Edith Piaf
Une Femme du peuple
« Fille de saltimbanques
Édith Piaf est née le 19 décembre 1915 dans un quartier populaire de Paris, le XXe arrondissement, au sein d’une famille modeste de saltimbanques, qui représente le prolétariat du monde du spectacle. Son père, Louis Gassion, était acrobate et contorsionniste, son grand-père était écuyer de cirque, ses tantes étaient acrobates ou trapézistes, sa grand-mère maternelle aurait été dresseuse de puces... Sa mère Line Marsa était quant à elle une modeste chanteuse réaliste.
Loin des grands cirques bourgeois parisiens, ce milieu est celui des petites troupes itinérantes de province et des spectacles de rue. Le tapis qu’on déroule sur le trottoir pour faire son numéro sera un objet important dans le souvenir que Piaf gardera des années passées à voyager de ville en ville avec son père. C’est à ses côtés qu’elle commence à chanter pour stimuler la quête dans les cafés, les casernes ou les lieux de plein air. Plus tard, elle côtoie aussi des artistes de cirque dans les spectacles de music-hall auxquels elle participe. Le monde du cirque se retrouvera dans son répertoire (Bravo pour le clown, Le Chemin des forains, On cherche un Auguste).
Paris sera toujours Paris
Après des années d’itinérance, Édith Piaf retrouve Paris à la fin des années 1920. C’est une période d’émancipation, elle quitte son acrobate de père pour voler de ses propres ailes, vit de petits emplois, forme son propre trio pour se produire dans les casernes. Surtout, elle chante dans les rues de Paris, son premier décor, entre Belleville, Ménilmontant puis Pigalle, en compagnie de Simone Berteaut, demi-sœur de légende et vrai mauvais génie, qui l’entraîne dans des relations pas toujours recommandables. À partir des années 1940, Édith Piaf habitera dans les quartiers chics de Paris, près de l’Étoile ou boulevard Lannes, mais elle n’adoptera jamais pour autant un mode de vie bourgeois. Paris est très présent dans les chansons de ses débuts, en particulier Montmartre, Pigalle, les quartiers des bars, des cabarets et de la vie nocturne. Le répertoire réaliste met en scène les prostituées, les voyous, qui vivent dans ce qu’on appelait la « zone », les quartiers périphériques et populaires, (Entre Saint-Ouen et Clignancourt). La chanteuse se place toujours du côté des miséreux contre les riches comme dans J’m’en fous pas mal, De l’autre côté de la rue ou Les Amants d’un jour. Dans le film Montmartre-sur-Seine (1941) où elle joue le rôle de Lily, on retrouve tout ce peuple de Paris dont elle est proche. Cette facette du personnage, qui chante la misère et le Paris populaire, a créé des liens avec de nouvelles générations d’artistes, comme Les Négresses vertes, eux aussi originaires de Belleville, avec la population du XXe arrondissement également, où son souvenir est très présent : on y trouve une place à son nom avec sa statue et une plaque sur sa maison natale, 72 rue de Belleville. Édith Piaf élargit ensuite son horizon, chante tout simplement Paris, l’incarne encore au ciné- ma comme dans Paris chante toujours. Paris, Les Amants de Paris, Sous le ciel de Paris, Marie la Française sont autant de chansons qui participent à la construction de l’image mythique et touristique de la capitale avec ses monuments, de Montmartre à Montparnasse, le Paris éternel de Willy Ronis ou de Robert Doisneau.
De la popularité à la célébrité
Piaf doit en partie sa popularité à la figure qu’elle a construite pendant la période de la seconde guerre mondiale. À la Libération, son voisinage peu glorieux avec l’occupant semble passer au second plan derrière son engagement en faveur des soldats : elle s’est produite dans les casernes et a chanté les légionnaires (Le Fanion de la légion, Où sont-ils tous mes copains ? ). Elle participe à des galas au profit des familles des prisonniers de guerre et leur rend visite en Allemagne. Elle réussit cependant à dépasser la dimension propagandiste de ces opérations en témoignant une compassion sincère pour le malheur des Français durant cette période. Apolitique, elle ne sera jamais considérée comme une résistante, mais elle saura incarner un certain patriotisme des petites gens et apparaître comme la « Marianne des pauvres ». Piaf doit aussi sa popularité à ce lien fort qu’elle gardera toute sa vie avec le grand public grâce à aux innombrables tours de chant donnés aussi bien dans les salles prestigieuses de la capitale que dans des cinémas de province, grâce aussi à la radio. En témoignent les nombreuses lettres d’admirateurs, la foule des anonymes présents à son mariage avec Théo Sarapo comme à son enterrement et aujourd’hui les milliers de fans sur sa page Facebook ...
À l’occasion du centenaire de sa naissance, la BnF consacre une grande exposition à Édith Piaf
Réunissant des centaines de documents de toute nature - dont certains totalement inédits - qui évoquent son destin de chanteuse des rues devenue idole populaire et icône internationale, l’exposition permet au visiteur, équipé à l’entrée d’un audio guide universel, de voir et vivre une immersion dans le monde de PIAF à travers une scénographie spectaculaire et un riche parcours musicale et audiovisuel.
Devenue une véritable icône, Édith Piaf a toujours gardé une liberté et une simplicité étonnantes. L’exposition tentera de préserver cette tonalité un peu rebelle, décalée, moins conventionnelle de Piaf, et de rappeler que pour elle la célébrité n’a aucune importance face à l’incandescence de la scène, que l’argent et le confort pèsent peu par rapport aux amants et aux amis, et que le chagrin le plus noir peut toujours être dissipé par un grand éclat de rire, un grand « J’m’en fous pas mal ».
Exposition du 14 avril au 23 août 2015 (du mardi au samedi de 10h à 19h et le dimanche de 13h à 19h)
L'article biographie est extrait du document de presse de cette expositon à la BnF (Bibliothèque natioale de France)