Le répertoire classique, le jazz. Chronique d’un professeur de piano n°13

L’apprentissage du jazz

Quelques précisions par rapport au jazz. Michel Schneider écrit : « Quand des musiciens classiques veulent aller vers le jazz pour une plus grande liberté, ils sont souvent déçus car le langage très codé du jazz ne leur donne pas plus de liberté que dans un texte écrit. […] Une classe d’improvisation n’est pas une classe de jazz. Improviser en jazz est une spécialité de l’improvisation (comme improviser dans un langage sériel). […] Ni le jazz, ni le contemporain, ni le rock n’ont des vertus magiques d’ouverture […] ils ont une histoire et un devenir, c’est la façon de les aborder qui les rend ouverts ou fermés ». Le jazz est d’abord une pratique de groupe. Ce n’est pas une musique écrite, les vrais jazzmen s’appuient sur l’écoute de l’autre, l’échange, la communication, le phrasé, la respiration, l’équilibre du son et une articulation particulière. L’écoute active et les relevés de disque sont obligatoires dans cet enseignement. Le groupe est indispensable, ce n’est pas toujours facile à réaliser (problème de salle de répétition). Il faut aussi un leader au groupe mais chacun doit pouvoir apporter sa contribution tout en mettant son ego de côté.

Dans le groupe, on est confronté au problème de la pulsation, de la carrure, de l’équilibre entre les musiciens. Il faut bien écouter pour suivre le déroulement de la structure tout en gardant les yeux sur la ligne mélodique chiffrée ou la ligne d’accords (ou l’avoir en mémoire). Cela nécessite une grande concentration.

Le travail personnel est important aussi (comme en classique) ; il faut préparer sa pièce, d’abord lentement puis en accélérant, trouver de bons doigtés permettant un phrasé adapté, réfléchir aux différentes harmonisations possibles. Développer son indépendance rythmique, la polyrythmie, le contrôle polyphonique, le ressenti de la pulsation, le sens de la carrure.

Il faut acquérir de bonnes notions de théorie musicale, solfège, harmonie, tonalité, modulation. Il faut avoir des notions plus particulières au jazz : choix du tempo (ballade, médium, rapide), style du morceau (swing, latin, bossa, funcky)…

Il faut connaître les codes, le langage spécifique : intro ad libitum, rendez-vous à la coda, anatole, break, dédoubler, trad, chorus de piano, blues suédois, shuffle, impro en fa dorien, reprise au pont… Il faut toujours améliorer sa technique instrumentale, bref beaucoup travailler. Quant au piano solo (en jazz improvisé), c’est le fruit d’une longue expérience de jeu en groupe pour acquérir une maîtrise parfaite du piano de façon orchestrale, des différents styles de jazz ouverts sur les musiques d’aujourd’hui et souvent influencé par le répertoire classique (revue piano n°23 Bernard Desormière) : c’est donc plutôt un aboutissement qu’un point de départ et une discipline à part entière. Pour en savoir plus Jazz mode d’emploi de Philippe Baudoin, édition Outre Mesure.

Rédactrice : Patricia Cousin. Professeur de piano
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Texte extrait du mémoire réalisé dans le cadre du diplôme Médecine des arts®


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