La prosopagnosie ou comment Brad Pitt nous apprend un mot

Si les prosopagnosies peuvent être causées par une lésion ou une pathologie, ce trouble peut être génétique et se retrouver chez plusieurs membres d’une même famille. Une étude récente confirme cette hypothèse. Les chercheurs dirigés par Ingo Kennerknecht, MD de l’Institut de génétique humaine à l’Université de Münster en Allemagne, ont recruté 689 sujets provenant d’écoles secondaires locales et une école médicale et administré un questionnaire pour identifier ceux avec suspicion de prosopagnosie héréditaire. Ils ont trouvé 17 cas de la maladie et sur les 14 sujets qui ont consenti à des tests supplémentaires intrafamiliaux, tous avaient au moins un parent au premier degré qui avait aussi ce trouble. [10].
Ce groupe de chercheurs allemands a récemment indiqué que la prosopagnosie génétique était présente chez 2,47 % de la population. Contrairement aux autres formes de prosopagnosie, les sujets ne présentent aucune lésion cérébrale détectable par l’imagerie médicale courante.

Les sujets atteints essaient de compenser de manière consciente ou inconsciente leur déficit en utilisant trois stratégies :

• La stratégie de compensation, le sujet tente de reconnaître les personnes par d’autres caractéristiques, la voix, la démarche, les vêtements ou la couleur des cheveux. Monsieur P, le professeur de chant et de musique, avait de grande difficulté pour reconnaître ses élèves lorsqu’ils étaient immobiles dans la salle de cours, il n’étaient que de simples images, mais dès qu’ils bougeaient, il les identifiait. C’est Karl, s’écriait-il, je reconnais ses mouvements, sa musique corporelle ».
• La stratégie explicative, les prosopagnosiques ont un ensemble d’excuses prêt à servir pour expliquer le fait qu’ils ne parviennent pas à reconnaître quelqu’un, qu’ils ont besoin de nouvelles lunettes, qu’ils sont plongés dans leurs pensées, etc. « Monsieur P. était réputé pour avoir un sens de l’humour étrange… Au début, chacun prit ces erreurs bizarres pour des plaisanteries, et monsieur P. fut le premier à en rire. »
• La stratégie d’évitement, le sujet cherche à éviter les situations où il pourrait être incapable de reconnaître les visages.

Dans les cas génétiques, les sujets ont pris l’habitude d’utiliser ces stratégies pour finalement arriver à vivre avec, sans trop s’en rendre compte, surtout si le trouble est partiel et ne se manifeste qu’en dehors du cadre le plus familier. De ce fait d’ailleurs ce trouble est souvent diagnostiqué tardivement.