Le répertoire classique, le jazz. Chronique d’un professeur de piano n°13
Du répertoire classique au répertoire moderne
Quand une deuxième année est possible, nous abordons de vrais morceaux. Je les revois donc cinq mois plus tard. L’évolution est parfois surprenante. Ils ont repris ou pas le travail du piano pendant l’été, mais les choses ont mûri, la lecture est plus fluide, le jeu plus naturel, ils se sont approprié le clavier en quelque sorte. Je fixe comme objectif de déchiffrer un maximum de morceaux, d’en travailler trois de façon plus aboutie dont un par coeur, et ce toujours dans les 23 semaines de cours. Nous alternons le répertoire classique (Bach, Mozart, Beethoven, Schuman, Schubert, Kabalewski, Prokofiev…) avec quelques blues, boogies écrits, ou musiques de films (Yann Tiersen avec le film Amélie Poulain est encore très demandé).
Nous abordons aussi des notions d’harmonisation pour pouvoir jouer ou accompagner (chansons françaises ou étrangères). Je fais travailler quelques exercices, le plus souvent inventés en fonction du morceau travaillé, pour stabiliser ou consolider la technique. Il est difficile de tout inclure dans une demi-heure de cours. Les notions théoriques sont abordées directement par le biais de la pièce travaillée. Nous choisissons ensemble les pièces à jouer, je la joue d’abord, je parle du compositeur, je la situe dans son époque, j’en explique le caractère, le style, ce qu’a voulu transmettre le compositeur, sa forme et ses difficultés (dans le sens d’intérêt technique). J’explique la tonalité, la couleur (c’est une notion nouvelle puisqu’ils ne pratiquent pas le solfège en dehors). Nous travaillons brièvement et lentement la gamme correspondante, l’arpège et les accords correspondant aux degrés principaux de cette tonalité. Au début, ils sont perplexes, puis ils se familiarisent avec ce langage et les notions se fixent.
Ensuite nous déchiffrons partiellement mains séparées et je donne une indication de travail pour la semaine, en précisant qu’ils ne sont pas obligés de tout faire, chacun allant à son rythme. Cette deuxième année aboutit en principe à une certaine autonomie de lecture, de technique, de théorie et de connaissance des différents styles. Ensuite se pose la question du répertoire souhaité. Soit pour ceux qui poursuivent ce cursus, soit pour ceux qui arrivent avec déjà quelques années de pratique. Nous sommes maintenant en présence d’élèves pouvant aborder un répertoire plus large. Leur niveau est à peu près celui de début du second cycle conservatoire. Là encore, les demandes sont différentes de celles des enfants, pas question d’imposer un parcours stéréotypé. Ils fonctionnent au coup de coeur, il faut que le morceau leur plaise… c’est bien normal. Cependant, il se dégage quand même un répertoire type. Peu de demandes sur le baroque : Bach, Haendel, n’ont pas trop la côte sauf les grands classiques : premier prélude de Bach ou des extraits de suites de Haendel ayant été utilisés comme musiques de films.
Pour l’époque classique : la célèbre Marche Turque de Mozart ou l’éternelle Lettre à Elise de Beethoven font toujours plaisir. Les mouvements lents de sonate sont appréciés (les mouvements rapides sont trop longs et peu adaptés à leurs possibilités de travail). Ils permettent aussi de travailler des rythmes peu connus, d’apprendre à bien décomposer et à ne pas paniquer face à une écriture un peu différente. Le plus apprécié est l’époque romantique :
- Chopin : Valses, Mazurkas, Préludes et Impromptus
- Schubert : les moments musicaux et les Impromptus
- Schuman : le Carnaval de Vienne, les scènes d’enfants, les scènes de la forêt. Elles ont l’intérêt d’être courtes et connues.
- Mendelssohn : les romances sans paroles (variées et de tout niveau)
- Brahms : les Valses, les intermezzos