en fonction des trois phases du cycle ovarien.
    •  1) la phase folliculaire de J1 à J14 dont la première partie menstruelle de 5 à 7 jours est caractérisée par un taux ?strogène et de progestérone le plus bas ; la seconde partie de J7 à J12 avec augmentation progressive de FSH voit augmenter également les ?strogènes, la progestérone restant toujours basse.
    • 2) la phase ovulatoire le pic de FSH au J14 provoquant l’ovulation est précédé d’une augmentation rapide d’ ?strogène à J12-13, c’est à cette phase que le ratio ?strogène/progestérone est le plus grand.
    • 3) la phase lutéale de J15 à J28, avec augmentation croissante de Progestérone (avec inversion du ratio O/P) et diminution graduelle des taux de LH, FSH, et d’ ?strogènes.
      NB : la testostérone présente est 10 à 15 fois moins présente chez la femme, à son plus haut niveau au moment de l’ovulation.

Effets des hormones sexuelles sur la perception de la douleur

  • avant la puberté les garçons et les filles ont des réponses similaires aux stimulations nociceptives,
  • ils réagissent différemment pendant et après cette période,
  • ces différences de perception s’atténuent avec l’âge, avec la baisse des hormones sexuelles,
  • des modifications sont également observées pendant la grossesse avec ses variations hormonales.

Il est constaté une diminution de sensibilité à la douleur et une meilleure tolérance à la douleur durant la phase folliculaire tardive, pendant laquelle les estrogènes sont à leur plus haut niveau.

  • les mécanismes endogènes de contrôle de la douleur (MECD) Ossile et Shutterstock ont constaté que les seuils de douleur et de tolérance thermique ne sont pas différents mais que les Contrôles Inhibiteurs Diffus Nociceptifs CIDN sont deux fois plus efficaces pendant la phase ovulatoire ( oestrogènes maxima). Cela pourrait expliquer qu’une majorité de femmes qui souffrent de douleurs chroniques présentent une exacerbation de leurs symptômes pendant la période périmenstruelle (oestrogènes minima).
  • les mécanismes d’action des hormones sexuelles sur la douleur Au niveau périphérique les OESTROGENES perturbent les champs récepteurs de certains nerfs et sont considérés comme un facteur qui augmente la sensibilité. On trouve la présence de récepteurs oestrogéniques au niveau de la corne dorsale est confirmée et surtout au niveau de la lame II où la majorité des afférences nociceptives des fibres Aδ et C font synapse. Les hormones sexuelles sont capables de modifier la production de multiples neurotransmetteurs impliqués dans la nociception au niveau de la corne dorsale. Sont concernés : la substance P (qui augmente la transmission nociceptive), le GABA (qui inhibe la transmission nociceptive), la dopamine, la sérotonine, la noradrénaline et les opioïdes (qui ont une fonction de modulation du message nociceptif). Ces oestrogènes affectent aussi la transmission nociceptive au niveau spinal. Ainsi, une diminution de cette hormone augmenterait la sensibilité à la douleur et une augmentation d’oestrogènes aurait un effet analgésique en augmentant l’efficacité des CIDN du fait d’un relâchement de neurotransmetteurs comme la sérotonine. Une thérapeutique oestrogénique induit aussi une diminution de plusieurs neurotransmetteurs comme le GABA, la sérotonine et la noradrénaline avec un rôle pro-nociceptif. Les auteurs ont montré que les oestrogènes ont un effet de facilitation de la douleur en freinant la mise en place des MECD, et qu’à l’opposé, la testostérone aurait un rôle protecteur en diminuant la perception de la douleur indépendamment du sexe.
    La PROGESTERONE peut présenter des propriétés nociceptives ou analgésiques.

Le rôle de chacune des hormones est encore incomplètement compris.
Les différences dans le développement, la persistance et le traitement de la douleur selon le sexe, s’expliquent par des facteurs psychosociaux mais aussi biologiques. Les différences hommes/femmes dans la douleur sont plus qu’une question de perception.

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