La respiration dans la parole et le chant selon Tarneau

Quoi qu’il en soit, il est habituel de distinguer les types principaux de respiration.

• 1. La respiration costo-abdominale profonde (fig 5, I), tant en inspiration qu’en expiration. C’est le type préférable et le plus usité, celui de la respiration régulière et souple. C’est le mode respiratoire que l’on rencontre chez les artistes qui disent : « Je ne sais comment je respire et je ne me suis jamais occupé de ma respiration ».
• 2. La respiration à prédominance costale (fig. 5, II). Que l’on rencontre surtout chez la femme. Celle-ci a en effet tendance, dans l’inspiration sans phonation, à élever la poitrine en raison de la forme de sa cage thoracique et du fait que cette élévation lui fait gagner une certaine capacité pulmonaire. Il est à noter qu’une respiration à prédominance costale implique la participation de l’abdomen mais dans une moindre mesure proportion que dans le type I. Cette respiration costale ne doit pas être costale supérieure, qui comporte l’élévation des épaules, car un tel mouvement ne se fait qu’avec la contraction des muscles du cou et du larynx et perturbe la phonation en entravant la libre sortie de l’onde sonore.
• 3. La respiration à prédominance abdominale (fig.5. III) dans laquelle les mouvements des parois de l’abdomen réalisent la majeure partie du travail expiratoire. De ce fait, le chanteur, qui en use, à l’impression que ses mouvements de respiration se font de bas en haut. Certains modes respiratoires sont particuliers et pas anormaux ; nous avons rencontré des chanteuses faisant carrière qui avaient une respiration costale supérieure en inspiration, mais dont la cage thoracique s’abaissait rapidement avant le début de la phonation. Il faut en effet faire une distinction entre l’élévation du thorax, constante aux deux temps de la respiration qui est un mode anormal et nuisible de respirer et la simple et légère élévation durant le seul temps inspiratoire, que ne procure aucune altération respiratoire et phonique.

Chez quelques chanteuses, on constante une rétraction de l’abdomen en inspiration, puis un bombement brusque de cet abdomen au début de l’expiration phonique, et ensuite, une rétraction progressive des parois abdominales. Il est certain que, si le chanteur conservait un abdomen rétracté, la phonation serait mauvaise, mais il y a une correction nécessaire et convenable au début de la phonation. Il y a lieu de penser que ces modes respiratoires, décrits par Schilling, Nadoleczny et nous-même, sont surtout utilisés pour la prolongation de la phase chantée. En définitive, des recherches sérieuses et minutieuses faites sur la respiration dans la parole et le chant on peut conclure que bien des modes respiratoires peuvent être adoptés et que chaque artiste, s’il peut rentrer dans l’un des types décrits plus haut, présente cependant, dans son mécanisme respiratoires des particularités propres.