Des traits psychotiques élevés chez les comiques
Tous les comiques ne sont pas comme ça
Les troubles psychiques sont fréquents et les artistes n’hésitent pas à évoquer leurs malaises, leurs affections mentales. C’est le cas de Catherine Zeta-Jones qui déclarait être bipolaire, ou le comédien américain Ben Stiller qui parlait également de ce diagnostic en 2005 ou Spike Milligan, célèbre acteur et humoriste irlandais souffrant de troubles maniaco-dépressifs. Benoit Poelvoorde confiait en février 2010 (figaro Madame) : "Je suis bipolaire comme pas mal de monde. Le bipolaire passe d’une phase maniaque à une phase dépressive. Quand il est dans le premier cycle, il est exalté, euphorique, hyperactif, et dans l’épisode dépressif, il a des idées noires, il rumine, il est abattu, passif et n’a plus goût à rien." Et l’acteur belge de poursuivre : "J’ai des ups and downs, je suis lunatique, soumis à des états psychiques variables. Mais comme je suis un extraverti, tout se remarque beaucoup plus chez moi : les soucis ou les bonheurs. Et puis, vous savez, je parle tout le temps, moi. C’est du non-stop, il n’y a pas de cut".
Nous ne partageons que partiellement ces conclusions. D’ailleurs Gordon Claridge nuance lui-même les résultats de son étude : "Tous les acteurs comiques ne sont pas comme ça, mais la tendance semble montrer que ces personnes ont un trait en commun", à savoir être sujets à certaines névroses mais être dans le même temps capables de jouer la comédie. Et de conclure : "c’est un peu la même idée que celle du clown triste".
La population des comiques et humoristes n’est pas homogène et le style de leur pratique ne l’est pas moins. Les procédés comiques sont également très différents, ces artistes utilisent des ressorts comiques qu’ils ont hautement perfectionnés. Mais il est difficile pour autant de comparer des Villeret, Charlie Chaplin, Jamel Debouze, Fernandel, Bourvil sur le seul critère qu’ils sont des acteurs comiques ou des humoristes, même si effectivement réside en chacun d’eux la capacité de trouver des manières de s’exprimer, de se comporter, de bouger qui tout en leur étant propre et singulière est responsable de l’effet comique, du moins en grande partie.
Certains psychiatres sont plus critiques encore concernant ces travaux ; pour James McCabe de l’Institut de psychiatrie du King’s College, « la psychose n’est pas qu’un problème de personnalité mais une maladie bien plus grave » et « les gens atteints de psychose et de schizophrénie ont une capacité très altérée pour apprécier un matériel humoristique. Paul Jenkons qui dirige le centre de santé mentale (Chief Executive of Rethink Mental Illness) précise que si ces résultats sont intéressants, « nous devons nous prémunir contre le stéréotype du génie créateur fou ».
rédacteur : Docteur Arcier, fondateur de Médecine des Arts
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Bibliographie
[1] Victoria Ando, Gordon Claridge, Ken Clark. Psychotic traits in comedians. January 16, 2014, doi : 10.1192/bjp.bp.113.134569
Personnalité normale
La personnalité se définit comme l’organisation dynamique des aspects intellectuels, affectifs, comportementaux, physiologiques et morphologiques de l’individu en interaction avec son milieu. La personnalité est l’ensemble de traits psychologiques, émotionnels, comportementaux qui nous rendent uniques et différents des autres. D. C. André. Revue du Prat 15 mars 2008. Les traits de personnalité qualifient la personne dans sa continuité et sa permanence ; ils font partie de la représentation que la personne a d’elle-même et de celle que lui attribue son entourage ; ils constituent son originalité et sa manière d’être.
Il s’agit d’une unité intégrative de sous-ensembles (cognitif et affectif), stable (l’individu répond de manière identique à des situations analogues) et individuelle conférant à chacun son originalité. La personnalité se construit progressivement tout au long de l’enfance jusqu’à l’adolescence. Munie d’un capital génétique, en interaction avec l’environnement, peu à peu, elle s’organise au cours d’étapes successives maturantes (stades ou organisateurs) auxquelles elle peut régresser ou se fixer (cas des personnalités pathologiques). Si elle reste stable, elle n’est pas totalement figée.
« Ce qui caractérise une personnalité « normale », c’est sa capacité à s’adapter à l’environnement. » (D. C. André. Revue du Prat 15 mars 2008.), à avoir des relations aisées avec les autres. C’est la rigidité, la difficulté à moduler ses styles de pensée et de comportement en fonction des demandes de l’environnement (et l’incapacité à les faire évoluer) qui caractérise les personnalités dites pathologiques en psychiatrie.
Les troubles de personnalité
Les troubles de la personnalité ne sont pas considérés comme une maladie, mais plutôt comme des problèmes au niveau de la structure de la personnalité de la personne. C’est un trait de personnalité qui devient envahissant et omniprésent. On pourrait dire que c’est l’exagération, la rigidité de traits de personnalité normaux qui sont déjà en chacun de nous. Les organisations pathologiques de la personnalité sont des entités cliniques particulières car elles ne correspondent pas en tant que tel à un diagnostic psychiatrique mais caractérisent pour un individu un mode relationnel considéré comme pathologique. Classiquement, on distinguait les personnalités psychotiques, personnalités névrotiques et borderline.
La classification américaine des troubles mentaux (DSM-IV) définit trois groupes de personnalité :
- Le groupe A, qui correspond aux personnalités »psychotiques ». Il inclut les personnalités paranoïaques,schizoïdes et schizotypiques.
- Le groupe B, qui inclut les personnalités antisociales, borderline, histrioniques et narcissiques.
- Le groupe C, qui correspond aux personnalités »névrotiques ». Il inclut les personnalités évitantes, dépendantes et obsessionnelles compulsives.
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