Hygiène et santé publique du temps de Mozart. Dossier 2
La lutte contre la maladie
Depuis toujours, les hommes ont compris qu’ils pouvaient préserver leur santé.[15]
Ainsi, pour Hippocrate, il fallait aider la nature, qui essayait toujours de réparer le mal, par l’hygiène et le régime. C’est lui qui donne son premier élan à la prévention. Les premières mesures destinées à limiter les épidémies furent prises dès le Moyen-Age à l’égard des lépreux, pestiférés et vénériens qui furent isolés du reste de la population.
A la fin du XVIIIème siècle, les traitements préventifs, surtout prisés par les riches, ont pour but d’éviter les excès d’humeurs, considérés comme la cause des maladies. On a donc recours aux saignées, purgations et lavements, parfois plusieurs fois par jour.
Les pouvoirs publics sont peu empressés à mettre en oeuvre de réelles campagnes de prévention à grande échelle. Il faut rappeler que, traditionnellement, le fait de prévenir incombe à l’Etat, tout comme la lutte contre les épidémies , alors que l’assistance aux malades incombe à l’Eglise. Ainsi, à la fin du XVIIIème, plusieurs mesures de prévention sont annulées, dont celui concernant la prévention de la contagion de la phtisie pulmonaire. C’est grâce à des médecins hygiénistes, représentés entre autre par Franck en Allemagne, Thompson en Bavière, Sinclair en Angleterre, que chercher à prévenir la maladie ou à arrêter sa diffusion feront partie de l’art de guérir.
En ce qui concerne la prévention des maladies vénériennes, la France instaure dès le début du XVIIIème la surveillance médicale obligatoire des prostituées, suivie de près par les autres pays d’Europe.
L’Allemagne, quant à elle, se distingue par un programme de lutte contre la prostitution et les maladies sexuelles avec le code de l’impératrice Marie- Thérèse qui définit en 1769 la fréquentation de prostituées comme un attentat aux moeurs, passible de punitions allant jusqu’à l’exil et à la torture. Vienne est alors le centre de la prostitution de l’empire germanique. C’est une « commission de moralité » qui est chargée des arrestations et de l’application des peines. L’influence de cette commission sera bien moindre après l’abolition de l’ordre des Jésuites en Autriche, en 1773.
En 1774, la lutte contre la prostitution passe entre les mains du gouvernement. A cette époque, -on considère que , sur 20 prostituées, une seule n’est pas syphilitique. En 1782, à Vienne, on compte de 2000 à 10 000 prostituées. En 1787, le code criminel et pénal général punit l’ « immoralité » en tant que délit public. C’est le début des rafles de filles publiques. On entreprend également la suppression des maisons publiques, en partie rouvertes devant la multiplication de la prostitution clandestine. Les maisons de passe seront alors non autorisées légalement, mais tolérées comme un mal nécessaire.
L’Empereur Léopold II instituera l’accès gratuit au traitement pour les vénériens, ainsi que la suppression de la correction publique.
L’idée de prévention des maladies se développera réellement en France après la Révolution, et sera dès lors diffusée par des ouvrages écrits par des médecins, pour qui face à la maladie et à la mort, l’homme peut beaucoup.
C’est alors qu’apparaît le mythe de la disparition totale de la maladie, dans une société délivrée de la misère et donc des maladies. L’assistance au malade et au déshérité devient une idée forte.