Cervicalgies chez les musiciens et les fibres de Cendrillon
Gestes et postures des musiciens
Les douleurs cervico-thoraco-brachiales sont vraisemblablement les plus fréquentes chez les musiciens. Il est finalement rare que l’on ne trouve pas a minima des tensions, des contractures dans cette zone. Il est plus fréquent encore de trouver à l’examen du musicien en dehors de l’instrument, mais surtout à l’instrument, une tête projetée en avant, un enroulement des épaules qui majorent encore les tensions au niveau du rachis cervical. Nombre d’instruments qui ont une pratique asymétrique comme le violon, l’alto, la flûte conditionnent un port de tête comportant des attitudes également asymétriques du cou. Maintenir la rotation et l’inclinaison de la tête plusieurs heures par jour génère des contraintes mécaniques au niveau du rachis cervical. Le trapèze et l’angulaire sont alors l’objet de tensions. Le jeu à l’instrument exige également de porter les bras en ascension avec un travail dynamique certes, mais également statique ne serait-ce que pour maintenir la posture globale à l’instrument. La mise en place à l’instrument en respectant au mieux la physiologie est donc de première importance. L’utilisation d’une interface adaptée nécessite également de bénéficier de conseils précis en fonction de la morphologie de chacun. La tête peut être également penchée latéralement dans le jeu de certains instruments comme la harpe, la contrebasse ou penchée en avant pour le saxophone par exemple. Les contraintes mécaniques sont ainsi évidentes. Une des études princeps de la santé du musicien en 1988 concernant les musiciens d’orchestres symphoniques mettait en évidence que les douleurs du rachis étaient les plus fréquentes. [5]
Rachialgies | Douleurs | Douleurs sévères |
---|---|---|
nuque | 21,5 % | 12,5 % |
haut du dos | 16 % | 8,5 % |
milieu du dos | 11 % | 5 % |
bas du dos | 22 % | 12 % |
Ces douleurs sont la conséquence du mode de fonctionnement des fibres de type I. L’origine des phénomènes est périphérique et neurologique, il s’agit d’une réponse inappropriée à une contrainte particulière sur le plan phylogénétique (le travail d’intensité moyenne, maintenu dans le temps). Ce type de pratique qui s’exerce dans la durée, long apprentissage, longue durée de la pratique, entraîne « une hypertrophie des fibres musculaires de type I, associée à une diminution des capillaires sanguins entraînant une altération du métabolisme dans les myocytes (cellules musculaires). Il déséquilibre la régulation de la microcirculation musculaire en faveur d’une vasoconstriction d’origine sympathique qui en amplifie les effets. L’apport de nutriments et les échanges gazeux sont perturbés et des substances chimiques (CO2, potassium, etc.) s’accumulent dans les myocytes et l’intersticium. Cette accumulation de substances va activer les terminaisons les neurones afférents de type III (ergorécepteur) et IV (nocicepteurs) qui a leur tour va entraîner différentes réactions dans la moelle épinière ou le cerveau. [6]
La sensibilisation conduit à ce que des fibres théoriquement sensibles à un type de stimulation réagissent à un autre type. Par exemple des fibres de type IV vont anormalement réagir à la variation de pression mécanique et entraîner une nociception. L’expression sera la douleur alors que le stimulus n’était pas douloureux. » [7]
La douleur va s’auto-entretenir, entraîner des compensations multiples, des dysfonctionnements contractiles du fait des microlésions des fibres, des contractures et des tensions nouvelles. Les myalgies vont s’installer durablement.
Une prévention nécessaire
Comprendre la physiopathologie afin d’adapter la prévention auprès des musiciens est une nécessité. Médecine des arts® est un contributeur important dans l’évolution du mode de pensée concernant la santé des musiciens et des artistes en général.
- Le corps du musicien. Manuel de prévention pour une pratique optimale
- L’entraînement physique du musicien
- Prévention des troubles fonctionnels chez les musiciens
- Education physique préventive pour les musiciens
- Prévention des pathologies du musicien
- Le stretching du musicien
- Le Qi Gong du musicien
- Sophrologie pour le musicien
- Technique Alexander pour les musiciens
- La main du guitariste
- La main du pianiste
- Physiologie de l’art du chant
- Physiologie et art du violon
- La posture et le geste du guitariste, vol 1. Placement et posture
- La posture et le geste du guitariste, vol 2. La technique des mains
- Le trac, le comprendre pourl’apprivoiser
- Le trac, stratégie pour le maîtriser
Le stress lié à la performance, à la présence d’un public vient majorer les cervicalgies. Il favorise les tensions des muscles du cou, des épaules et est toujours une dimension à prendre à compte sur le plan préventif.
Enfin la mesure la plus simple et une des plus efficaces pour éviter ou limiter ce phénomène est la pratique de pauses. Elles seront à adapter au type de pratique, au sujet, mais il s’agit là d’une des clés pour éviter troubles musculo-squelettiques et troubles de surmenage chez le musicien.
Médecine des Arts®
715 Chemin du Quart 82000 Montauban (France)
Tél. 33 (0)6 84 14 82 60
E-mail : mda@medecine-des-arts.com
site web : www.medecine-des-arts.com
Médecine des arts® est une marque déposée
Copyright Médecine des arts©
La boutique
Revues
Revue Médecine des Arts N°95 Santé physique et mentale des musiciens
17,00 € Accéder à la boutiqueLa boutique
Revues