Anorexie mentale dans le milieu de la danse. Symptômes et diagnostic. Chapitre 2

Comment éliminer une anorexie mentale ?

Quels sont les diagnostics différentiels ?

Avant de conclure à un diagnostic d’anorexie mentale, on se doit d’éliminer d’autres pathologies.

Des pathologies digestives
La maladie de Crohn Autres maladies digestives : Maladie coeliaque (anémie, hypoprotidémie, anticorps anti-endomysium très élevés, atrophie villositaire totale à la biopsie jéjunale) Rectocolite hémorragique Mégaoesophage par achalasie du cardia Gastrites, ulcères gastro-duodénaux Néoplasies oesogastriques Syndrome de malabsorption Pathologies hépato-vésiculaires ou pancréatiques Colon irritable

Des pathologies psychiatriques
Il faut noter qu’un des critères de diagnostic de l’anorexie mentale est l’absence de toute pathologie psychiatrique associée

  • La phobie de déglutition est une maladie à prédominance féminine. Ses signes caractéristiques (l’éviction de certains aliments, un amaigrissement secondaire, des symptômes obsessionnels compulsifs associés) peuvent faire évoquer une anorexie mentale. Mais elle se distingue de l’anorexie mentale proprement dite par l’absence de cognitions anormales et de préoccupations pré morbides concernant le poids et/ou les formes corporelles. La phobie de la déglutition est souvent due à un stress post-traumatique. Il est d’autant plus important de faire le diagnostic différentiel de ce trouble qu’il répond en général bien à des stratégies thérapeutiques spécifiques.
  • Les phobies alimentaires (peur de la saleté)
  • Les délires à thème alimentaires, délire d’empoisonnement
  • Syndrome dépressif grave, mélancolie

D’autres diagnostics différentiels

  • Les tumeurs du système nerveux central : séminome supra-cellaire entraînant un diabète insipide
  • Les pathologies d’origine endocrinienne : pan hypopituitarisme, hyperthyroïdie, diabète insulino-dépendant de novo
  • Cancers (leucémies)
  • Certaines infections telles que la tuberculose, la brucellose ont pu poser un problème diagnostic
  • Maladie d’Addison (vomissement, troubles secondaires de l’alimentation trompeurs)

En général, les différents diagnostics différentiels peuvent être éliminés en raison de l’absence de signes spécifiques de conflit psychique de l’anorexie mentale [1]

  • Conduite addictive de la restriction alimentaire, quantitative et qualitative,
  • Trouble de l’image du corps : dysmorphophobie. Peur permanente de grossir, mensurations et pesées continuelles
  • Attitude de déni à l’égard du trouble : anosognosie. Responsables de consultations tardives, d’un retard diagnostique et thérapeutique
  • Hyperactivité et surinvestissement moteur. Pour perdre des calories, mettre à l’épreuve ses capacités de maîtrise et d’ascétisme
  • Affectivité bloquée : vie sexuelle inexistante ou vécue sur un mode automatique ou pragmatique. Les contacts sociaux sont réduits
  • Surinvestissement intellectuel

Pour Sibertin-Blanc « aucun des diagnostics différentiels ne s’accompagne d’une telle distorsion de l’image du corps, d’un tel déni de la gravité de l’état général, d’une telle méconnaissance de la maigreur, d’un tel désir éperdu de minceur, et d’une telle peur de grossir)" [14]

L’article prochain évoquera de manière spécifique l’Anorexie Artistica©, la spécificité de certaines professions dont la danse dont l’habitus est marqué par des exigences esthétiques et physiques spécifiques. L’intentionalité de correspondre à ce profil physique développe vraisemblablement des comportements particuliers chez des personnes sélectionnées sur ces profils, mais ne correspond pas en règle générale aux caractéristiques psychiques rencontrées dans les anorexies mentales caractérisées. C’est ce qui à Médecine des arts nous a fait appeler de manière différente le profil des artistes tels que les danseuses tout en indiquant qu’une prévention sur les troubles alimentaites est nécessaire dans ces milieux en tenant compte de la spécificité du milieu et de la pratique en question.

Rédacteur Docteur Arcier André, fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie

[1] D’après Sigrid Camion-Menant, Anorexie mentale de l’adolescente : intérêt de l’approche somatique, thèse, 2006.
[2] Misra M., Aggarwal A., Miller K et al. Effects of anorexia nervosa on clinical, hematologic, biochemical, and bone density parameters in community-dwelling adolescent girls. Pediatrics vol. 114 N°6. December 2004.
[3] Rigaud D. L’anorexie mentale : un modèle de dénutrition par carence d’apport. Ann. Med. Interne, 2000, 151, N°7, pp. 549-555
[4] Blanchet C, Luton J.P.. Anorexie mentale et maladie de Crohn : intrications et difficultés diagnostiques. Presse Med. 2002 Feb 23 ; 31 (7) : 312-5
[5] Blanchet C. Luton J.P. Anorexie mentale et dénutrition grave : comment assurer la prise en charge nuitrionnelle en milieu pédiatrique. Arch. Pediatr. 2002 Apr ; 9 (4) : 429-33.
[6] D’après Luce Christelle. Description clinique et moyens de prise en charge actuels des troubles du comportement alimentaire (TCA) chez l’adolescent : anorexie, boulimie., thèse 2005.
[7] Wilkins Jean. L’anorexie à l’adolescence. Le clinicien, avril 2007, 71-77
[8] Jeammet P. L’anorexie mentale. Encycl. Méd. Chir. Paris, Psychiatrie, 37350 A10 et A15, 2 - 1984.
[9] Golden N.H., Lanzkowsky L., Schebendach J et al. The effect of oestrogen-progestin treatment on bone mineral density in Anorexia Nervosa. J. Pediatr Adolesc Gynecol (2002) 15 : 135—143
[10] Scheen A.J. Comment j’explore… Une anorexie mentale. Rev. Med. Liège ; 50, 12 : 538-539.
[11] Feighner J.P., Robin E., Guze S.E., et al. Diagnostic criteria for use in psychiatric research. Arch. Gen. Psychiatric, 1972 ; 26 : 57-63.
[12] D’après le Quotidien du Médecin, lundi 20 novembre 2006
[13] 20 au 26 février 2010, Marianne
[14] Sibertin-Blanc D. Anorexie mentale et boulimie de l’adolescence.La revue du pratricien, Paris, 1996, 46. p.2255-2264


Pour information, précédente classification des troubles anorexiques et boulimiques d’après le DSM III.

 

Critères du DSM III de l’anorexie mentale et de la boulimie
A.    Refus de maintenir un poids corporel au-dessus d’un poids minimun normal pour l’âge et la taille, par exemple perte de poids visant à maintenir un poids corporel de 15 % inférieur à la normale ou la capacité à prendre du poids pendant la période de croissance, conduisant à un poids inférieur à 15% de la normale.
B.    Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, alors que le poids est inférieur à la normale.
C.    Perturbation de l’estimation de son poids corporel, de sa taille ou de ses formes, par exemple la personne dit « se sentir grosse » même quand elle est très amaigrie, croit que certaines parties de son corps sont trop grosses alors même qu’elle est, à l’évidence, trop maigre.
D.    Chez les femmes, absence d’au moins trois cycles menstruels consécutifs attendus (aménorrhée primaire ou secondaire) ; (une femme est considérée comme aménorrhéique si les règles ne surviennent qu’après l’administration d’hormones, par exemple oestrogéniques.

 

Boulimie (bulimia nervosa) (DSM III)
A.    Épisode récurrent de frénésie alimentaire (« binge eating ») (consommation rapide d’une large quantité de nourriture en un temps limité).
B.    Sentiment de perte du contrôle du comportement alimentaire durant les épisodes des boulimies.
C.    Régulièrement le sujet, soit se fait vomir, soir use de laxatifs ou de diurétiques, soit pratique un régime strict ou jeûne, soit encore se livre à des exercices physiques importants dans le but de prévenir toute prise de poids.
D.    Au moins deux épisodes boulimiques en moyenne pendant au moins trois mois.
E.    Préoccupation excessive et persistante concernant le poids et les formes corporelles.
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