Estampes japonaises
Hiroshigué
Une place à part doit être réservée au peintre Hiroshigué, qui est considéré comme un des plus grands paysagistes du Japon et dont les moindres esquisses sont considérées comme des chefs-d’œuvre. Par son originalité, par son choix du site, par son étonnante façon d’imaginer des premiers plans qui coupent et repoussent le paysage, cet artiste exerce une véritable séduction. Tantôt il nous montre une grosse lanterne (11), tantôt le pilotis d’un pont, tantôt des vols obliques d’oies sauvages.
Hiroshigué a été, avec Hokusaï, un des rares peintres japonais qui aient connu et pratiqué la perspective à la manière des artistes européens ; souvent d’ailleurs, il la marie à la perspective japonaise, qui est la perspective cavalière ou aérienne. Comme coloriste, Hiroshigué est supérieur à Hokusaï ; il affectionne les harmonies subtiles, les crépuscules, les jeux de lumière des fonds qui s’estompent. Son habileté est si grande qu’il se joue de difficultés et semble les rechercher. Il n’a pas d’égal pour exprimer les effets de neige (11), les clairs de lune, les brouillards et surtout les pluies. Il excelle dans l’art de figurer les averses d’orage : à travers le rideau de pluie, on voit les cimes des arbres se courber sous l’ouragan (12).
Un autre effet de pluie torrentielle est obtenu en entrecroisant des traits obliques qui tombent des nuées d’encre (13).
Les paysages calmes et souriants de Hiroshigué dénotent un amour sincère et poétique de la nature. Entre les premiers plans et l’horizon, le vide est rempli par une succession de tons dégradés et de lignes rangées avec un art à la fois très simple et très subtil (14). Outre ses séries d’oiseaux, son œuvre comprend d’abord ses Huit vues d’Omi, consacrées au lac Biwa (14), et son Tokaïdo, où défilent les jolis sites de la route de Yédo à Kioto. En 1856, il publiait un admirable recueil intitulé les Soixante provinces.
L’une des plus belles estampes de ce recueil nous donne une image de la Plage de Maïko (15) : dans cette planche, les pins opposent le ton rougeâtre de leurs troncs au bleu profond de la mer. C’est à la fin de sa carrière que ce grand artiste publia ses Cent vue de Yédo et ses Trente-six vues du Fuji. Ajoutons que Hiroshigué eut comme collaborateur son fils Hiroshigué II, dont l’œuvre présent les mêmes caractères que celle de son père.
Après Hiroshigué c’est la décadence : c’est alors, en effet, que les Japonais commencent à employer les couleurs d’aniline.
L’art Japonais Sous la direction de Henry Martin Paris, Librairie d’Art R. Ducher 1926
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Rédacteur Docteur A. Arcier président fondateur de Médecine des arts®
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