Le choix d’un instrument, le temps de travail. Chronique d’un professeur de piano n°11
Piano numérique ou piano acoustique
Il est difficile de les canaliser, de leur donner une technique stable et complète en si peu de temps, et de leur faire aborder un répertoire varié. Bien sûr, se pose la question, piano numérique ou piano acoustique, neuf ou d’occasion. Le choix sera souvent guidé par les moyens financiers, la place, les nuisances sonnores et les déménagements fréquents auxquels ils sont ou seront confrontés. Les synthétiseurs ou petits claviers électriques, plus jouets qu’instruments, se vendent encore, bien que moins en vogue que dans les années 80 et 90. Là aussi, j’ai du mal à convaincre qu’il ne s’agit pas du même instrument, que le toucher est très différent, qu’il est impossible voire dangereux de travailler dessus. D’autant plus que les vendeurs peu scrupuleux se gardent bien de l’expliquer.
Bien sûr, le piano numérique est souvent adopté, c’est un bon compromis, je pense, dans ce contexte. Certains y sont farouchement opposés.
Alexandre Sorel (revue piano n°23) en fait partie. _Il dit : « Je n’aime pas le son qu’on ne peut pas moduler, il n’y a pas de jeu avec les résonnances […] pas le même rapport tactile avec l’instrument […] pas le même rapport affectif […] ils sont uniformes, stéréotypés, froids alors qu’un piano acoustique a son caractère, sa personnalité, il est unique, il est comme un personnage. […] Je ne l’envisage que comme instrument d’appoint ». Certes, je suis d’accord, mais le mieux est l’ennemi du bien. Objectivement, un piano numérique portable pèse environ 20kg et coûte environ 700€. Un piano numérique de salon avec le meuble et de vraies pédales pèse environ 40kg et coûte environ 1000€.
Certaines sous-marques, vendues surtout sur internet, coûtent 600€ ; ils sont par contre beaucoup plus lourds (75kg), la qualité du toucher est inférieure, et surtout, on n’a pas suffisamment de recul pour connaître leur solidité et leur durée de vie. Le marché de l’occasion, par internet ou petites annonces, permet de trouver des numériques de marque ayant souvent peu servi à partir de 500€. Bien sûr, quand un élève acquiert un certain niveau, le numérique lui semble fade et insuffisant. Je lui conseille alors de chercher un piano acoustique d’occasion type Samick, Huyndaï, que l’on peut trouver à partir de 1000€. Pour un Yamaha ou un Kawaï, il faut compter 2000€. Mieux vaut une occasion de bonne marque qu’un neuf à premier prix, ce qui n’est pas toujours facile à faire admettre. Généralement, ils trouveront eux-mêmes les limites du numérique ou bout d’un certain temps. Cela leur aura néanmoins permis de démarrer eux-mêmes dans de bonnes conditions. Il y a, parait-il, plus d’échec de l’apprentissage sur un numérique que sur un acoustique (revue piano n°23) Les élèves sentent bien sûr la différence quand ils viennent au cours sur un vrai piano, ils apprécient, mettent quelques minutes à s’adapter. Au professeur aussi, de les aider dans ce sens.
A mon avis, un piano numérique n’est pas pire qu’un vieux et mauvais piano acoustique. Au moins il est juste ! Je remarque parfois un intérêt avec le numérique chez un débutant. Le clavier étant plus léger, l’élève force moins et acquiert un jeu plus détendu, plus souple. L’élève appréciera d’autant plus le jour où il pourra s’offrir un vrai piano.
Rédactrice : Patricia Cousin. Professeur de piano
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