Les écrivains et les mots, parcours neurologique
Centres neurologiques de l'écriture
Des travaux récents pour explorer le centre neurologique de la production de l’écriture
Aujourd’hui les technologies d’exploration ont heureusement bien changé et permettent l’analyse précise et dynamique sur le vivant. Une équipe toulousaine a repris les travaux d’Exner en appliquant une réflexion nouvelle et des techniques modernes d’exploration.
"Le langage se subdivise en deux modalités, l’oral et l’écrit. Contrairement à l’oral, l’écrit, invention récente de l’humanité, ne vient pas naturellement et résulte d’un long apprentissage. En conséquence, les zones cérébrales qui sous-tendent celui-ci ne sont pas naturellement destinées à remplir ces fonctions mais vont le devenir par spécialisation." (Inserm, info presse).
L’équipe de J-F Demonet [1] qui dirige cette unité de recherche, pour satisfaire à ces nouvelles expériences, a eu recours à deux méthodes sophistiquées.
La première méthode, contrairement aux expériences d’Exner qui observait les lésions bien réelles sur le cerveau lésé d’anciens patients, est basée sur lacréation de troubles fonctionnels temporaires. Les expériences sont menées lors d’interventions chirurgicales sur des patients souffrant de tumeurs cérébrales bénignes ; une petite électrode en produisant une stimulation électrique permet d’inactiver des portions très réduites du cortex (cerveau). Lors de cette intervention, on demande au patient éveillé dans cette phase chirurgicale d’effectuer des exercices de langage, dont une dictée. "Dès que l’électrode entre en contact avec une certaine zone impliquée dans la fonction étudiée, le patient, alors qu’il peut toujours lire et mouvoir sa main, se trouve dans l’incapacité totale de tracer les lettres."
La deuxième méthode est menée avec les techniques d’imagerie cérébrale, l’IRM fonctionnelle. Les mêmes exercices langagiers et d’écriture sont demandés à des volontaires (droitiers et gauchers). Grâce à l’IRM fonctionnelle, on peut visualiser en temps réel sur le vivant les zones du cerveau activées. La comparaison des zones activées lors des différentes épreuves permet de définir, statistiquement, l’existence d’une zone responsable de la production écrite de mots et non pas, par exemple de la répétition à haute voix…
Le cortex frontal supérieur gauche essentiel pour la production écrite des mots
L’analyse de ces méthodes, en croisant les résultats, permet à ces chercheurs de l’INSERM de Toulouse de démontrer de façon concordante qu’une petite région dans la partie supérieure du cortex frontal gauche est cruciale pour la production écrite des mots. "Cette zone permet donc la transformation de l’information orthographique (quelles lettres utiliser ?) en information graphique (quels mouvements exécuter pour tracer les lettres ?) Les mots sont en effet des entités abstraites qui pour être rendues visibles doivent être "traduites". Ainsi un mot peut se manifester sous différentes formes comme le dessin, la prononciation ou l’écriture.
Ces résultats sont une avancée notable dans la compréhension du processus qui relie l’information orthographique aux mouvements de l’écriture. Mais plus largement encore pour mieux appréhender d’autres formes d’écriture comtemporaines comme l’utilisation de claviers ou des troubles de l’écriture dans des pathologies diverses comme la maladie de Parkinson ou les dyslexies de développement. Les dystonies de l’écrivain et plus encore du musicien nécessitent un fort investissement sur le plan de la recherche ; ces nouveaux travaux contribuent à leur compréhension mais ne sont qu’une étape bien lointaine sur le chemin de leur résolution.
rédacteur : Docteur Arcier, fondateur de Médecine des Arts
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Bibliographie
[1] Demonet INSERM, unité Imagerie cérébrale et handicaps neurologiques
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