Facteurs de risque et mécanisme de la pathologie chez le musicien

Le jeu instrumental : un sport de haut niveau ?

Le jeu instrumental : un sport de haut niveau ?
On estime que certains musiciens peuvent jouer de 20 à 30 notes par seconde, ce qui implique 400 à 600 actes moteurs distincts. Une telle précision et une telle dextérité ne peuvent s’acquérir qu’au prix d’un long apprentissage, comportant une répétition infinie des gestes spécifiques susceptibles de générer des troubles musculo-squelettiques [1] ; Le côté répétitif de l’apprentissage et du jeu est lourd de conséquences ; il marque toute la personne, autant psychologiquement que physiquement. Le corps, outil premier, tel un livre, garde tout en mémoire. Notre corps donne corps à nos mots. Mais quand celui-ci donne corps à nos maux, la pathologie s’installe.

Les musiciens ont une utilisation athlétique de leur corps, sans en avoir toujours conscience. La pratique instrumentale peut être assimilée à la pratique sportive de haut niveau [2] ; [3] ; [4] ; [5] et les troubles fonctionnels qui en découlent s’y s’apparentent aussi.

Imaginez courir le marathon - ou faire votre footing quotidien du pâté de maisons - sans une bonne préparation physique, sans vous échauffer, et sans vous étirer après. Les conséquences seraient désastreuses. L’implication physique dans la pratique soutenue d’un instrument est sans équivalent. Les gestes sans cesse répétés, de plus dans des positions qui sont tout sauf naturelles, usent le corps du musicien comme celui de l’athlète.
Sans une bonne endurance, un concert de deux ou trois heures n’est pas envisageable. Certaines compositions demandent un effort physique beaucoup plus important que d’autres. Elles sont d’ailleurs réputées pour cette caractéristique. Le concerto numéro 2 pour piano de Rachmaninov conduirait à un effort physique équivalent au soulèvement de 2 tonnes ! Il s’ensuit une surcharge fonctionnelle sur certains muscles associée à une sous-utilisation d’autres [1]. Chez un musicien sédentaire, les conséquences peuvent être ravageuses.
La faiblesse du maintien des épaules est présente chez la plupart des musiciens, qui mettent toutes les contraintes dans les muscles de l’avant-bras et de la main. Ce déséquilibre musculaire, associé au maintien souvent prolongé d’une certaine position, entraîne une fatigue excessive et des tensions musculaires importantes.

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