Rouge à lèvres, un usage toxique pour les enfants du spectacle ?
Rouge à lèvres, une toxicité possible ?
Le rouge à lèvre symbolise les stars du cinéma hollywoodien des années 50. Max Factor, célèbre artiste maquilleur des stars invente le gloss pour garantir une brillance sur grand écran et lancera la ligne de produits cosmétiques « Max Factor ». La plupart des lignes cosmétiques choisissent comme égérie des stars du show biz. Le maquillage est la seconde peau des actrices et des artistes du spectacle vivant. La maquilleuse de Madonna expliquait dans un interview : « le plus important pour moi était de trouver un rouge à lèvres fiable en terme de couleur et de tenue … On ne dispose que d’une minute et demie entre les chansons pour les retouches ». On comprend les préoccupations des maquilleurs, mais le plus important, n’est-ce pas toujours la santé ?
Le rouge à lèvres, une toxicité possible ?
Des chercheurs de l’Université de Californie à Oakland (Katharine Hammond de l’université de Berkeley. Jeudi 2 mai, Environmental Health Perspectives) ont testé 32 rouges à lèvres et brillants à lèvres classiquement retrouvés dans les grands magasins ou en pharmacie. Ils ont mis en évidence la présence de hauts niveaux de plomb, aluminium, chrome, cadmiun et autres métaux.
Ce ne sont pas les seuls risques des produits cosmétiques et de maquillage
- Rsques allergiques (conservateurs présents dans les rouges à lèvres comme le phénoxyethanol et le parabène) et ce risque n’est pas réservé aux produits chimiques, de nombreux produits biologiques sont également allergisants comme le baume du Pérou, la lanoline par exemple.
- Risque toxique ou/et perturbateur endocrinien.
La présence de produits toxiques ou allergisants dans les cosmétiques et rouges à lèvre est connue depuis longtemps. L’histoire des cosmétiques, fards, rouges à lèvre, élixirs de beauté est ancienne comme le monde et très tôt la nature toxique de certains produits additifs a pu être mise en évidence.
H. Wiedenfeld, (chercheur au Musée ds antiquités égyptiennes de l’université de Bonn, colloque Musée du Louvre sept 2011) a analysé des traces déshydratées provenant d’une fiole fermée depuis 35 siècles retrouvée près de la momie de la reine Hatchepsout, première femme du pharaon. Cette fiole contenait diverses substances comme de l’huile de palme, de la muscade, mais aussi du benzopyrène, un puissant cancérigène.
Quant à Diane de Poitiers, maîtresse du roi Henri II, de vingt ans son cadet, décédée à 66 ans, prenait tous les matins un breuvage contenant de l’or dans le but de « rester jeune » et de retenir son amant. L’analyse toxicologique d’une mèche de cheveux de Diane de Poitiers confirme des concentrations en or très élevées (500 fois la valeur moyenne de référence dans les cheveux). Selon les auteurs de l’étude, un tel taux peut correspondre sur le plan clinique à un syndrome d’intoxication chronique à l’or [1]. Les solutions d’or buvable étaient bien connues à la cour de France au XVIe siècle.
Le blanc de céruse vénitien permettait de blanchir la peau, mais on ignorait à cette période la toxicité extrême de la céruse (également utilisée comme pigment en peinture) qui contenait du plomb. Le rouge de fucus, utilisé comme rouge à lèvre dans les périodes les plus anciennes était en fait du cinabre (sulfure de mercure), responsable d’intoxications gravissimes, voire mortelles.
Si la présence de métaux n’était pas une découverte pour Katharine Hammond et son équipe de chercheurs, c’est leur quantité qui était préoccupante. Ils ont étudié le risque en fonction d’une utilisation régulière, c’est-à-dire de la concentration possible des métaux lourds pour une utilisatrice régulière.
Pour Katharine Hammond, la responsable de l’équipe de chercheurs, jusqu’à 87 milligrammes de produits cosmétiques peuvent être ingérés par jour, l’ingestion quotidienne est de 24 milligrammes. Ainsi une utilisatrice pourrait ingérer 2 kilogrammes de rouge à lèvres dans la vie. De ce fait il existe un risque de surexposition chronique à un ensemble de métaux tels que l’aluminium, le chrome, le cadmiun et le manganèse. A long terme les effets toxiques peuvent être présents ; des concentrations élevées par exemple de manganèse peuvent être associées à une toxicité pour le système nerveux. Le plomb a été détecté dans 24 des 32 produits, mais à une concentration inférieure à la dose journalière acceptable. Pour autant, les jeunes enfants devraient tout de même, précisent K. Hammond, éviter de jouer avec un maquillage de ce type.