Cervicalgies chez les musiciens et les fibres de Cendrillon
Fibres de Cendrillon, les causes de la douleur
Le modèle de Bruxelles repose sur l’hypothèse des fibres de Cendrillon proposée en 1991 par G Haag(20).
Cendrillon, première levée et dernière couchée. Elle travaillait encore et encore, elle souffrait jusqu’à ce que le Prince charmant vienne la délivrer de cette condition. Ainsi tout se passe d’après Haag comme si sur le plan musculaire le recrutement se faisait de telle manière que malgré une activité sous-maximale le mode de recrutement faisait que certaines fibres musculaires, les fibres de type I sont recrutées en premier et restent actives tout au long de la pratique, jusqu’à l’arrêt total du muscle. Premières recrutées, dernières à se reposer.
Jusqu’à présent les chercheurs pensaient que différentes parties du muscle étaient actives lorsque le muscle se contractait puis se relâchait aux rythmes des gestes répétitifs. Mais ce modèle et les études réalisées montrent que dans le mesure où globalement le schéma moteur est du même ordre, que la forme du mouvement engage les mêmes groupes musculaires, ce sont les mêmes parties du muscle qui travaillent, ces fameuses fibres I. La douleur est la conséquence de ce sur-recrutement des fibres I, qui comme Cendrillon ne s’arrêtent jamais.
Muscles sur sollicitées même pour des efforts de faible intensité chez le musicien
Lorsque le musicien se met à l’instrument, les fibres musculaires de type I sont recrutées et ne cesseront de l’être durant toute la pratique et l’activité de chacune est au niveau maximal durant toute la durée de la pratique.
Le musicien entre ainsi dans un système infernal, sans s’en rendre compte ; certaines fibres des muscles cervico-thoraciques sont sur-sollicitées, même lorsque le musicien travaille à faible intensité, tout au long de la pratique. Les gestes répétitifs avec une force musculaire sous-maximale et le simple maintien postural recrutent de manière élective un seul contingent de fibres musculaires jusqu’à saturation, la douleur étant l’expression de ce mécanisme.
Lorsqu’on analyse un échantillon de sujets auquel on demande de placer le bras légèrement sur le côté pendant une demi-heure, comme pourrait le faire un pianiste par exemple, on relève pour un des muscles les plus importants de l’épaule 95 % d’unités motrices actives, alors qu’au niveau d’un muscle du bras seulement 66 % des unités motrices sont recrutées. Il y a beaucoup plus de fibres de Cendrillon dans le muscle de l’épaule. Ceci expliquerait la plus grande fréquence de douleurs au niveau des muscles des ceintures et du haut du dos lors de ce type d’activité. De plus ces mêmes chercheurs font remarquer que pour soulever le bras, « tous les muscles de l’épaule n’utilisent que 10 à 12 % de la force qu’ils peuvent déployer. Mais les mesures des différentes unités motrices actives montrent qu’elles ne fournissent pas moins de 30 à 50 % de ce qu’elles sont capables de fournir. Ceci est générateur d’un risque supplémentaire de syndrome de surcharge musculaire.
La sensation de fatigue ou de gêne douloureuse n’entraîne pas généralement l’arrêt de la pratique chez le musicien. Si celui-ci a un programme à préparer, un concours, il va prolonger son activité afin de répondre à l’enjeu. Sur le plan physiologique, soit dans ce cas il sera amené à activer de nouvelles activités motrices qui ne devraient être utilisées que lors d’une épreuve qui demande de la force (ce qui n’est pas le cas dans le cadre de la musique), et qui n’exige pas de précision (pourtant nécessaire à la pratique musicale). Il n’est pas bon, explique Bente R. Jansen, que des unités motrices qui interviennent normalement pour des tâches requérant de la force soient activées en raison de la fatigue », car les pratiques musicales demandent de la précision.
Pour répondre à la fatigue, le musicien va également activer certaines unités motrices plus rapidement. « Si, par exemple, elles sont normalement activées 10 fois par seconde, on va peut-être passer à 12 ou 14 fois par seconde. Elles travaillent plus sans que le résultat soit amélioré et, en conséquence, il y a un risque accru de surcontrainte et de grande fatigue. » Dans ce cas précis, un repos d’une demi-heure ne permet de récupérer que 10 à 12 % de la capacité de fréquence d’activation. » [4]
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