Bruxisme chez les violonistes et altistes
Qu’est-ce que le bruxisme ?
Le bruxisme (du grec brugmos βρυγμος) signifie littéralement "grincement de dents" ; c'est un trouble stéréotypé et périodique, rythmique ou spasmodique, qui se manifeste par des mouvements de serrement ou de friction des dents généralement associés à des troubles du sommeil.
Le bruxisme s’accompagne au moins de ces trois symptômes :
- usure des dents
- présence de bruits dentaires (ces bruits ne sont présents que dans 20 % des épisodes de bruxisme)
- douleur ou inconfort au niveau des muscles de la mâchoire.
On distingue deux formes de bruxisme :
- le bruxisme diurne (bruxisme d'éveil), qui se manifeste par des activités majoritairement toniques, c'est-à-dire des contractions musculaires soutenues pendant plus de deux secondes. Cela se manifeste par un réflexe de serrement de la mâchoire lors d'une situation stressante ou en présence d'une anxiété [6] ;
- le bruxisme nocturne (bruxisme du sommeil), qui est une parasomnie et une activité orale parafonctionnelle caractérisée à la fois par le serrement des maxillaires (activité tonique) et/ou par une contraction rythmique des muscles masticateurs masséters et temporaux qui se traduit par la friction des dents.
Le bruxisme diurne est considéré comme une réelle parafonction, un tic quotidien, tandis que le bruxisme nocturne trouverait ses origines au niveau du système nerveux central (SNC), avec notamment une forte influence psychoaffective [5]. Selon Carra, environ 1/3 des patients atteints de bruxisme nocturne retrouvent cette habitude en journée [6].
On distingue également :
- le bruxisme primaire ou essentiel ou idiopathique, c’est-à-dire qu’il n’est pas en lien avec une pathologie, un traitement médical ou tout autre affection socio-psychologique sous-jacente. Il s’explique par un trouble comportemental du SNA (système nerveux autonome) et se caractérise par un serrement dentaire dans la plupart des cas [6] ;
- le bruxisme secondaire iatrogène, "secondaire à une pathologie sous-jacente à des troubles neurologiques ou psychiatriques, à des troubles du sommeil, ou encore secondaire à une thérapie médicamenteuse. Il s’explique donc par une origine neuropathique et se manifeste le plus souvent par une friction dentaire [6] [7] [8] [9].
Le bruxisme est la plus fréquente des activités parafonctionnelles du système masticatoire. Selon la méthode de diagnostic, il peut toucher de 6 à 91 % de la population générale. En moyenne, les muscles masticateurs s'activent la nuit chez 60 % de la population, mais le bruxisme réel diagnostiqué par des méthodes approuvées concerne 8 % de la population adulte [5].
Auparavant, on estimait que le bruxisme était causé principalement par des interférences occlusales et des troubles anatomiques morphologiques de la structure dentaire. Aujourd’hui, les études affirment que l’occlusion exercerait une part mineure en comparaison des facteurs psychologiques. Il n’y a encore aucune preuve scientifique exprimant une quelconque relation possible entre les facteurs occlusaux et le bruxisme [10]. Cependant, les malocclusions sont tout de même suspectées, à juste titre, de jouer un rôle minime au niveau du bruxisme excentrique [6].
Ces facteurs augmentent le risque de bruxisme :
- Le stress. Une anxiété ou un stress accrus peuvent entraîner le grincement des dents. La colère et la frustration aussi.
- L'âge. Le bruxisme est fréquent chez les jeunes enfants, mais il disparaît habituellement à l'âge adulte.
- Type de personnalité. Avoir une personnalité agressive, compétitive ou hyperactive peut augmenter le risque de bruxisme.
- Médicaments et autres substances. Le bruxisme peut être un effet secondaire rare de certains médicaments psychiatriques, comme certains antidépresseurs. Fumer du tabac, boire des boissons caféinées ou de l'alcool, ou consommer des drogues récréatives peut augmenter le risque de bruxisme.
- Membres de la famille atteints de bruxisme. Le bruxisme du sommeil a tendance à se produire chez d'autres membres de la famille. Si vous souffrez de bruxisme, d'autres membres de votre famille peuvent également souffrir de bruxisme ou en avoir déjà souffert.
- Autres troubles. Le bruxisme peut être associé à certains troubles mentaux et médicaux, comme la maladie de Parkinson, une maladie psychiatrique, le reflux gastro-oesophagien (RGO), l'épilepsie, les terreurs nocturnes, les troubles liés au sommeil comme l'apnée du sommeil et le trouble de déficit de l'attention/hyperactivité.
Les conséquences du bruxisme
Il peut avoir des effets dommageables :
- sur les structures orofaciales, des problèmes dentaires (usure, attrition et bris des dents et/ou des restaurations et implants dentaires) ;
- sur le système musculo-squelettique (hypertrophie des muscles de la mastication et douleurs temporo-mandibulaires) ;
- Il peut être responsable de maux de tête, favoriser des troubles posturaux.
Le traitement du bruxisme
De nombreuses thérapeutiques sont proposées, indiquant là le caractère multifactoriel de ce trouble.
Le traitement est pluridisciplinaire et en relation avec les éventuels facteurs favorisants, avec une prise en charge spécialisée odontologique, rééducative, psychologique et notamment pour le musicien avec des spécialistes de la Médecine des arts-musique.
Rédacteur Docteur Arcier pour Médecine des arts®
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Bibliographie
[1] Anaïs Maviel. Bruxisme : quelle place pour l'anxiété et le stress en soins premiers. Thèse chirurgie dentaire 2018.
[2] F. J. Rodriguez Lozano, Sdez Yuguero, A. Bermejo Fenoll. Bruxisme Related to Violin Playing. MPPA mars 2008.
[3] Kovero O, Kononen M, Pirinen S. The effect of violin playing on the bony facial structures in adolescent. Eur J Orthod 1997, 19(4) : 369-375.
[4] Hirsch JA, McCall WD, Bishop B. Jaw dysfunction in viola and violin players. J Am Dent Assoc 1982; 104 : 838-843.
[5] Wrigh EF, Domenech MA, Fischer JK. Usefulness of posture training for patients with temporomandibular disorders. J Am Dent Assoc 2000; 131 (2): 202-210.
[6] Agathe Dean. Le Bruxisme : étiologies et traitements complémentaires au port de la gouttière. Thèse chirurgie dentaire 2017.
[7] Murali R, Rangarajan P, Mounissamy A. Bruxism: Conceptual discussion and review. J Pharm Biollied Sci. 2015; 7 (5) : 267.
[8] Wieckiewicz M, Paradowska-Stolarz A, Wieckiewicz W. Pyschosocial Aspects of Bruxism. J Int Oral Health JIOH. 2014; 6 (6) : 105-9.
[9] Brocard D, Lalluque JF, Knellsen C. La gestion du bruxisme. Paris Quintessence International, 2008.
[10] Lobbezoo F, Van Der Zaag J, Baeije M. Bruxism, its multiple causes and its effects on dental implants - an updated review. Journal of Oral Rehabilitation. 2006 Apr; 33 (4) : 293-300.
Bibliographie Médecine des Arts sur les problèmes temporo-mandibulaires
Frédéric Haïm. Rétrognathie mandibulaire du violoniste.
Revue Médecine des Arts. N°1
Lionel Guilbert. Lésions mandibulaires associées à la posture chez le violoniste. Revue Médecine des Arts N°6
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