La douleur chez le musicien
Le squelette mis à rude épreuve
La souffrance du musicien
Trois musiciens d’orchestre sur quatre souffrent d’affections diverses d’origine professionnelle pendant leur carrière… La fréquence de ces troubles de la santé en relation avec la pratique musique sont tels qu'une prise en charge spécifique devient nécessaire
La pratique d’un instrument est rarement fondée sur des principes ergonomiques et la posture du musicien est souvent une mise en contrainte du corps. L’apprentissage d’un instrument et l’exercice professionnel sont organisés autour de gestes répétitifs, il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la douleur soit le symptôme le plus fréquemment rapporté par ces artistes. Dès le XVIII° siècle, Ramazzini, un médecin de Modène, s’était ému de cette situation : « Il n’y a aucun exercice, si nécessaire et si peu nuisible, qui ne puisse causer de grands maux lorsqu’on en fait excès. Ce fait est connu des maîtres de musique, des chanteurs … et tous ceux qui font le métier de parler ou de chanter savent combien cet exercice continuel est nuisible. [1] »
Chaque année, nombreux sont les musiciens de tous âges obligés d’interrompre, parfois définitivement leur pratique musicale du fait d’un problème de santé en relation avec leur pratique. On estime que trois musiciens d’orchestre sur quatre souffrent d’affections diverses d’origine professionnelle pendant leur carrière [2]. Ainsi il semble que la pratique musicale, source de tant de plaisir, de bonheur, soit aussi responsable de beaucoup de souffrances. D’après une étude [3] auprès de 56 orchestres internationaux, 50 % des musiciens présentent des douleurs pendant le jeu et 83% estiment que leur enseignement ne les a pas préparés à la contrainte physique et psychique de la performance scénique. Au sein du Conservatoire de Göteborg (Suède), 89 % des étudiants en musique indiquent avaient expérimenté dans les douze derniers mois un phénomène douloureux [4]. La cause des douleurs est alors attribuée à leur activité musicale pour 49% des hommes et 53% des femmes. Ces douleurs sont de plus considérées comme un obstacle à la performance scénique par 44% des élèves.
Peu de pratiques instrumentales sont en fait dénuées de symptomatologie douloureuses tant le geste est répétitif et spécialisé.
Le squelette mis à rude épreuve
« La contrebasse est la revanche du siècle. C’est l’instrument type de l’époque. Elle fait souffrir mais je reste fidèle à cette bonne boîte », indique Joëlle Léandre [Le monde, 9 janvier, 1998]. La contrebasse, comme tous les instruments, met en contrainte l’appareil musculo-squelettique. La main et le membre supérieur sont les premiers instruments de l’artiste pour la plupart des instruments en dehors des instruments à vent ; ils seront aussi les premiers exposés. « Je n’avais jamais eu, reconnaissait Cortot, la main du bon Dieu. A force de travail, je réussis à améliorer mon outil [5].
Car il s’agit bien d’un outil. La perfection de la main du musicien n’a d’égale que sa fragilité.
Le trouble le plus fréquemment rencontré chez le musicien est le syndrome de surmenage. On distingue le syndrome de surmenage spécifique représenté par les affections tendineuses (tendinopathies) et le syndrome de surmenage non spécifique (syndrome douloureux non spécifique)
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