Dystonie de fonction du musicien et de l’écrivain

Qu’est ce que c’est ?
Il s’agit d’un trouble moteur qui s’exprime par une contraction involontaire de groupes musculaires. Le plus souvent, ce sont les muscles des doigts et de la main qui sont touchés, mais aussi les muscles de l’embouchure pour les instrumentistes à vent.

Comment cela survient ?

L’origine du trouble est inconnue. De nombreuses hypothèses sont émises. Si l’origine psychiatrique est aujourd’hui complètement écartée, les recherches actuelles s’orientent sur le rôle important de structures nerveuse telles que les noyaux gris centraux qui jouent un rôle dans l’organisation et le contrôle du mouvement. Une composante génétique pourrait s’exprimer dans des conditions motrices particulières, notamment la répétitivité et la précision du mouvement.

Quels sont les facteurs favorisants ?
Des hypothèses nombreuses ont été formulées. Le rôle de particularités anatomiques périphériques au niveau des tendons de la main par exemple, la présence de compression du nerf cubital. Des troubles posturaux sont également souvent rencontrés tels que l’affaissement de la partie cubitale de la main, la projection de la tête en avant avec un décollement des omoplates.

Quels sont les signes ?

Le signe essentiel est le défaut du contrôle moteur d’un ou plusieurs doigts en général, de muscles de l’embouchure chez l’instrumentiste à vent. Le musicien s’étonne d’abord de la difficulté qu’il présente dans le cadre de sa pratique, et qu’il prend le plus souvent au début pour un problème de maîtrise technique. Ce syndrome a la particularité de ne pas être douloureux (même si parfois il peut être associé à d’autres troubles douloureux) et de survenir uniquement dans le cadre de la pratique. Ainsi en général, le trouble ne survient pas dans d’autres activités. On retrouve le plus souvent pour les même instruments et chez le même individus les mêmes "patrons" de mouvements perturbés, par exemple les doigts cubitaux de la main droite chez le pianiste, les doigts cubitaux da la main gauche chez le violoniste.

Quels sont les facteurs principaux chez le musicien ?
Le facteur favorisant principal et essentiel est la répétitivité du geste. Des composantes génétiques et épigénétiques sont vraisemblablement à l’oeuvre sans que l’on sache aujourd’hui le rôle précis de ces cofacteurs.

Comment faire le diagnostic ?
Le diagnostic est clinique, c’est dire s’il dépend de l’expérience des thérapeutes rencontrés. On ne peut que conseiller les musiciens de consulter un service spécialisé en Médecine des Arts. Il n’existe pas aujourd’hui d’examen complémentaire pouvant démontrer l’existence d’une dystonie focale.

Comment traiter la dystonie de fonction ?

A ce jour, il n’existe pas de traitement spécifique de la dystonie de fonction du musicien et de l’écrivain. Mais des stratégies thérapeutiques donnent aujourd’hui de bons résultats dans un certain nombre de cas. La technique rééducative initiée par P. Chamagne est celle qui a rencontré à ce jour le plus de succès. Elle procède à une reprogrammation sensori-motrice : prendre conscience des attitudes dysfonctionnelles, déprogrammer les mouvements nocifs, corriger les troubles statiques et fonctionnels en réapprenant les mouvements qui respectent la physiologie. Cette rééducation et cette éducation posturale hors et à l’instrument font l’objet d’un large enseignement dans le cadre du cursus de formation "Médecine des Arts-Musique".

D’autres thérapeutiques ont été tentées, des traitements chimiques médicamenteux à base notamment de dopamine, des traitements agissant sur la neurotansmission (anticholinergiques), mais ces traitement sont peu ou pas efficaces et entraînent des effets secondaires non négligeables. Des traitements à base de toxine botulique sont également parfois mis en œuvre, mais au-delà du fait que les effets du traitement ont une durée de vie brève et qu’il doit être réitéré régulièrement, ses résultats sont très aléatoires, pour le musicien ; les résultats sont partiels et ne permettent pas à eux seuls une reprise de l’activité.

Comment la prévenir ?
A ce jour on ne connaît pas le mécanisme précis de la dystonie de fonction, on ne connaît pas également les moyens de la prévenir. Pour autant, les conseils visant à jouer en respectant les principes d’ergonomie du geste, la physiologie du mouvement, la gestion du stress sont ceux qui permettent de promouvoir la meilleure mise en œuvre de cette prévention.

rédacteur : Docteur Arcier, fondateur de Médecine des Arts
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