La prosopagnosie ou comment Brad Pitt nous apprend un mot

David Fine est un médecin britannique. « "Il m’a fallu au moins trente ans pour m’apercevoir que ma reconnaissance faciale était inférieure à la moyenne et dix à quinze ans de plus pour comprendre que, dans la perception de la plupart des gens, les visages des individus sont uniques", raconte David Fine, 60 ans. Ce n’est qu’à 53 ans que son trouble, la prosopagnosie, est finalement diagnostiqué. Dès l’enfance, il compense naturellement ce handicap en observant les vêtements ou les coiffures. Mais ça ne marche pas toujours. Un jour d’école, il ne reconnaît pas son professeur principal dont la chevelure rousse est cachée par une écharpe. David oublie alors de soulever sa casquette, en signe de politesse, et écope de 100 lignes. Aujourd’hui, sa femme l’aide à suivre les films et les séries télévisées, lui expliquant qui est qui. "Cela devient bien plus compliqué au cinéma ou au théâtre, admet le médecin. Je reconnais les voix mais, malheureusement, je ne suis pas très doué pour cela". Il peine même à se reconnaître sur une photo. "Si la photographie a été prise sans que je m’en aperçoive, c’est bien plus compliqué et si l’on ne me donne pas d’indices, je n’arrive pas à me trouver moi-même", confie David. » [11]

David Fine est devenu médecin hospitalier et a choisi une spécialité où le visage est un peu plus secondaire, il était gastro-entérologue et se souvenait ainsi probablement de l’essentiel du patient !

Je vais vous dire ce qui va
Monsieur P. interroge le docteur Sacks qui avait consacré beaucoup de temps pour investiguer son trouble, en se rendant à son domicile et pour le voir dans son univers familier : « Vous avez-l’air de trouver que je suis un cas intéressant. Pouvez-vous me dire ce qui, à votre avis, ne va pas, et me faire quelques recommandations ? » A cette époque le docteur Sacks ne connaissait pas encore cette maladie, qu’il identifira plus tard.
Le docteur Sacks lui répond alors : « Je ne peux pas vous dire ce qui ne va pas, répliquai-je, mais je vais vous dire ce qui va. Vous êtes un merveilleux musicien et le musique est votre vie. Ce que je prescrirai dans un cas comme le vôtre, c’est une vie qui soit entièrement consacrée à la musique. La musique a été au centre de votre vie, maintenant livrez-lui toute votre existence ».

rédacteur : Docteur Arcier, fondateur de Médecine des Arts
Médecine des arts® est une marque déposée. Copyright médecine des arts©

[1] Jacques Jonas Prosopagnosie transitoire provoquée par stimulations intracérébrales de régions occipito-temporales spécifiques des visages. Thèse médecine, 2011
[2] June/July 2012 Esquire
[3] Olivier Sack. L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau. 1988. Seuil
[4] Levine DN, Calvano R. Prosopagnosia : A defect in visual configural processing. Brain and Cognition. 1989 ;10:149–170
[5] Sergent J, Villemure JG. Prosopagnosia in a right hemispherectomized patient. Brain.1989 ;112:975-995
[6] Hécaen H, Angelergues R. Agnosia for faces (prosopagnosia). Arch Neurol. 1962 ;7:92-100
[7] Damasio AR, Damasio H, Van Hoesen, GW. Prosopagnosia : Anatomic basis and behavioral mechanisms. Neurology. 1982 ;32. 331-341
[8] Sergent J, Signoret JL. Varieties of functional deficits in prosopagnosia. Cereb Cortex. 1992 ;2(5):375-88
[9] Sorger B, Goebel R, Schiltz C, Rossion B. Understanding the functional neuroanatomy of acquired prosopagnosia. Neuroimage. 2007 ;35(2):836-52
[10] Ingo Kennerknechtt et al. First Report of Prevalence of Non-Syndromic Hereditary Prosopagnosia (HPA). American Journal of Medical Genetics Part A 140A:1617–1622 (2006)
[11] Le télégramme, 3 janvier 2013

Médecine des Arts®    
715 chemin du quart 82000 F-Montauban
Tél. 05 63 20 08 09 Fax. 05 63 91 28 11
E-mail : mda@medecine-des-arts.com
site web : www.medecine-des-arts.com