Le fonctionnement mécanique de l’articulation scapulo-thoracique. chapitre 2

Le fonctionnement mécanique de la scapulo-thoracique

Trois fonctions se produisent au cours de l’élévation du bras : la suspension, l’élargissement des scapulas et le mouvement de « sonnette ». Le glissement latéral des scapulas oriente la gléno-humérale pour présenter le membre supérieur sur l’instrument ; le plaquage de la partie inférieure de la scapula contre la cage thoracique stabilise le toucher et l’appui du doigt. Les clavicules se déplacent légèrement en avant et en haut. L’appareil musculaire coordonne ces déplacements : la suspension du système articulé s’effectue par le trapèze supérieur, le dentelé antérieur mobilise la scapula en dehors, les rhomboîdes entrent en jeu pour stabiliser l’ensemble. L’activité du dentelé antérieur est primordiale pour non seulement mobiliser mais aussi pour plaquer la scapula contre la cage thoracique grâce à ses fibres croisées dans l’espace qui font basculer la scapula sur elle-même. En même temps ce muscle va soutenir toute l’architecture scapulaire et suppléer le trapèze supérieur. Les rhomboîdes vont jouer le rôle d’antagonistes pour s’opposer à un glissement externe trop important de la scapula et ainsi créer la stabilisation de cette dernière. Le muscle angulaire si souvent sollicité lors de la pratique instrumentale chez le musicien, notamment pour suspendre la scapula, ne subit plus de la sorte une contraction en raccourcissement.

Lorsque la région cervicale retrouve sa lordose physiologique et la ceinture scapulaire son placement correct, cela permet de libérer les nombreuses tensions musculaires des régions scalénique et sus-claviculaire. La vérification d’un axe fonctionnel passant par le milieu du conduit auditif et le milieu de la gléno humérale indique au musicien une utilisation fonctionnelle la plus physiologique possible de cette région. Dans ces conditions, l’articulation scapulo-humérale bien orientée se trouve dans les meilleures dispositions pour agir librement. Les tendons du long biceps et du triceps, entre autres, maintiennent la coaptation de l’articulation qui se mobilise par le moteur représenté par le deltoîde dont le rôle est aussi de supporter le bras. Les rotateurs externes coiffant cette articulation garantissent un équilibre entre une rotation interne puissante et trop souvent utilisée sur l’instrument et la rotation externe, antagoniste fonctionnelle, au cours de l’élévation du bras.

Le membre supérieur dans son ensemble s’organise fonctionnellement grâce à la mise en place de la scapulo-thoracique correctement utilisée. La liberté d’exécution des articulations en aval, la trajectoire de glissement des tendons, l’activité des muscles « dynamiseurs » des doigts, vont se trouver alors au maximum de leur ergonomie de travail. On peut souligner combien le toucher du doigt sur l’instrument se fabrique par la bonne projection du bras sur l’instrument. En effet, si la scapulo-humérale manque de stabilité, à cause d’un mauvais placement modifiant l’action des muscles péri-articulaires, cela modifie la place de la pulpe du doigt et la force de son appui. Les rotations axiales sont déterminantes pour orienter le doigt et lorsqu’elles sont mal maîtrisées (en trop forte rotation interne le plus souvent), elles modifient le toucher de la pulpe et renforcent, ou plus occasionnellement, diminuent l’appui du bout du doigt.