Le stress ressenti chez les artistes et le risque cardiovasculaire

L’artiste en consultation non spécifique n’est pas souvent écouté lorsqu’il évoque les difficultés de son métier, de sa pratique, les douleurs ou le stress qu’il peut ressentir dans le cadre de son métier. Les thérapeutes ont encore une vision romantique de l’artiste, pensant trop souvent que ces phénomènes sont inhérents à la créativité, qu’ils y participent même irrémédiablement. La créativité est un phénomène complexe ; les douleurs, le stress sont très généralement des facteurs limitants et l’enjeu du thérapeute est de libérer l’artiste de ce qui l’entrave. La santé et le bien-être sont des facteurs bien plus puissants que la maladie pour créer, même s’il est parfois possible d’être inventif dans cette situation, c’est beaucoup mieux sans. Essayer donc de jouer lorsque vous avez une rage de dents !

Stress et risque cardiovasculaire
Les pratiques artistiques sont très exigeantes. Il s’agit de professions en général précaires. Les risques sont nombreux et le moindre déficit peut remettre en cause la vie professionnelle pour des lésions parfois assez banales : hypoacousie, dystonie, etc. Autant de facteurs propices au stress.
Le stress est une dimension du spectacle vivant, ainsi que des arts plastiques où le niveau de vie dépend quasi directement de l’intérêt du public et du système culturel. Cette dimension de la vie de l’artiste doit être écoutée et entendue par le thérapeute et il doit y apporter des réponses stratégiques ou/et thérapeutiques ou simplement des conseils selon le cas. La vie de l’artiste, au-delà de ce qui est commun à chacun de nous, comporte des spécificités qu’il faut entendre pour prendre en compte les effets délétères du stress. Cette étude vient confirmer la validité du ressenti du stress exprimé et de ses conséquences sur la santé cardiovasculaire.
Ainsi, dans un contexte où l’artiste exprime son stress et indique qu’il est « beaucoup ou extrêmement » affecté par cela (questionnaire à 4 niveaux sur l’incidence estimé par le sujet sur votre santé : « pas du tout », « peu », « moyennement », beaucoup ou extrêmement »), un examen plus approfondi s’impose, notamment sur le plan vasculaire. De manière parallèle, une stratégie préventive du stress devrait être discutée et mise en place avec l’artiste. Si cette étude met en évidence que cette association n’est pas influencée par des différences liées aux facteurs psychologiques, comportementaux et psychologiques entre les individus, par contre, la manière de faire face au stress est une variable qui diffère fortement d’un sujet à l’autre en fonction des ressources de chacun, tel que le soutien social, de la famille, de ses pairs, du management, etc. Ses propres ressources personnelles et ces facteurs doivent entrer dans l’arsenal préventif de l’artiste.
« Je me sens stressé et je ne suis pas bien », cette plainte banale de l’artiste doit être prise en compte sérieusement par le thérapeute.

Rédacteur. Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Hermann Nabi et al. Increased risk of coronary heart disease among individuals reporting adverse impact of stress on their health : The Whitehall II prospective cohort study. European Heart Journal. 26 juin 2013.

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