Les écrivains et les mots, parcours neurologique
Les agraphies
"A la recherche de l’écriture ", c’est avec ce titre que l’Inserm présente une recherche récente menée pour identifier de manière précise la zone du cerveau spécialisée dans la production du langage écrit.
L’acte graphique appartient à la catégorie des habiletés manuelles complexes acquises par apprentissage. La promotion de la main comme instrument moteur polyvalent, au service d’un cerveau doté des fonctions symboliques du langage, a certainement joué chez l’Homme un rôle décisif dans la constitution d’une trace écrite de la parole. Considéré dans sa modalité d’expression manuelle la plus courante, l’acte graphique résulte de l’enchaînement de mouvements coordonnés des doigts, de la main et du bras assurant le déplacement du marqueur sur le support. L’écriture que nous pratiquons se compose de l’enchaînement d’une suite ordonnée de lettres regroupées en ensembles constituant les mots du vocabulaire. Les mouvements générateurs de la succession des signes écrits se caractérisent par la forme des trajectoires produites, leur taille, la direction et l’orientation de leur alignement et leur vitesse d’exécution (L. Lurçat, 1974).
Agraphies
"La première classification des troubles de l’écriture remonte au travaux du neurologue anglais J.W. Ogle qui, dès 1867, opposait les agraphies aphasiques, les agraphies pures et les agraphies apraxiques. Cette nomenclature sera peaufinée par la suite…"Dictionnaire de Logopédie. Les troubles acquis du langage, des gnosies et des praxies. C Campolini, F. Tollet, A. Vansteelandt, Peeters, vol. 5, 2003.
A cette période la seule manière d’explorer le cerveau et d’analyser le rôle des zones cérébrales est d’autopsier les patients victimes de déficit. C’est ainsi qu’un des premiers explorateurs du cerveau, De Broca, en 1861 mettra en évidence une zone que l’on nommera du terme éponyme "aire de Broca" ou aire du langage à partir des résultats de l’autopsie de Leborgne, un patient aphasique qu’il suivait depuis plusieurs années. De Broca situait cette zone dans le cortex cérébral au niveau de la partie inférieure (ou pied) de la 3e circonvolution frontale de l’hémisphère dominant (gauche chez le droitier). Quelques années plus tard S. Exner décrivait de manière empirique, une zone du cerveau très spécialisée pour la production du langage écrit en autopsiant des patients souffrant de leur vivant de troubles de l’écriture.