Répertoire et jeu du violon. Chapitre 7

Les innovations techniques du répertoire violonistique sont particulièrement axées sur les timbres, obtenus par exemple en attaquant les cordes plus ou moins près du chevalet ou plus ou moins sur la touche.
Nous sommes à la recherche de nouvelles couleurs, en quête d’imitation, ainsi qu’à la mise en place de micro-intervalles comme le quart de ton (cf lexique) utilisé aussi en doubles-cordes requérant une adaptation de l’oreille et de la position de la main gauche.

Pour une grande part, la musique du compositeur Xenakis qui, comme Stockausen et Boulez, a été l’élève de Messiaen, est inséparable de la nature et des possibilités techniques du violon.
Il a exploré et affiné plus encore les possibilités de l’écriture violonistique, élaborant même une nouvelle rhétorique du violon, parfois gouvernée par la théorie mathématique (par exemple celle qui concerne le comportement des grandes masses) mais toujours riche d’un potentiel expressif inhabituel : arches vertigineuses, glissandi, descentes en piqué, nuées de minuscules pizzicati et puissantes enjambées de mouvements parallèles mais rarement uniformes.
Le violon est une fois de plus renouvelé, par un retour instinctif à une texture contrapuntique et aux myriades de sonorités que peut comporter un geste unique.
Actuellement, un grand nombre de compositeurs ont écrit pour le violon, mais je pense que nous sommes arrivés au maximum des possibilités techniques et de jeu du violoniste.

Nous pouvons citer plusieurs violonistes et pédagogues du 20ème siècle qui ont été très précieux de par leurs démarches et recherches pour les violonistes, les professeurs et leurs élèves.
Ivan Galamian (1903-1981) avec son ouvrage « Enseignement et technique du violon », raconte sa démarche pédagogique très originale afin d’aider tout un chacun à développer sa technique et son interprétation.
Paul Rolland (1911-1978) avec son ouvrage « L’enseignement du mouvement dans le jeu des cordes », entreprend un vaste projet de recherche visant à accélérer l’apprentissage du violon et de l’alto, en améliorant les techniques d’acquisition des bons mouvements afin de réduire les tensions, tout en s’appuyant sur les dernières découvertes dans les domaines de la psychomotricité, de la biomécanique et de la kinesthésie.
Yehudi Menuhin (1916-1999) avec son ouvrage « L’art de jouer du violon », livre s’affirmant rapidement comme une valeur unique, aborde et analyse dans leurs complexités techniques, les mouvements et les sensations qu’implique le jeu du violon.
Il préconise des exercices préparatoires tant généraux, que des deux mains, mais aussi orientés vers une pratique du yoga ouvrant l’accession à l’aisance physique et donc à une meilleure maîtrise instrumentale et spirituelle.
Dominique Hoppenot (décédée en 1983) avec son ouvrage « le violon intérieur » qui, riche de son expérience de plus de 20 années d’enseignement du violon, a accumulé jour après jour des observations qui n’ont cessé de l’interroger. Très fortement sollicitée pour ses précieux conseils, elle décèle chez les musiciens, dans une forte proportion, des signes de souffrance qu’elle nomma « le mal du violon ».
Elle projette donc un éclairage totalement nouveau sur le fait que le jeu instrumental mobilise à la fois le psychisme, les ressources corporelles sollicitant l’être tout entier.
Elle propose un travail de l’intérieur, soit l’importance et le respect du corps, le rôle de la conscience de soi et la nécessité du plaisir, aboutissant sur une réalisation instrumentale et musicale harmonieuses par l’accomplissement de soi, tout au moins dans l’inconscient.

Florence Nivalle. Violon Baroque, violon moderne, Jeux intimement liés. Formation Médecine des arts-Musique. Introduction
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