Stress chez les musiciens d’orchestre

Pour Pilger et son équipe les résultats sont clairs en situation de stress aigu ; le jour du concert, la myeloperoxydase augmente tout autant que la libération du cortisol. Mais cette réaction n’est pas univoque, du moins du même niveau selon les rôles sociaux. Le chef d’orchestre et les premiers violons ont des niveaux moyens de myélopéroxydase plus élevés que l’ensemble des autres musiciens de l’orchestre lors de la répétition générale, ainsi que le jour de la première.

Mauvaise humeur et stress

Ces marqueurs inflammatoires sont également influencés par les émotions, l’humeur des musiciens. Lorsque les musiciens auto-évaluent leurs émotions par rapport à leur pratique, plus celles-ci sont positives, plus la libération de myélopéroxidase est minorée et inversement, plus les émotions sont estimées négatives, plus la libération de myélopéroxydase est élevée. Cette tendance a été observée également pour le taux de cortisol, mais dans ce cas l’influence de niveau d’activation (niveau d’éveil, ou d’excitation physiologique) joue un rôle plus important. Le stress social chez les musiciens d’orchestre est une réalité qui va à l’encontre des idées générales sur les pratiques musicales, qui donnent à penser qu’il s’agit d’un « métier de rêve » (job dream), et que de ce fait les humeurs et émotions devraient être systématiquement bonnes et positives lorsqu’on travaille dans ce contexte. Pilger formule que l’humeur positive au sein de l’orchestre n’est pas systématique. Les études dans ce domaine ont montré que même les musiciens souffrent d’ennui et de monotonie comparables à d’autres métiers et si c’est un métier de rêve, pour certains au sein de ces organisations ce n’est parfois pas le cas et de toute manière cela ne les exonère pas de subir un stress pathogène.

Les facteurs de stress  dans les orchestres

De nombreux facteurs interagissent pour déterminer l’état émotionnel des musiciens au sein des orchestres. Effectivement il existe des facteurs personnels et familiaux favorisant le stress, mais les organisations, le style de management, les enjeux de pouvoir, les relations interpersonnelles au sein des orchestres, la manière de soutenir les musiciens sur le plan social, de la santé, de la sécurité, sont des facteurs puissants de stress. Cette étude met en évidence l’importance qu’il faut accorder au stress au sein des orchestres du fait de son effet potentiellement péjoratif sur le plan vasculaire. Ce risque peut être limité en agissant sur le stress et les facteurs qui le déclenchent, notamment sur le plan socioprofessionnel. Développer une valence positive, la motivation des musiciens d’orchestre, et la santé des musiciens en sera d’autant meilleure.

Rédacteur Docteur Arcier pour Médecine des arts®
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A. Pilger, H. Haslacher, E. Ponocny-Seliger, T. Perkmann, K. Böhm, A. Budinsky, A. Girard, K. Klien, G. Jordakieva, L. Pezawas, O. Wagner, J. Godnic-Cvar, R. Winker. Affective and inflammatory responses among orchestra musicians in performance situation. Brain, Behaviour and Immunity, December 2013 DOI:10.1016/j.bbi/2013.10.018