Syndrome de La Tourette, la délicate prise en charge des maladies mentales des artistes, musiciens, chanteurs, danseurs, plasticiens

Comorbidité et prise en charge du syndrome de La Tourette

On parle de comorbidité pour indiquer l’association de deux ou même plusieurs maladies ou troubles différents et indépendants. Sur une prévalence vie entière, un sujet atteint de syndrome de La Tourette aura plus de 5 % de probabilités d’avoir une comorbidité psychiatrique un jour : TDA/H (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) et TOC (trouble obsessionnel-compulsif) par exemple sont fréquemment associés.

Les troubles de l’humeur ainsi que les troubles anxieux sont fréquemment associés au syndrome de La Tourette, c’est le cas de Lewis Capaldi qui a évoqué lui-même souffrir de troubles anxieux, d’attaques de panique, y compris parfois sur scène « J'en ai eu quelques unes sur scène, notamment lors de la première partie de Bastille à Manchester, et j'ai dû m'arrêter à l'avant-dernière chanson. » « J'ai dû dire à tout le monde : Je suis vraiment désolé, j'ai une crise de panique, je dois m'arrêter. »

La prise en charge du syndrome de La Tourette est complexe et doit être faite par une équipe spécialisée. Il existe en France des centres de référence qui prennent en charge dès leur jeune âge les personnes touchées.

Lewis Capaldi précise dans une de ses interviews : « J'ai eu recours au Botox sur mon épaule pour l'empêcher de bouger. Cela a fonctionné pendant un certain temps ». Effectivement, c’est un des traitements symptomatiques qui peut avoir une utilité lorsque le tic est très localisé et sur une zone où il est possible de le réaliser.

Les traitements sont divers, pharmacologiques : anti-dopaminergiques, neuroleptiques, etc., toxine botulique, thérapies comportementales et cognitives, stimulation cérébrale profonde, stimulation magnétique transcrânienne répétitive. 

Chaque artiste est unique, chaque patient également et chaque thérapeute doit se poser la question de la prise en charge individuelle et globale, quelle prise en charge, quel traitement ? S'abstenir de traitement pharmacologique lorsque les tics sont légers et sans retentissement sur la vie de l’artiste, cette question se pose aussi.  

Wolfgang Amadeus Mozart, André Malraux

Plusieurs articles ont traité le syndrome de La Tourette chez ces personnalités remarquables. Mais les diagnostics plusieurs siècles après la mort sont toujours discutables lorsque les indices ne sont pas parfaitement documentés. C’est sur la base d’écrits historiques et d’une revue de littérature que ces diagnostics ont été faits, mais l’interprétation est subjective et n’apporte pas réellement de démonstration claire. 

Plus près de nous, l’écrivain et politicien André Malraux souffrait du syndrome de La Tourette. Il devint le ministre de la culture de De Gaulle et ses qualités d’orateurs exceptionnelles surpassaient tous ses tics. Olivier Todd, auteur d’un ouvrage biographique à propos de Malraux, raconte même que « ses tics lui conféraient, paradoxalement, un pouvoir de séduction. D'abord, ils fascinaient, puis, souvent, dès qu'il était emporté par ce qu'il disait, ils disparaissaient, ce qui était tout aussi fascinant. »

La chanteuse Billie Eilish a aussi témoigné du syndrome de Tourette qui l’affecte. « J'ai des tics toute la journée, c'est vraiment épuisant. » « Le plus souvent, les gens rient pensant que j'essaie d'être drôle. Cette réaction m’offense toujours beaucoup et souvent, ils regardent autour d’eux en faisant mine de ne pas comprendre, et c’est à ce moment-là que je leur dis : J’ai la Tourette ». (TF1 info, 25 mai 2022).

Médecine des Arts® est la discipline qui prend en charge l'artiste, musicien, chanteur, danseur, circassien, plasticien, etc. dans sa spécificité, en tenant compte de sa pratique, de l'impact de ses problèmes de santé sur la pratique de son art et des problèmes de santé liés à la pratique artistique.