La douleur chez le musicien
TMS du musicien
Syndrome de surmenage spécifique
Il est représenté par les affections tendineuses, plus volontiers aiguës ou sub-aiguës. Elles sont en relation avec des efforts répétés, des postures inadaptées, une augmentation de l’intensité de jeu, du temps de jeu. Tous les instruments peuvent être responsables de trouble musculo-squelettique et de tendinopathies.
Ainsi peut-on rencontrer des tendinites des extenseurs et des fléchisseurs des doigts chez les pianistes et les violonistes. Chez ces derniers, l’épicondylalgie du bras tenant l’archet est également fréquente. De son côté, Alfred Brendel, l’illustre pianiste, confiait : « J’ai dû arrêter de jouer pendant trois mois à cause d’un tennis-elbow » [6]. Les tendinites de l’épaule, rencontrées notamment chez les violonistes et les instrumentistes à cordes, affectent essentiellement le muscle sus-épineux.
Syndrome de surmenage non spécifique
La physiopathologie du trouble n’est pas encore précisément élucidée et laisse la place à diverses hypothèses. La répétition du geste responsable de micro-traumatismes peut entrainer des lésions tissulaires susceptibles d’expliquer la douleur plus volontiers musculaire que tendineuse. Le syndrome de surmenage (overuse syndrome) qui touche l’appareil musculo-squelettique est lié à la répétition des efforts musculaires. C’est le trouble le plus fréquent des musiciens dont la principale cause est l’hyper-utilisation du geste avec en corollaire, des douleurs et une faiblesse musculaire. La durée de cette affection peut devenir une menace sérieuse pour la carrière d’un artiste ; dans 8% des cas, la symptomatologie s’estompe en moins d’un an, dans 57% des cas, elle persiste de 1 à 5 ans et, dans 35% des cas au-delà de 5 ans [7].
Syndrome de compression nerveuse
La mobilité, l’amplitude de certains mouvements exposent le musicien à des conflits des trajets nerveux. La mobilité de la main et du membre supérieur, les sensations requises pour la performance dépendent de la commande nerveuse et de sa qualité. Les nerfs vont cheminer de la sortie du rachis cervical jusqu’à l’extrémité des doigts dans des trajets parfois étroits, plaqués contre des arcades fibreuses, des surfaces osseuses. Les contraintes qui sont celles des musiciens mais également de nombre de métiers artistiques font que parfois les nerfs peuvent subir des compressions en passant à travers des canaux anatomiques étroits. Le syndrome du canal carpien en est une expression, même si celui-ci n’est pas le plus fréquemment rencontré chez les musiciens. Il existe de nombreuses formes cliniques et le dépistage de ces troubles demande un examen clinique précis en dehors de l’instrument mais également à l’instrument afin d’observer si le geste, la posture est la cause principale du trouble. La correction du geste inadéquat va pouvoir dans de nombreux cas résoudre le problème, et dans 4 à 5% des cas l’affection sera réduite par la chirurgie.
Une douleur familière
De statut professionnel souvent précaire, l’artiste apprend à surmonter sa douleur car il est difficile au dernier moment de s’arrêter ou de ne pas se présenter à un examen à un concert. La douleur doit toujours être pris en compte et entrainer une analyse afin de résoudre le problème posé. Ne pas écouter le symptôme douloureux expose parfois à des risques d’aggravation et de complication.
L’exemple de D., jeune guitariste, est emblématique des conséquences parfois extrêmes de la négation de la douleur. « D. présente depuis un mois une douleur et une gêne fonctionnelle de la main droite. La douleur est apparue alors qu’il modifiait son style de jeu sur les conseils d’un professeur. Il sentait que cette modification de style ne lui convenait pas au plan ostéo-articulaire et ligamentaire, mais il a cependant persévéré malgré la survenue de phénomène douloureux après chaque répétition. Jusqu’au jour où il a senti une vive douleur dans la main droite, la perception d’un claquement, puis peu à peu, une nette diminution des douleurs. En revanche, il ressentait toujours une gêne fonctionnelle au niveau de la main droite, notamment pour tenir le médiator, ce qui le handicapait sur le plan musical. A l’examen clinique, on retrouvait une rupture du long extenseur du pouce droit, lésion confirmée par le chirurgien qui du réaliser un transfert de l’extenseur propre de l’index sur l’extenseur du pouce [8] ».
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