Anorexie mentale dans le milieu de la danse. Symptômes et diagnostic. Chapitre 2
Quelles sont les conséquences physiopathologiques de la perte de poids [1]
L’anorexie s’installe insidieusement
La surveillance médicale précoce dans le milieu de la danse doit permettre de dépister précocement
Dépister précocement l'anorexie mentale chez la jeune danseuse
Action sur la masse grasse
La perte de poids rapide, associée à des phénomènes carentiels majeurs ainsi qu’à des vomissements provoqués, à la prise de laxatifs et de diurétiques va avoir des conséquences physiologiques néfastes sur la santé. Mais ces effets néfastes sur la santé ont également des effets sur la performance. C’est dans ce sens que certains auteurs pensent, contrairement aux théories traditionnelles, que la danse aurait finalement un effet « protecteur » car les troubles en relation avec l’anorexie rendent la pratique de la danse à haut niveau impossible.
La perte de la masse grasse entraîne une perte de chaleur importante. L’essentiel des pertes thermiques se fait par convection thermique ; ces pertes sont donc plus élevées chez les sujets "plus maigres". La frilosité est accrue et une hypothermie avec perte du cycle nycthéméral de la température corporelle est constatée dans le cadre de grande maigreur chez l’anorexique.
Action sur la masse maigre
Tous les muscles lisses et squelettiques sont atteints par la perte de matière, et leur fonction est donc altérée. Pour économiser des calories, le corps tout entier va fonctionner au ralenti.
Muscles squelettiques
Le coeur muscle cardiaque et système cardiovasculaire
On peut observer :
- Une diminution de la contractilité myocardique et de la fonction ventriculaire gauche que Misra [2] et son équipe retrouvent chez les adultes anorexiques, mais pas chez les adolescentes.
- Une hypotention artérielle et notamment une hypotension orthostatique par diminution de la pression d’éjection systolique
- Une bradycardie
- Un prolapsus de la valve mitrale
- Pour Misra [2], le rythme cardiaque, la tension artérielle et la pression sanguine sont positivement corrélés à l’IMC et au taux de masse grasse totale. La bradycardie pourrait être causée par une hyperactivité vagale.
Les vomissement provoqués sont susceptibles d’entraîner une hypokaliémie qui à son tour peut générer des troubles de la conduction cardiaque.
Ces troubles sont réversibles lors de la réhabilitation nutritionnelle.
Les muscles respiratoires
La perte de masse maigre atteint aussi les muscles respiratoires (intercostaux et diaphragmatique. Rigaud [3] oberve un »déficit fonctionnel diaphragmatique avec une diminution du volume inspiratoire maximal et du débit expiratoire maximal. Ces troubles sont réversibles à la renutrition.
Autres muscles squelettiques
Rigaud [3] note une amputation nette des capacités à l’effort, tant en puissance maximale qu’en endurance.
Muscles lisses
Le tractus digestif est atteint dans son intégralité. Pour Rigaud [4], il s’agit d’une conséquence de la fonte musculaire : l’estomac et les intestins comportent une couche musculaire que la dénutrition altère. Toutes les fonctions sont ralenties, entraînant un inconfort et parfois des manifestation douloureuses qui seront un frein à la reprise d’une alimentation « normale »
- Selon Blanchet et Luton [4], des troubles de la motilité oesophagienne sont retrouvés chez 30 % de ces patientes.
- Blanchet et Luton [5]]] observent également des anomalies de la vidange gastrique qui dans 80 % des cas sont associés à des anomalies de la motilité antrale.
L’estomac se contracte moins bien. Les aliments s’évacuent moins vite et il devient sinon douloureux du moins inconfortable de s’alimenter. Le transit gastro-caecal est lui aussi ralenti par la faiblesse du muscle colique, entraînant ballonnement et constipation.
Troubles circulatoires
Dans les amaigrissements sévères apparaissent des troubles circulatoires avec des extrémités froides : c’est le phénomène de Raynaud. Le cœur qui fonctionne au ralenti privilégie la vascularisation des organes vitaux. Cela entraîne une vasoconstriction du système veineux périphérique. Des oedèmes de carence peuvent apparaître au niveau des chevilles et autour des yeux. On peut rencontré également des oedèmes des membres inférieurs par « défaut modéré de retour veineux. »
Une plus grande fatigabilité, mais aussi une adaptabilité remarquable
Malgré une fatigabilité plus importante, aussi bien dans l’effort immédiat que dans l’endurance, il est étonnant de voir ces jeunes filles maintenir une telle activité malgré leur statut nutritionnel.
Conséquences hormonales et fonctionnelles
- aménorrhée : c’est un des signes caractéristiques de l’anorexie mentale. Elle s’inscrit dans l’ensemble des troubles fonctionnels de l’axe cortico-hypophysaire.
- ostéoporose : chez les jeunes filles anorexiques, la carence en oestrogènes n’est pas le seul facteur dans le processus de dégradation de la masse osseuse. Il faut y ajouter les effets de la dénutrition, des apports insuffisants de calcium et de vitamine D, leur faible poids, enfin un excès de gluco-corticoïdes.
- L’ensemble de ses conséquences pathologiques explique que l’activité du danseur et de la danseuses est incompatible pour une pratique de haut niveau avec un état fonctionnel corporel à ce niveau de déficience.
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