Le fonctionnement mécanique de l’articulation scapulo-thoracique. chapitre 2
Paramètres du fonctionnement de l'épaule du musicien
Ce fonctionnement de la scapula chez le musicien dépend de différents facteurs, qui sont propres au musicien et propres à l’instrument pratiqué.
Le morphotype longiligne ou bréviligne donne une certaine caractéristique aux courbures vertébrales dont dépend l’amarrage de la structure scapulo-thoracique. La morphologie laxe occasionne souvent un comportement de la scapula peu stable lorsque la main se pose sur l’instrument. Dans un comportement à l’instrument les longues cyphoses dorsales ne produiront pas le même déplacement latéral que chez les sujets dont la région interscapulaire est plate.
L’instrument pratiqué, la hauteur du porter des bras, la dissociation des membres supérieurs provoquent une différence dans le travail de la scapulo-thoracique.
Le placement du cou et de la tête devient également et souvent la source du comportement de l’ensemble scapulo-claviculaire (la projection du cou et de la tête en avant occasionne le retrait en arrière du plan des épaules). Il est important d’installer le cou et la tête en même temps que la ceinture scapulaire pour obtenir une ergonomie de travail de la musculature prenant en charge à la fois ces deux entités squelettiques.
Les membres supérieurs du musicien se portent principalement devant le plan du corps, quel que soit l’instrument pratiqué, ce qui provoque un élargissement du diamètre bitrochantérien (glissement latéral des scapulas, déplacement des clavicules en avant et légèrement vers le haut). Lorsque le membre supérieur gauche, comme au violon, est porté à 80°-90° en avant et en rotation externe, la scapula glisse latéralement, se plaque contre la cage thoracique et se stabilise surtout au niveau de sa pointe. L’articulation gléno-humérale s’oriente en avant et en dehors, le bras est suspendu avec une bonne stabilité, grâce à une bonne ergonomie de travail des muscles autour de la gléno-humérale et les « démanchés » peuvent se faire librement. La rotation externe du bras gauche du violoniste dont on a pu dire qu’elle était très fatigante, peut être gérée à moindre fatigue si tout le placement articulaire et le travail musculaire sont organisés selon les critères de la physiologie fonctionnelle. Le membre supérieur droit, toujours chez le violoniste, est beaucoup plus mobile, toujours dans un plan antérieur. La scapulo-thoracique est sollicitée en mouvements permanents (glissement latéral et bascule) surtout au niveau de sa pointe ; ceci est dû au changement de corde de l’archet qui provoque les déplacements du bras et ses rotations axiales. Mais la précision de l’archet dépendra de la stabilité en mouvement de la pointe de la scapula.
La musculature mise en condition est de trois ordres
- l’une qui suspend l’ensemble architectural (les fibres supérieures du trapèze) tout en se modifiant ;
- la suivante qui mobilise et plaque la scapula (le dentelé antérieur) ;
- enfin des muscles qui « retiennent « et stabilisent la pointe de la scapula (les rhomboïdes). Le jeu entre dentelé et rhomboïdes est spécifiquement un travail agonistes-antagonistes et tout en proportionnalité.
Cette complexité de fonctionnement musculaire ne se résume certainement pas à ces groupes musculaires, mais propose au musicien un comportement et une vision d’utilisation de l’ensemble du membre supérieur avec la participation, combien importante, de la scapulo-thoracique.
Articulation scapulo-thoracique, rappel anatomique
Sa dénomination complète est scapulo-serrato-thoracique, en raison de l’interposition du muscle dentelé antérieur (serratus anterior) séparant deux plans de glissement.
Son type articulaire est une syssarcose
Les avantages qui en découlent sont l’absence d’arthrose (pas de surface cartilagineuse), l’absence d’entorse (pas de ligament), l’absence de luxation (pas de capsule). Le seul inconvénient est le risque de surmenage musculaire (attitude en surélévation des épaules, avec des conséquences de contractures douloureuses).
Sa mobilité n’est conditionnée que par la clavicule. Les mouvements ne peuvent être dissociés qu’artificiellement, passivement. Fonctionnellement, ils associent généralement : adduction + rétropulsion + sonnette médiale + frontalisation (avec élévation ou abaissement ou les associations inverses)
- l’élévation-abaissement est de l’ordre de 8 à 13 cm. Elle est le fait des trapèzes supérieurs, élévateurs de la scapula, omo-hyoïdien et rhomboïdes.
- L’adduction-abduction a un débattement de l’ordre de 15 cm. Elle est le fait du trapèze moyen et des rhomboïdes pour l’adduction, et du dentelé antérieur pour l’abduction.
- Les mouvements de sonnette sont de l’ordre de 60°. La notion de mouvement de sonnette, pivotant autour d’un axe imaginaire situé un peu en dessous du tubercule trapézien de l’épine et perpendiculaire au plan de la scapula est une convention classique, proposée en 1909 par Miramont de La Roquette. Elle ne repose sur aucune réalité mécanique : un axe situé de la sorte contredirait la relation avec la clavicule et le thorax. Il faut donc connaître le caractère conventionnel de cette représentation, commode mais erronée, et savoir que le déplacement intéresse, en fait, l’hémiceinture scapulaire en translations et rotations tridimentionnelles. La sonnette latérale est le fait du dentelé antérieur (moitié inférieure), des trapèzes supérieur et inférieur, et de l’omo-hyoïdien. La sonnette médiale est le fait de l’élévateur de la scapula, des rhomboïdes et du poids du membre supérieur appendu à l’épaule.
- La bascule antérieure est l’inclinaison du bord supérieur vers l’avant. Elle est le fait des muscles coracoïdiens (principalement le petit pectoral). Le mouvement inverse est nommé bascule postérieure pour certains, et retour de bascule antérieure pour d’autres. L’amplitude totale est de l’ordre de 15° à 20°.
- La frontalisation et la sagittalisation sont des rotations s’effectuant autour d’un axe vertical fictif, car non fixe, passant vers le milieu du bord postérieur de l’épine. L’amplitude globale est de l’ordre de 30°. Ces mouvements tendent à paralléliser le plan scapulaire avec, respectivement, les plans frontal et sagittal.
- Ces différentes valeurs sont indicatives : variables, elles sont fortement influencées par l’attitude morphostatique du sujet – conformation du thorax et du rachis (cyphose, par exemple) [3]
Rédacteur : Phlippe Chamagne, Médecine des arts®
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Bibliographie
- [1] D’après Biomécanique fonctionnelle, Dufour M. et Pillu M. Masson, 2006
- [2] d’après MMG 2001
- [3] Biomécanique fonctionnelle Michel Dufour, Michel Pillu. Masson, 2006
En savoir plus
- Chamagne P. Prévention des troubles fonctionnels chez les musiciens. Edi. Alexitère
- Chamagne P. Education physique préventive pour les musiciens. Ed. Alexitère
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