La résilience, une capacité à développer chez les artistes, musiciens, danseurs, chanteurs, circassiens

Reprise de la danse après un grave accident ferroviaire, un attentat

Welly O’Brien est une jeune danseuse de 18 ans lorsque survient un accident. Un accident de train en Inde qui va prendre une dimension dramatique : elle doit subir l’amputation de sa jambe droite. Elle écrit dans son journal : « Je ne serai plus capable de courir à nouveau, je ne serai plus capable de danser à nouveau. » C’était au début des années 1990, elle est aujourd’hui danseuse professionnelle et professeur de danse dans une compagnie contemporaine. « Aujourd’hui équipée d’une prothèse, elle se produit avec ou sans la prothèse selon la chorégraphie. Elle ajoute : « J’ai deux enfants… La vie ne change pas. On s’empare des choses et on fait avec. Saisissez toutes les opportunités qui se présentent à vous. Avoir une partie d’un membre amputé, avoir un corps différent, ça ne change rien. Vous pouvez toujours mener une vie satisfaisante. » [7]
Ces propos, la danseuse Welly O’Brien les raconte lors d’une conversation avec Adrienne Haslet.

Adrienne Haslet est une danseuse de 22 ans, qui assistait aux manifestations du Marathon de Boston. Elle était tout à côté du lieu d’arrivée lorsque l’attentat a lieu. Elle sera opérée et amputée de la jambe gauche.
Désormais elle est en rééducation, elle a déclaré qu’elle voulait danser encore, et courir le prochain marathon de Boston, malgré la perte d’une partie de sa jambe gauche. En arrière fond de ces situations remarquables, ce sont des milliers d’artistes à travers le monde qui sont victimes chaque année de maladies, de traumatismes et dans l’obligation de changer de pratique, de métier. Il serait opportun de ne pas oublier que si la résilience est en relation avec des facteurs internes, cela ne suffit pas, « en tout cas, - on est pas résilient tout seul, sans être en relation ».
Adrienne Haslet est devenu en quelques semaines le symbole de la résilience du peuple américain ; elle est invitée dans de nombreuses émissions télévisées avec des propositions multiples. L’idée de se reconstruire demande du temps, de la distance, un soutien qui repose sur un tryptique : physique, psychologique et social. Une demande excessive peut paraître une aide en premier lieu, mais l’hypermédiatisation n’est pas une garantie de réparation, loin s’en faut. Une personne ne peut pas porter la résilience d’un monde en désordre. Les média sont des pièges « à émotions », mais piègent également celui qui les porte.
Le traumatisme est une effraction invisible parfois (cela a été le cas de la dystonie de fonction du musicien pendant longtemps), visible comme pour les accidents. La stratégie de réparation doit permettre la reprise du cours du temps. Elle se fait principalement en dehors de cette hypermédiatisation avec le soutien du milieu familial, social et les thérapeutes spécialisés.

Le sujet doit croiser aussi un environnement propice pour la protection, la prévention primaire, éviter l’accident ou limiter son impact en premier lieu, mais aussi la prévention secondaire, dépister les troubles, les maladies, enfin la prévention tertiaire, permettre la réhabilitation, la récupération, limiter les conséquences des traumatismes et des maladies et favoriser la réinsertion.

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