Bases neurologiques du jeu des mains du pianiste
Fonctionnement des deux hémisphères cérébraux chez un pianiste
C’est un sujet de réflexion très ancien, mais pour lequel les méthodes récentes peuvent donner un nouvel éclairage.
Il faut donc étudier les questions sur la latéralité.
Hémisphère gauche | Hémisphère droit |
- compréhension du langage parlé - raisonnement logique - motricité de la partie droite du corps |
- perception de la musique - perception émotionnelle - contrôle visuo-spatial - motricité de la partie gauche du corps |
Le rôle des aires prémotrices et des aires motrices supplémentaires est apparu fondamental.
Il faut répéter que, provenant d’autres centres corticaux et sous-corticaux, pratiquement tous les nombreux neurones associatifs impliqués dans l’action motrice convergent vers ces aires prémotrices. Ce n’est qu’ensuite que les influx sont transmis aux axones efférents du cortex moteur primaire.
Il y a théoriquement pour deux hémisphères deux copies d’efférence qui existeraient avant la décussation bulbaire. Elles sont a priori différentes.
En pratique c’est au niveau de la commissure interhémisphérique que vont s’articuler les deux actions.
Où se passe le « couplage » de celles-ci ?
La connectivité interhémisphérique relie, on l'a souligné, des régions homotopiques.
On a constaté que les surfaces des zones prémotrices sont asymétriques : plus larges dans l’hémisphère gauche (où naît la copie d’efférence principale, quand il y a une « préférence » ou une latéralisation).
Des études statistiques ont montré la prédominance de l’utilisation de la main droite (côté généralement préféré dans les 2/3 des cas).
Il y a eu peu de travaux portant sur la latéralité « bi-manuelle » qui justement est celle du pianiste. Cette latéralité dite « de performance » est plus ou moins liée à la difficulté de la tâche à effectuer.
La supériorité de la main droite (innervée par l’hémisphère gauche) serait due à la complexité des gestes requis au niveau des doigts,
La capacité de traiter plus rapidement les informations de retour favoriserait aussi la main droite.
Mais rien n’est tout à fait net dans ces interprétations fonctionnelles.
Le couplage des deux mobilités, main gauche, main droite peut en théorie être lié par un des mécanismes suivants :
- 1. D’un côté les muscles sont innervés par les fibres directes non croisées des fibres motrices, de l’autre côté, par les fibres du faisceau pyramidal croisé
- 2. Autre possibilité : les fibres issues du cerveau gauche prédomineraient grâce à une inhibition dans le même temps des fibres contro-latérales du cerveau droit permettant toutefois une certaine utilisation des axones qui en émanent.
Les deux mains auraient alors une innervation centrale différente et indépendante, chacune suivant une copie d’efférence. - 3. Au cours de l’action ce serait le côté hémisphérique gauche (généralement préféré) qui prendrait entièrement la commande au cours du jeu instrumental, de l’innervation motrice des deux mains. Ensuite il n’y aurait qu’une seule copie d’efférence (qui comprendrait l’ensemble des incitations motrices) et qui serait la seule suivie.
C’est la troisième hypothèse qui semble l’emporter pour les auteurs modernes.
Et cela rend plus compréhensible la mise en mémoire des gestes nécessaires, ce qui permettrait la prise en charge automatique et inconsciente de la mécanique digitale des deux mains dans une limite de temps bien précise.
Sans entrer dans le détail de la formation d’un pianiste et pour compléter cette étude neurophysiologique, il convient d’attirer l’attention sur certaines spécificités liées à l’utilisation de l’instrument.
La modulation du geste est absolument nécessaire pour faire varier le son. Or l’instrument lui-même laisse peu de possibilités d’adaptation au pianiste : il est possible de citer :
- la liaison d’une note après l’autre pour éviter la sensation de rupture liée à la conception mécanique du piano.
Cette liaison est perceptible dans le « legato » - la force mise en jeu
- la durée et le rythme.
Le piano est un instrument complexe
Il comporte un clavier : à chaque note correspond une touche qui commande la mécanique proprement dite.
La touche est une sorte de levier qui possède à son extrémité un pilote lequel est soulevé quand on appuie sur la touche.
Le pilote va lancer le marteau sur la corde qui va vibrer pour créer le son en même temps qu’un étouffoir libère la corde. Quand la touche est lâchée, l’étouffoir attire le marteau vers l’arrière qui va reprendre sa place initiale. Ce dernier mouvement survient après un certain délai, assez court, pendant lequel le son s’éteint progressivement.
C’est en provoquant une nouvelle percussion pendant ce bref instant que la note suivante ne sera pas détachée de la première et que le son ne sera pas haché.
L’attaque du marteau est donc le début de l’action et elle apparaît après le temps d’approche qui a été décrit, pendant lequel la posture du corps du pianiste et celle de ses doigts sont prédérerminés.
La force d’attaque dépend de la contraction des muscles de l’avant-bras, plus que d’une chute de la main qui aura été élevée avant la note. La frappe n’ est pas le terme le plus adapté.
Beaucoup de professeurs demandent que les doigts ne soient pas trop éloignés du clavier, afin de répondre à une dépense d’énergie adaptée et « juste ».
On conçoit qu’il y a une variété infinie dans l’interprétation d’une œuvre, ce qui nous éloigne de notre but initial de préciser les bases neuro-physiologiques.
Rédacteur Professeur René Malek
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Notes
Notions complémentaires sur l'imagerie moderne du corps calleux
[1] IRM du tenseur de diffusion (IRM-DTI)
Dans un fluide quelconque les molécules d’eau se meuvent sans entrave (on dit que la diffusion est libre).
Dans un tissu biologique, certains obstacles peuvent entraver la diffusion (organites cellulaires, membranes diverses…), la diffusion peut être gênée et être limitée à des compartiments.
Elle est dite isotrope si les déplacements ne suivent pas une direction préférentielle. Au contraire, si elle est dirigée elle est anisotrope. La direction est donnée grâce à l’étude des gradients magnétiques qui l’accompagnent.
Dans l’imagerie avec étude du tenseur de diffusion, l’image est modélisée en « pixels volumétriques » (voxels).
Il est possible alors de délimiter les faisceaux nerveux de la substance blanche (dont fait partie le corps calleux) donnant une image en trois dimensions et de les localiser en précisant les régions qui communiquent.
Cette technique donne aussi des indices quantitatifs de la maturation des fibres (myélinisées).
[2] Tractographie
Elle est moins fréquemment utilisée. Elle repose sur une reconstruction à partir des images numérisées de fibres virtuelles permettant de connaître la direction globale du trajet des fibres, ce qui a un intérêt pour démêler les croisements éventuels des faisceaux.
Elle a permis de décrire les bandelettes de Probst qui longent le ventricule latéral et qui unissent les lobes frontaux aux lobes occipitaux et pariétaux, dans une agénésie partielle du corps calleux.
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