Stress et comportement managérial chez les artistes

Performance sociale
On oublie souvent que les organisations culturelles d’une certaine dimension sont managés souvent avec des méthodes classiques comme de nombreuses entreprises dans le champ industriel et commercial. Dans les orchestres symphoniques, conservatoires de musique, compagnies de danse de théâtre ou de cirque, studios de cinéma, maisons de production, parcs d’attraction, les artistes sont gérés par des managers. On méconnaît souvent que l’ambiance, les facteurs psychodynamiques et organisationnels sont manager-dépendants. Une récente étude a étudiée le rôle et l’importance de la qualité du management et du manager sur la santé psychologique et physique des salariés. Les acteurs de santé de terrain, médecins du travail, assistantes sociales, infirmières, ont depuis longtemps constaté que la manière de faire et d’être des managers joue un rôle non négligeable dans la motivation des salariés, la perception du stress, dans la qualité des pratiques y compris lorsque ce sont des artistes.
Les managers qui travaillent dans le champ artistique sont peu formés à la dimension sociale et motivationnelle d’une équipe comme cela existe dans d’autres secteurs et lorsqu’ils sont formés, les applications qu’ils en font, souvent ne correspondent pas au nouveau milieu dans lequel ils exercent. Le fait que les artistes soient passionnés par leur métier ne doit pas les tenir à l’écart des avancées sociales les plus banales.

Comportements psychosociaux des managers
Les comportements des managers, le climat psycho-organisationnel qu’ils induisent ont une relation avec la situation de santé dans le domaine cardio-vasculaire des salariés qui dépendent d’eux. La corrélation avec ces paramètres comportementaux est significative. Une étude récente a pris comme axe de travail l’observation des relations entre le manager et ses subordonnées, la manière dont il traite les individus sur le plan pyscho-organisationnel, en un mot sa personnalité. Ces travaux se sont centrés sur la manière dont il délivre ces messages en relation des objectifs attendus (clairs ou ambigus), les informations qu’il délivre et les feed-backs informatifs qu’il met en place, le dialogue sur ces sujets, sa capacité à mettre en œuvre les changements adaptatifs dans les activités professionnelles, l’encouragement des individus ainsi que la façon dont il les place pour qu’ils se sentent participer à la tâche et à sa maîtrise. Ces chercheurs ont utilisé l’échelle du Stress Profile qui est utilisée en général pour mesurer le stress psychosocial et environnemental au travail, en centrant leur recherche sur un aspect particulier de ce stress, la dimension du comportement managérial.

Risques cardio-vasculaires et comportement managérial
Il s’agissait d’une étude prospective qui s’est déroulée sur 10 ans sur un échantillon de plusieurs milliers de salariés de sexe masculin. La moyenne d’âge de l’échantillon était de 42 ans. Les salariés, à l’exception des managers, ont évalué les comportements managériaux, et parallèlement sur cette durée était enregistrés les troubles cardiaques de ces salariés : infarctus du myocarde, angor instable, décès par cardiopathie ischémique. Les résultats de cette étude montrent une relation significative entre les critères managériaux définis dans le test et les troubles cardiologiques retrouvés dans la population. Ces résultats sont indépendants des autres facteurs qui pourraient jouer un rôle éventuel dans le risque cardiologique tels que le niveau d’éducation, de revenus, de statut hiérarchique, de charge physique au travail, du tabagisme, de la pratique d’une activité physique, de l’indice de masse corporelle, de la tension artérielle, du taux de lipides, de fibrinogène, de la glycémie (diabète). Les résultats obtenus sont indépendants de ces variables. Plus les personnes ont travaillé longtemps dans la même situation, plus l’association de ce risque managérial et des troubles cardiologiques est forte. Le score du test donne une relation inverse, c’est-à-dire plus il est élevé, plus le risque managérial est faible.