Deadline, une exposition sur l’ultime geste des créateurs

Ode à la vie sans rien espérer de plus

Créer, simplement créer non pas parce que l’on va mourir, qu’on ne veut pas mourir, mais parce que l’on continue malgré cette fin programmée et proche. Dans « Dialogue avec mon jardinier », c’était le jardinier qui continuait à faire ce qu’il avait toujours fait avec un plaisir simple et sans cesse renouvelé. Finalement il n’y a pas d’ode à la vie aussi claire que de continuer sans rien espérer de plus. D’ailleurs, nombreux sont les non-artistes qui continuent sans en tirer de gloire à être dans la vie jusqu’à leur mort et c’est peut-être tout aussi remarquable ; peut-être plus. Le jardinier a d’ailleurs plus appris au peintre que l’inverse.

Hans Hartung (1904-1989)

Deadline, le thème d’une exposition qui choisit d’exposer l’ultime geste de créateurs
"Hans Hartung (1904-1989) en est le parfait héros solitaire. Autodidacte et secret, blessé de guerre et peintre à l’énergie tangible, Allemand de naissance et mort en terre française. Odile Burluraux dresse un portrait poignant, saisi sur le vif, de cet artiste enchaîné à son art comme l’amant à ses caresses. En une série de tableaux inventifs et joyeux, est reconstituée une des dernières journées de Hartung, cloué dans son fauteuil roulant, bombardant la toile grâce à une sulfateuse. « Blessure de guerre, accident cérébral, coma, grand âge… Il était en piteux état. Quand il se mettait à peindre, il se réveillait, réussissait à faire des choses extraordinaires à la lisière de la mort, peignait très vite, en quelques dizaines de secondes. Ce prodige alimenta des rumeurs sur la paternité de ses dernières œuvres que seul un film tourné dans l’atelier fera taire », raconte l’historienne de l’art, ici un peu dans la peau du romancier (à lire, dans le passionnant catalogue, « Autour du journal de Hans Hartung »). Contre-exemple ? Le sursaut de Willem de Kooning (1904-1997), star déchue minée par l’alcool, l’échec conjugal et la maladie d’Alzheimer. Il reprend la main en toute maestria à la fin des années 1980, déroulant le ruban, le trait, le dessin, dans une palette heureuse et une « gaieté vraiment matissienne ». Voilà qui est un autre mystère de la création". Le Figaro11/11/2009
« Il y a tant de vitalité chez ces presque-mourants. Captivant, touchant et jubilatoire », écrit un critique, ils sont nombreux à voir dans le travail ultime de ces peintres un message d’espoir, de dynamisme à voir. Il n’en est rien, il n’a pas de message lorsqu’on continue, ni d’intelligence particulière, mais que voulez-vous faire lorsque vous êtes à la fin d’un parcours sinon de vous rendre au bout du seul chemin que vous connaissez.

Chen Zhen,
détail of ‘crystal landscape of inner body’

 

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