Coeur de rockeurs : une fréquence cardiaque de bûcheron
Energie physique et émotionnelles et risque cardiovasculaire du musicien
Une énergie physique et émotionnelle parfois à risque sur le plan cardiovasculaire
Par l’intermédiaire d’un certain nombre d’appareils de mesure de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle, du rythme respiratoire, de l’activité sanguine cérébrale, coronarienne périphérique, de la perspiration et la réaction cutanée psychogalvanique, le Docteur Carl Simon avait montré dès les années 70 que l’énergie physique dépensée par Karajan pendant un concert avait moins de répercussions sur le système neuro-végétatif que le pouvoir émotionnel de la musique. Son tracé électrocardiographique pendant la 6ème symphonie de Malher passait de 120 à 170 au paroxysme du mouvement ; réaction émotionnelle du sujet comparable à l’état de « tension interne » de l’œuvre. De même, lors de l’exécution du troisième acte de Siegfried de R. Wagner, la tension artérielle du maître s’éleva de 40 mm Hg et le nombre des pulsations de 30/minute.
Diriger un orchestre symphonique pour certains répertoires est une activité qui demande des ressources cardiaques comparables à celles de pilotes de formule 1. A certains passages, on peut relever des niveaux de fréquences entre 150 et 180 pulsations minutes. Le stress émotionnel en est le responsable majeur.
Cette augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et la vasoconstriction est due à une décharge d’adrénaline. « Lors d’un concert, conclut le Docteur Simon, le stress émotionnel peut entraîner chez un chef d’orchestre une diminution des réserves coronariennes. Si cela est sans conséquence chez un sujet bien portant, cela peut aboutir à un épuisement complet ». Le manque d’oxygène sur le plan cardiaque peut être responsable d’un infarctus ; c’est peut-être l’explication de certaines morts subites de chefs d’orchestre pendant l’exécution d’un concert. Trois chefs d’orchestre se sont effondrés au même passage de Wagner, Kleibert succomba à un infarctus. Plus récemment le chef d’orchestre et compositeur italien Giuseppe Sinopoli est mort d’une crise cardiaque lors d’une nouvelle représentation de l’opéra de Verdi Aida qui se tenait au Deutsche Oper, l’opéra le plus prestigieux de Berlin.
L’auto-examen de la fréquence cardiaque de Glenn Gould
Glenn Gould n’appréciait guère la scène, il trouvait cet espace public peu propice à une interprétation de haut niveau, c’est une des raisons majeures pour laquelle il a arrêté les concerts publics. Il faisait son propre "bilan émotionnel" avant d’entrée sur scène en mesurant systématiquement son pouls (sa fréquence cardiaque) afin d’évaluer son stress scénique. " La salle de concert m’a toujours paru être un lieu inhospitalier pour faire de la musique, mais l’appréhension elle-même n’a jamais eu chez moi de caractère excessif. Je prenais toujours mon pouls avant un concert, par pure curiosité scientifique, et il était invariablement rapide. Il se produisait donc manifestement un phénomène d’excitation pas naturelle, mais pas non plus du genre de celui qui aurait pu me paralyser, ne serait-ce que parce que j’étais à peu près indifférent à ce qui se passait. Je ne faisais en réalité que procéder à un compte à rebours des années et du nombre de concerts qui me séparaient du moment où enfin je pourrais oublier tout cela." [1]
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