Pneumopathie aux isocyanates chez une artiste plasticienne

Alvéolite et asthme aux isocyanates

Curriculum laboris du plasticien
Le curriculum laboris a permis d’identifier les risques exposant à ce type de réaction asthmatiforme et notamment la présence d’isocyanate dans la réalisation de ces moules.
Les alvéolites allergiques aux isocyanates organiques sont des pathologies relativement rares mais elles ont pu être parfaitement décrites. On rencontre plus volontiers dans ce contexte allergique aux isocyanates des réactions asthmatiformes qui ont été décrites notamment chez les peintres, mais aussi chez des plasticiens, dans la fabrication de moules de fonderie par exemple (L’asthme aux isocyanates représente la première cause d’asthme chimique professionnel en France comme au Canada et au Royaume-Uni. Les peintres en réparation automobile constituent la population la plus fréquemment atteinte par cette maladie).

Lorsque les phénomènes allergiques se manifestent plus au niveau des bronches, on parle d’asthme professionnel mais si ceux-ci touchent plus les alvéoles, on parle plus d’alvéolite allergique.
L’alvéolite allergique
L’alvéolite allergique est une réaction inflammatoire des bronchioles terminales et des alvéoles qui est déclenchée par un mécanisme allergique. On reconnaît une forme aiguë : une bonne grippe qui survient 4 à 6 heures après l’exposition et se caractérise par une fièvre, avec frissons et douleurs musculaires, qui accompagne une toux et des difficultés respiratoires (de type oppression). Le tout rentre dans l’ordre avec du repos en 24-48 heures. La répétition des attaques aiguës conduisent à une forme chronique qui se caractérise par une fibrose interstitielle diffuse et se manifeste aussi par une difficulté respiratoire (manque de souffle), de la fatigue, une perte de poids et éventuellement de l’emphysème.
L’asthme professionnel

Duane Hanson (2)

De façon classique, lorsqu’un artiste est exposé de façon répétée à des doses d’isocyanates relativement faibles (soit à partir de 0,003 ppm), habituellement sur une période de trois ou quatre ans, il peut développer une « sensibilité » aux isocyanates. Ceci veut dire que cet individu a développé les mécanismes allergiques qui vont répondre par la suite à une très faible exposition à cet agresseur (une dose dix fois plus faible que celle qui a conduit à la sensibilisation). Cet asthme se présente cliniquement comme tous les asthmes et les symptômes sont de l’irritation des yeux, du nez et de la gorge, de la toux et des crises de respiration sillante. Les symptômes se produisent habituellement en soirée ou peuvent réveiller le travailleur pendant la nuit (c’est ce que l’on appelle une atteinte tardive). Avec le temps, le travailleur devient encore plus symptomatique et il est alors incommodé de façon mixte, c’est-à-dire précocement sur les lieux du travail et tardivement. Ceci dit, l’histoire et la présentation de la maladie peuvent varier à l’infini. Par exemple, un travailleur atteint d’un RADS, dont nous avons parlé plus haut, peut s’être sensibilisé suite à cette seule exposition et présenter comme séquelle un véritable tableau d’asthme professionnel. On rapporte aussi des cas de sensibilisation sur quelques semaines lors d’expositions répétées à des doses relativement élevées (insuffisantes toutefois pour causer un RADS). De la même façon, certains travailleurs vont présenter les symptômes de leur asthme au travail sans être incommodés à la maison (au début de la maladie plus particulièrement). Tout ceci peut paraître bien compliqué et illogique mais on comprend tout de même un peu mieux lorsque l’on se rappelle que l’asthme est surtout un phénomène inflammatoire déclenché par une réponse allergique et que les isocyanates sont d’abord des molécules irritatives qui peuvent causer directement une inflammation des bronches.
Sylvie Fournier, Lanaudière Sylviane Gignac, Symposium sur les isocyanates et l’asthme professionnel, 2000

Le diagnostic de pneumopathie aux isocyanates n’est pas aisé

  •   l’identification biologique de l’allergène est difficile. Des précipitines spécifiques ont pu cependant être mises en évidence chez l’homme et chez l’animal.
  •   Certains auteurs ont eu recours à des fins diagnostiques à un test de provocation, mais la réponse risque d’être si intense qu’elle présenterait un réel danger qui la fait déconseiller par les pneumologues.
  •   On peut noter que ces pneumopathies ne sont purement pas alvéolaires. Les réactions bronchiques sont également présentes. Cette double réaction alvéolaire et bronchique est soulignée par beaucoup d’auteurs.
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