Compression nerveuse au niveau de la lèvre d'un trompettiste
Engourdissement de la lèvre d'un trompettiste
Une compression inhabituelle du nerf trijumeau chez un trompettiste
Monsieur A. R., jeune trompettiste de 20 ans, consulte pour un engourdissement bilatéral de la lèvre supérieure avec une difficulté pour jouer de la trompette. Ce symptôme dure depuis 3 mois et il est survenu suite à une pratique importante après avoir joué une note de forte intensité et aiguë lors d’un concert d’un fanfare.
Examen d'une lésion des lèvres chez un trompettiste
A l’examen, on ne note pas de déformation des lèvres, pas d’œdème, ni de problèmes dentaires particuliers, mais un liseré bleu violacé de la muqueuse labiale. Au toucher léger, et avec une piqûre d’épingle de la lèvre supérieure, ce jeune trompettiste ne ressent rien du côté gauche de la lèvre, et une sensation diminuée du côté droit. Monsieur A. R. est dans l’incapacité de siffler.
A l’instrument, ce jeune trompettiste n’éprouve pas les mêmes sensations et a une étendue sonore limitée qui le met dans l’incapacité de reprendre le jeu instrumental dans le cadre de sa formation musicale.
La stratégie thérapeutique a consisté en la mise au repos durant 6 semaines, accompagné en parallèle par un régime personnalisé de retour au jeu avec des exercices avec la trompette et sans, notamment des exercices de lèvres réalisés devant un miroir.
Ce jeune trompettiste, après 5 semaines de pause, a retrouvé les sensations de ses lèvres et la plénitude de ses moyens à la trompette, qui lui ont permis de reprendre progressivement de manière plus habituelle.
Quelles sont les causes de cet engourdissement de la lèvre supérieure chez ce trompettiste ?
Les instrumentistes à vent de la famille des cuivres soumettent la sphère oro-faciale à des contraintes fortes. Pour la pratique d’instruments de la famille des cuivres, notamment pour la trompette, le cor, le cornet, l’embouchure de l’instrument repose sur l’embouchure physiologique. Lors du jeu, cet appui se fait avec plus ou moins de pression, selon les individus, les techniques, les notes réalisées. Les notes élevées et le volume élevé exigent de la part de l’instrumentiste d’exercer une plus grande pression sur les lèvres. Certains exercent une plus forte pression sur les lèvres pour compenser leur difficulté à émettre des notes élevées. Cette forte pression d’appui exercée sur les lèvres au-delà de ce que peuvent supporter les branches infraorbitales du nerf trijumeau qui innervent cette zone des lèvres supérieures entraîne un syndrome compressif, à l’identique de ce qui survient par exemple pour le nerf radial lorsque le bras est en appui sur un banc public ou sur une chaise.
Les instrumentistes à vent doivent apprendre des techniques de jeu qui leur permettent d’exercer une pression compatible à ce que peuvent supporter les tissus cutanés et les petites branches nerveuses en leur sein. La prévention doit être intégrée à la formation technique afin qu’elle soit intégrée de manière naturelle au plus tôt de l’apprentissage musical.
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