Maladie d’Osgood-Schlatter chez le danseur

Comment se manifeste la maladie d’Osgood-Schlatter ?

maladie d'Osgood, danse

Il s’agit d’un trouble musculo-squelettique typique de l’adolescence qui se manifeste généralement chez un jeune danseur ou une jeune danseuse, ou chez un circassien investi physiquement dans sa pratique et éventuellement dans des activités sportives annexes.
Ce sont les douleurs des genoux (gonalgies) qui dominent dans le tableau clinique, il s’agit de douleurs antérieures d’effort, mais que l’on peut retrouver de manière spontanée en fin de journée, aggravées par la mise à genou. On remarque une proéminence de la tubérosité tibiale antérieure, un léger œdème de la région péritendineuse.
La douleur est intermittente, particulièrement aggravée par les activités physiques comportant le saut, l’accroupissement ou l’agenouillement. Cette douleur est la principale gêne durant et après la pratique artistique et c’est celle-ci qui amènera le jeune à consulter. Cette gêne douloureuse est souvent corrélée à des efforts consentis dans ces pratiques et en dehors de celles-ci.

épiphysite de croissance

A l’examen clinique, la douleur est aisément reproductible au niveau de la tubérosité tibiale antérieure surtout dans sa zone distale (au niveau de l’insertion du ligament rotulien) ; elle est mise en évidence également dans la mise en extension du genou contre résistance. Parfois on note une tension du quadriceps, des ischio-jambiers et du triceps sural.
« Très souvent, la distance talon-fesse est augmentée, témoignant d’un raccourcissement fonctionnel du quadriceps. La mesure de l’angle poplité montre aussi souvent une rétraction des muscles ischio-jambiers. Aux stades avancés, une voussure peut être visible à la partie antérieure du genou » [3]. Le genou reste sec, parfaitement mobile et centré.

Les formes cliniques de maladie d’Osgood-Schlatter

Plusieurs formes cliniques peuvent être distinguées selon les critères proposés sur les tableaux de surmenage par l’Académie Américaine de Pédiatrie.
 

« Forme simple

Antécédent de douleur post-effort, douleur peu fréquente, pas de douleurs nocturnes, ni de douleurs à la marche, pas de signes inflammatoires cutanés importants, de douleurs isolées, d’une ou des deux tubérosités tibiales.

Forme inflammatoire

La déformation en regard de la tubérosité tibiale (TTA) est importante, associée à une rougeur et une douleur ne supportant pas la palpation. La douleur est fréquemment ressentie à la marche et correspond souvent à une forme tardive. Les douleurs initiales n’ont pas été signalées, ou n’ont pas fait l’objet d’une prise en charge adaptée. Danowski distingue la phase aiguë de douleur vive ressentie lors de la pratique sportive puis dans la vie quotidienne, de la phase chronique plus sourde avec des signes locaux plus discrets et une recrudescence des douleurs à l’effort. La prise en charge médicale comporte des anti-inflammatoires locaux, un glaçage et l’arrêt de la pratique sportive jusqu’à sédation des douleurs, puis un aménagement personnalisé [4]. Il faut informer la famille du risque de complication à type de fracture arrachement (en fonction du stade d’ossification et de l’aspect du noyau).

Forme hyperalgique
Elle est fréquente en cas de fragmentation brutale de la tubérosité tibiale (TTA) (6), ou d’absence de compliance du jeune sportif aux consignes d’aménagement. L’immobilisation par attelle durant 3 semaines est une indication.

Fracture arrachement
La fracture d’arrachement avec épisode aigu brutal (classification de fracture de la tubérosité tibiale antérieure par Ogden) est souvent précédée de ce que les auteurs appellent « le syndrome de menace », l’enfant et sa famille n’ayant pas pris en compte la souffrance chronique de la TTA. L’impotence est immédiate et associée à une douleur intense de la TTA. Elle nécessite une prise en charge chirurgicale immédiate". [5]

Une autre distinction peut être apportée selon l’évolution de la maladie.

L’évolution est caractéristique et comprend une phase aiguë, une phase secondaire et une phase séquellaire.
 

Phase aiguë de la maladie d’Osgood-Schlatter

"La phase aiguë associe des symptômes cliniques (tuméfaction, œdème et douleurs), qui persistent pendant plusieurs semaines avec des périodes de rémission plus ou moins complètes et des récurrences à l’occasion d’activités physiques ou de microtraumatismes surajoutés : toute sollicitation mécanique excessive réveille la réponse inflammatoire et douloureuse : la radiographie est souvent normale à ce stade mais élimine tout autre diagnostic.

Phase secondaire de la maladie d’Osgood-Schlatter

La phase secondaire est marquée par une tuméfaction plus ou moins sensible durant laquelle les ossifications et des images anormales apparaissent sur les radiographies, au-dessus et à distance du noyau tubérositaire antérieur remanié ; la résolution spontanée ou post-thérapeutique survient dans la plupart des cas avec disparition définitive de la symptomatologie ; une hypertrophie et des modifications morphologiques de la tubérosité antérieure persistent et peuvent représenter un préjudice esthétique.

Phase séquellaire

Des séquelles sont parfois observées à l’âge adulte.
Une gêne fonctionnelle notable peut persister, en rapport avec l’existence de calcifications ou de l’hypertrophie de la tubérosité tibiale. On observe alors soit une calcification se développant sous le tendon rotulien et séparée de lui par une bourse séreuse, soit des microcalcifications au sein même du tendon, ces aspects pouvant être associés. Ces patients présentent souvent des douleurs antérieures exacerbées par le moindre contact, évoluant par crises inflammatoires sur un fond chronique et une saillie antérieure de la tubérosité très exubérante. Ces cas rares nécessitent alors une intervention chirurgicale. Plus graves mais exceptionnelles sont les fusions précoces du cartilage de croissance entrainant un genu recurvatum et une patella alta." [6] Pour autant la très grande majorité des personnes atteintes deviennent asymptomatiques à l’âge adulte, la douleur disparaissant lorsque la tubérosité a totalement fusionné avec le tibia.

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