Harcèlement moral chez les artistes. La mésaventure de Léa Seydoux
Harcèlement moral, orchestre, cinéma, baller,choeur...
Harcèlement moral et pratique professionnelle (orchestre, corps de ballet, choeur etc.)
Joane Benett, flûtiste au Chicago Symphony orchestra évoquait il y a quelques années ce sujet : « Fritz Reiner cherchait surtout à me faire craquer. En répétition, il s’acharnait sur les musiciens ; une semaine, il démolissait le trombone ; la suivante, il laminait le pupitre des violons en faisant répéter chacun d’entre eux séparément. Un sadisme intolérable : on n’expose pas en solistes des musiciens qui jouent surtout les uns par rapport aux autres (Télérama 2698, 26 sept 2001).
Harcèlement moral et cinéma, théâtre etc.
Dernièrement, les techniciens qui travaillaient sur le tournage du film qui a remporté le César du meilleur film (2013) avaient le jour même de la présentation à Cannes communiqué par l’intermédiaire de leur syndicat en dénonçant l’atmosphère particulièrement lourde du tournage proche « du harcèlement moral ». Nombre d’entre eux avaient abandonné leur travail au cours du tournage du film La vie d’Adèled’Abdellatif Kechiche. « L’atmosphère du tournage n’était pas « humaine ». « Il y a eu du mépris pour les conditions du travail, pour le repos de l’équipe et sa vie privée ». Le journal Le Monde et d’autres quotidiens avaient évoqué cette situation, mais finalement il y avait eu peu d’échos sur ce problème. Le film était consacré par le jury et le jugement des techniciens sur les conditions de travail paraissait secondaire. Le problème était clos.
Pourtant, ces derniers jours, les actrices elles-mêmes, dans une interview accordée à un journal anglo-saxon parlaient de ce problème. Abdellatif Kechiche est un réalisateur talentueux certes, mais Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos insistent sur « le manque d’égards du réalisateur, notamment lors des prises difficiles »
…« La plupart des gens n’oseraient même pas demander ce qu’il a demandé. Ils seraient plus respectueux », fait remarquer Adèle Exarchopoulos, qui regrette que personne ne les ait rassurées pendant cette scène délicate et intime, dont le tournage a duré dix jours. « À un moment, tu comprends que tu vas être nue tous les jours et dans différentes positions sexuelles, et c’est assez difficile ».
Les deux femmes évoquent un réalisateur perfectionniste, mais aussi colérique. Elles racontent comment, lors de cette même scène, il est entré dans une colère noire. « Après 100 prises, je marchais à côté d’Adèle et j’ai un peu ri, car nous avions marché à côté l’une de l’autre en jouant cette scène où l’on baisse les yeux toute la journée », se souvient Léa, qui explique : « Kechiche est devenu tellement fou qu’il a attrapé l’écran de contrôle sur lequel il regardait et l’a jeté au milieu de la rue, en criant : “Je ne peux pas travailler dans ces conditions !” » « C’était vendredi et on voulait aller à Paris et voir nos familles, mais il ne voulait pas », renchérit Adèle.
Autre souvenir terrible du tournage, une scène de bagarre entre les deux filles. « C’était horrible », affirme Adèle. « Elle m’a frappée tellement de fois, et Kechiche criait : “Frappe-la ! Frappe-la encore !” » D’après les actrices, les coups échangés n’avaient rien de fictif. « Aux États-Unis, on aurait tous été en prison », assure Léa. « Pendant la prise, je devais la pousser à travers une porte en verre et crier “Maintenant, va-t-en !” Adèle a percuté la porte, s’est coupée et saignait de partout ». « Non, on n’a pas fini. On la refait », aurait été la réponse de Kechiche à ce moment-là.
De ce tournage mouvementé et épuisant, les deux actrices gardent un souvenir plus que mitigé. « C’était horrible ! » répond simplement Léa. « Kechiche est un génie, mais il est torturé », analyse Adèle. « Nous voulions donner tout ce que nous avions, mais on sentait parfois une sorte de manipulation qu’il était difficile de supporter. Ce fut un bon apprentissage pour mo i », tempère-t-elle.
Une chose est sûre, il est peu probable que les deux actrices, dont on parle pour la sélection des Oscars, retravaillent avec Kechiche. « Je ne pense pas », répond Adèle quand on lui pose la question, tandis que Léa lâche : « Jamais » (Le Figaro 02/09/2013)
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