Anche

Anche libre

Il reste enfin à parler succinctement de l’espèce d’anche appelée libre.

L’anche libre diffère de l’anche battante en ce que la lame, lorsqu’elle est mise en vibration, au lieu de frôler le bec qui lui sert de support, s’ajuste dans la rigole de ce bec sans en toucher les parois, de telle sorte qu’elle vibre librement dans l’air sans rencontrer d’obstacle.

Cette espèce d’anche était tombée en oubli jusqu’au commencement de ce siècle ; ce fut vers 1812 qu’un amateur distingué, M. Grenié, en découvrit de nouveau l’application et la soumit, à cette époque l’application et la soumit, à cette époque, à l’attention de l’Académie des sciences.

Une des propriétés de l’anche libre est de pouvoir subir l’action du vent, sous différents degrés d’intensité, sans varier sensiblement d’intonation. Cette particularité permet, en ménageant ou en renforçant à volonté la force du souffle, de produire ce qu’on est convenu d’appeler des nuances d’expression. Mais ces nuances, sans accent, sans vie, et d’une qualité de son sans consistance, ne peuvent satisfaire que le vulgaire, et n’intéressent pas les artistes sérieux.

C’est sur les principes de l’anche libre, posés par Grenié, qu’on a établi, dans ces derniers temps, les accordéons, les harmoniums et toutes les petites orgues expressives qui ont pris, de nos jours, un si grand développement. On a construit aussi, au moyen de l’anche libre, quelques jeux d’orgue appelés euphone, cor anglais, etc. ; mais l’usage s’en est très peu répandu dans la construction des grandes orgues, parce que ces jeux, outre la faiblesse de leur sonorité, ne se maintiennent pas d’accord avec les autres jeux.

En résumé, le son de toute anche libre, quoique doux et assez séduisant au premier abord, ne tarde pas à provoquer une sensation fade, fatigante, et qui n’est pas du vrai domaine de l’art. Cette sorte d’anche est comme une fibre molle qui cède à la moindre pression, mais qui n’est pas en communication avec les ressorts mystérieux de l’âme.

Dictionnaire de l'Académie des Beaux-Arts. Tome II
Paris, Typographie de Firmin Dido Frères, Fils et Cie, 1868


 

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