Quelles sont les qualités propres à la voix de contralto
Les rôles réalisant l’idéal de la voix de contralto
Interrogez un compositeur : il vous dira que, régulièrement, une partie de contralto devrait être écrite dans la tessiture suivante : du contre-fa grave au mi. Le contre-fa grave n’est pas forcément la note suprême quant aux notes du bas. Si messéant qu’il soit de parler de soi, je dois, pour la lumière de cet article, dite qu’il m’est très facile de donner le contre-ut grave…. Mais, je le répète, l’étendue vocale qu’on est en droit d’exiger d’un contralto est celle du contre-fa grave au mi… Cela est tellement vrai que de vieux professeurs vous diront que la voix de contralto est ce qu’on appelait autrefois la « voix italienne », voix qui ne dépassait que très rarement le fa dans le registre aigu. Les notes au-dessus étaient données en « voix de tête »… Les chanteuses classées comme « voix Italiennes » chantaient très souvent les rôles de page…
On attend certainement que je précise des rôles réalisant l’idéal de la voix de contralto : je citerai avant tout celui de Fidès dans le Prophète (I), mais soulagé de tous les points d’orgue qu’on y a surajoutés. Le rôle d’Orphée est aussi un excellent rôle de contralto : ne fut-il pas créé par le contralto castrat Guadagni ? Le Roméo et Juliette de Vaccaï contient un rôle-type de contralto. Le rôle d’Arsace dans Sémiramis ne saurait aussi être top recommandé aux aspirantes contralti : il réalise l’idéal du genre.
Les quelques aperçus qui précèdent suffisent à démontrer, je crois combien la trouvaille d’une voix de contralto est chose difficile. Il ne faut donc pas s’étonner que le contralto ait toujours été, à l’instar du ténor, une façon de « merle blanc »
Je sais que l’on fait relation, dans un autre article, de quelques contralti dont le nom est à jamais inscrit dans l’histoire du théâtre lyrique. Je n’y insisterai donc point.
Je ne me refuserai pourtant pas à évoquer le souvenir glorieux de l’Alboni, de Rosine Stolz, falcon devenue contralto, de mon illustre « confrère » Mme Pauline Viardot, qui après avoir été la plus admirable des interprètes, demeure le plus précieux des professeurs ; Mme Rosine Bloch ; Mlle Wertheimer, qui a laissé le souvenir d’une voix, incomparable ; Mlle Renée Richard, dont le souvenir à l’Opéra est impérissable… Ma citation pourrait être augmentée de noms pareillement célèbres. Et nul n’ignore moins que moi le talent que prodiguent les contralti de l’Opéra et de l’Opéra-Comique.
Dussè-je avoir l’air de « plaider pour mon saint », comme on dit communément, je dirai qu’il n’est rien de plus émouvant qu’une belle voix de contralto, où il semble que l’homme et la femme soient confondus comme en une harmonie amoureuse. C’est un charme qui ravit l’être au plus profond de sa sensibilité et qui, avec une persuasion tendre, le soulève au-dessus de lui-même. Comme l’explique Théophile Gautier, avec une richesse de style enviable par tout le monde, la séduction incomparable de ce genre de voix provient de ce qu’il mêle en une même caresse l’émotion masculine et l’émotion féminine : d’où sa rareté et le prix que l’on attache à sa découverte.
De tout temps, les poètes, les artistes ont vanté très haut la voix de contralto… Le public y est spontanément sensible et conquis. Ce n’est pas moi qui contredirai les poètes, les artistes et le public.
M. Héglon, Cantatrice, contralto professeur de déclamation lyrique au Conservatoire
Revue Musica 1908
Note
1. Le grand air « O toi qui m’abandonnes » a été haussé d’un ton, et les vocalises « Comme un éclair » ajoutées par Meyerbeer, pour faire briller l’admirable virtuosité de Mme Viardot.
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