Peinture et parkinson, des symptômes picturaux

Le cas clinique décrit par le Docteur Hideki Shimura met en évidence cette situation d’un changement drastique du style du peintre en relation avec la maladie de parkinson.
Monsieur X est un peintre de 68 ans, suivi pour un parkinson depuis 7 ans. La maladie a été révélée comme c’est souvent le cas par des signes moteurs : tremblements et une rigidité. Cet artiste ne présentait aucun signe psychiatrique, du système nerveux autonome et du sommeil.
Le traitement a reposé notamment sur la L. Dopa. Monsieur X est alerte, sans trouble du comportement particulier, sans symptôme d’agnosie, ni de démence. Le test HAD (dépression) était normal, les différents tests évaluant le système visuo-spatial incluant (test de rétention visuelle de Benton, des tâches de dessin géométrique etc.) était normaux.
Il présentait une expression du visage « en masque » et un tremblement de repos du membre supérieur gauche ainsi que des membres inférieurs. On retrouvait également une bradykinésie bilatérale, plus importante au niveau du membre inférieur gauche. Tremblement et micrographie se manifestait au cours de l’écriture. Le signe de la roue dentée était positif aux deux membres supérieurs et il pouvait lever une chaise qu’avec une certaine difficulté. Il accomplissait les activités quotidiennes qu’avec l’aide de son épouse.

Sur l’échelle de Hoehn et Yahr (1967) qui évalue de 0 à 5 le stade de la maladie de parkinson idiopathique, il était classé à 3.
Lorsque Monsieur X peint, son tremblement disparaît. Les examens d’imagerie cérébrale et électroencéphalogramme (EEG) se sont révélés normaux lors du dépistage de la maladie et 4 ans plus tard. Mais la tomographie d’émission monophotonique (TEMP) réalisé un an après le diagnostic montrait une hypoperfusion occipitale sévère.

Monsieur X, depuis l’âge de 20 ans réalisé des toiles de grands formats. Il exposait régulièrement ses peintures abstraites lors d’exposition d’art japonais notamment. Son style était purement abstrait. Mais 5 ans avant  le début de l’identification de la maladie (du diagnostic), il a commencé à présenter des difficultés pour réaliser ses œuvres abstraites, « il lui était difficile de déconstruire une image réaliste et de la reconstruire sous une forme abstraite ».
Un an avant l’apparition des premiers signes moteurs qui ont permis l’orientation du  diagnostic, il avait une incapacité à peindre des œuvres abstraites et son travail reposait progressivement alors sur une représentation réaliste. Lui-même trouvait que sa créativité s’était fortement amoindrie et il était peu satisfait de son travail de peintre. Pour autant, il va poursuivre son œuvre picturale mais en l’orientant clairement dans un style réaliste. Monsieur X maintiendra ainsi sa pratique artistique quelques années, avant de l’interrompre complètement du fait des troubles moteurs de sa main droite. Il continuera à s’intéresser pour autant à l’art et il va s’adonner à la photographie.