Le choix d’un instrument, le temps de travail. Chronique d’un professeur de piano n°11

Faciliter l’accès à l’instrument de musique

Pour apprendre et progresser, il faut pouvoir pratiquer entre les cours. Cette apparente évidence n’en est pourtant pas une. Certains débutants, même adultes, semblent surpris quand j’aborde le sujet. J’ai appris à ne plus m’en offusquer (et je comprends mieux pourquoi c’est encore moins évident pour des enfants !).

Je constate aussi les différences de culture quand j’ai affaire à des étrangers, de plus en plus nombreux avec les échanges Erasmus. (A noter que cet enseignement se fait au sein d’une Université à l’intention des étudiants). Selon les nationalités, l’accès à la musique n’est pas du tout le même. Le piano n’est pas démocratisé dans tous les pays. Pour beaucoup, cette année passée en France sera seulement une approche du langage musical et de l’instrument lui-même, pas question bien sûr de leur demander d’acquérir un piano ! Pas plus d’ailleurs qu’à certains étudiants français pour des problèmes évidents de place ou de moyens financiers.

Nous avons donc deux salles disponibles à la maison de l’étudiant pour qu’ils puissent répéter. Là aussi, j’ai revu rapidement mes exigences à la baisse, débutant ou non, je conseille minimum deux séances d’une demi-heure de travail en plus du cours (ce minimum sera souvent le maximum réalisable). Il leur arrive fréquemment de descendre en dessous de ce minimum, ou d’avoir un rythme de travail très irrégulier en fonction de leur emploi du temps. On fait avec. Je précise toujours aussi qu’il vaut mieux venir en cours même s’ils n’ont pas travaillé plutôt que d’annuler. A moi de rendre le cours efficace quand même.

Pour les débutants, un travail hors clavier peut être utile en dehors du cours : pas sur un clavier imaginaire ou dessiné, c’est trop artificiel, mais tout simplement avec des exercices de diction, d’ordonnance des notes pour optimiser la lecture. On peut les faire n’importe où, même sans partition. Pour les doigts, des exercices d’indépendance peuvent être réalisés : la main bien posée sur une table, on lève un doigt à la fois puis on les combine par deux. Quelques exercices de musculation douce de la main avec une balle de tennis, par exemple, sont efficaces. Ils seront ensuite adaptés au clavier. Ces deux salles de répétition permettent à ceux qui ne possèdent pas d’instrument de répéter entre les cours. Parmi les plus chanceux, certains retrouvent un piano le week-end chez leur parents, souvent un piano acoustique, parfois en mauvais état (certains pianos du début du XXe siècle avec un cadre en bois survivent encore), pas accordé ni accordable. Ils travaillent donc seulement le week-end dans ce cas. Certains, peu nombreux, louent un instrument, quelques-uns investissent. Pour ceux-là, le temps de travail sera plus important. Quelques passionnés travaillent tous les jours, parfois une ou deux heures. La progression est donc très différente. Quelques-uns ont une véritable révélation et atteignent en un ou deux ans un niveau cycle 3 de conservatoire, ce qui représente à peu près huit ans de pratique. Avec ces derniers, le travail est passionnant mais parfois ardu. Ils vont trop vite sur tout, négligent leur corps ainsi que leurs études générales, mais c’est un autre problème.

Imprimer

La main du pianiste

Anatomie fonctionnelle de la main du pianiste


La boutique

Livres

Prévention des pathologies des musiciens
Prévention des pathologies des musiciens
29,50 € Accéder à la boutique

Revue Santé du pianiste N°73

Santé du pianiste


Revue spécial Santé du pianiste N°48

Santé du pianiste N°48


Association

Faire un don
Adhérer