Les jeunes musiciennes ont un trac plus important que les jeunes musiciens
Différences de genre et trac, anxiété de performance
L’anxiété de performance peut avoir de profondes répercussions sur la pratique du musicien, et éventuellement sur sa future carrière. De nombreuses études récentes traitent de l’anxiété de performance. Certaines études traitent de manière spécifique de la relation entre le genre et l’anxiété de performance. L’étude de Dorina Iusca, Ion Dafinoiu met l’accent sur les relations entre le genre et le niveau musical, ainsi que l’instrument pratiqué.
L'anxiété de performance selon le genre, le niveau musical, l'instrument pratiqué
Immédiatement après le passage d’examens de fin d'étude, 130 jeunes étudiants en musique devaient remplir un questionnaire mesurant l’anxiété de performance Celui-ci comprenait trois parties correspondant à la mesure du niveau d’anxiété somatique, au niveau d’anxiété cognitive et à la confiance en soi. Parallèlement était précisé le niveau musical en distinguant le niveau général de performance, l’expression, le niveau technique. L’instrument pratiqué était également précisé dans l’étude. Ces étudiants en musique étaient âgés de 23 ans en moyenne.
Le niveau musical (général, expressif, technique) n’est corrélé de manière significative qu’avec l’anxiété cognitive, il ne l’est ni avec l’anxiété somatique, ni avec l’estime de soi.
Les étudiantes en musique montrent des niveaux plus élevés d’anxiété de performance que les jeunes musiciens de sexe masculin. Les différences les plus notables, les plus significatives entre les genres se retrouvent pour l’anxiété cognitive et pour l’anxiété somatique, mais pas pour l’estime de soi. Ce résultat confirme les études précédentes qui rapportent que les musiciennes présentent une anxiété de performance plus élevée que les musiciens de sexe masculin.
Un autre constat de cette étude est la corrélation chez les étudiantes musiciennes entre l’anxiété de performance et le niveau musical. Le risque est d'autant plus important que la musicienne a un niveau musical élevé. Cette relation n’est pas retrouvée chez les jeunes musiciens de sexe masculin.
Enfin l’étude met en évidence le lien entre l’instrument pratiqué, l’anxiété de performance et le niveau musical. Elle montre que la relation entre l’anxiété de performance et le niveau musical est clairement influencée par l’instrument pratiqué. Les instrumentistes à cordes et les chanteurs présentent des corrélations significatives entre ces deux variables. Les musiciens et musiciennes pratiquant un instrument à cordes ou le chant présentent un score d’anxiété de performance significativement plus élevé que ceux pratiquant le piano ainsi que les instruments à vent, même si c’est dans une plus faible mesure.
Les musiciennes présentent un score d’anxiété de performance supérieur à celui des musiciens de sexe masculin. Le lien entre l’anxiété de performance et le niveau musical est plus élevé chez les musiciennes que chez les musiciens. Des différences de niveau d’anxiété de performance sont également retrouvées selon les instruments pratiquées. Les corrélations entre l’anxiété et le niveau musical ne sont significatives que dans le cas des instrumentistes à cordes et des chanteurs.
La prévention du trac et de l'anxiété de performance
Cette étude doit attirer l'attention des professeurs de musique et des parents sur la différence de genre en musique. « Ces résultats montrent que, dans le cas des jeunes femmes musiciennes (mais pas les musiciens de genre masculin), l'anxiété liée à la performance joue un rôle important dans l'atteinte de niveaux musicaux plus élevés et dans la construction d'une carrière artistique. Ces informations doivent sensibiliser les enseignants, les parents et les psychologues sur les risques supplémentaires auxquels les jeunes filles sont exposées lorsqu'elles choisissent de s'orienter vers une pratique musicale de haut niveau ».
L’enseignement de la musique ne peut plus considérer le trac, l’anxiété de performance comme une fatalité, une émotion sur laquelle on ne peut pas agir. De nombreuses stratégies sont aidantes et doivent être intégrées à l’enseignement de la musique. Ces stratégies ne reposent pas que sur la mise en place de telle ou telle technique, tel enseignement ou telle formation dans les écoles et conservatoires. Ces stratégies doivent répondre à une analyse globale et à la mise en place d’un plan stratégique évalué de manière régulière et mis en relation avec la morbidité et le bien-être perçu des élèves en musique ou des musiciens professionnels. Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres concernant la santé du musicien, du chanteur et du danseur, les choses évoluent positivement mais de manière insuffisamment raisonnée, évaluée. Les décideurs n’ont que rarement les informations « clés » pour apprécier le bien-fondé de tel ou telle formation, telle ou telle technique. C’est pour cela également que la formation Médecine des Arts-musique s’adresse aussi à eux, afin qu’ils disposent d’outils et de connaissances pour prendre les décisions opportunes face désormais à nombre de sollicitations qui leur sont faites. Dans les mois à venir, nous souhaitons labelliser les formations qui correspondent à des critères de compétences et de sérieux dans le domaine de la santé des artistes, plus particulièrement du musicien.
Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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