Jouer d’un instrument à vent expose à des risques accrus de pneumopathie d’hypersensibilité

- 95 % des instruments à vent étaient colonisés par des champignons et 75 % l’avaient été par au moins 3 souches fongiques différentes (Rhodotorula mucilaginosa, Penicillium spp, Phoma spp, Eurotium amstelodami, Fusarium sppet Candida spp)
- Les espèces fongiques relevées dans l’instrument différent de celles retrouvées dans l’environnement habituel du musicien (maison par exemple), ainsi que de la salive des musiciens.
- 80 % des musiciens présentaient une sensibilisation aux champignons présents dans les instruments, les précipitines sériques étaient plus souvent présentes dans les sérums des musiciens que dans les sérums des témoins et étaient compatibles avec les champignons présents dans leur instrument.

Ces sujets ne présentaient aucun symptôme respiratoire suggérant une HP. De plus, il n'y avait pas de relation entre la durée de l'exposition et le niveau d'anticorps sériques.

Si la durée de jeu à l’instrument, l’ancienneté de la pratique instrumentale, de l’instrument ou de l’anche n’étaient pas associés à un risque plus important, certains facteurs de risques étaient associés à une augmentation du nombre et de la concentration totale en espèces fongiques retrouvée sur les instruments.

- L’absence de séchage systématique de l’instrument après avoir joué
- Le fait d’utiliser un humidificateur d'anche avant sans changer régulièrement l’eau.

Conseils pour limiter la contamination des instruments à vent par des champignons

La contamination des instruments à anche simple était différente de celle à anche double. Les instruments à anche double avaient une proportion plus élevée de souches de champignions Phoma ssp et de Fusarium spp.

La source de contamination des instruments à anche n’a pu être déterminée. La salive ne semble pas être la source, puisqu’il n’y avait aucune relation entre les micro-organismes trouvés dans la bouche des musiciens et celles de leurs instruments.
La présence de cette flore spécifique pourrait être liée à la partie végétale du roseau qui constitue l’anche. Les différences de contamination entre les anches simples et doubles pourraient être liées à la structure différente de ces anches et au travail plus complexe de la préparation des anches doubles.

Le défaut d’hygiène des instruments à anche augmente la contamination fongique, ce qui justifie le nettoyage rigoureux des instruments, le brossage des embouts buccaux avec des produits bactéricides.

Si le risque de pneumopathie d’hypersensibilité est difficile à évaluer chez les instrumentistes à vent, il est notable que 80 % des musiciens à vent avaient une sensibilisation fongique en réaction avec la contamination de leurs instruments.
Le défaut d’hygiène des instruments à anche augmente la contamination fongique et de ce fait, il est raisonnable de conseiller :

- le nettoyage régulier et rigoureux de ces instruments avec un séchage systématique de l’instrument,
- le brossage des embouts buccaux avec des produits bactéricides,
- le changement plus fréquent de l’eau permettant d’humidifier les anches des instruments à anche double,
- la sensibilisation des médecins aux risques accrus de pneumopathie d’hypersensibilité des musiciens instrumentistes à anche simple et double.

Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
Médecine des arts® est une marque déposée. Copyright Médecine des arts© 

Thibaud Soumagne, Gabriel Reboux, Flora Metzger, Sandrine Roussel, Annick Lefebvre, Emmanuelle Penven, Paul De Vuyst, Isabelle Thaon, Jean-Charles Dalphin. Fungal contamination of wind instruments: Immunological and clinical consequences for musicians Science of the Total Environment 646 (2019) 727–734